En mars 1991, le monde entier avait les yeux braqués sur notre pays. Le régime d’alors avait décidé de réprimer à sang le peuple qui manifestait pour l’ouverture démocratique. Les manifestations des 21,22 et 23 mars ont précipité la chute du régime et l’arrestation du dictateur Moussa Traoré et sa famille. A l’époque, les conditions de leur détention ainsi que les griefs formulés contre eux, ont été commentés par le Navigateur Interplanétaire, Cheick Modibo Diarra.
L’arrestation de Moussa Traoré et sa famille a été différemment appréciée. Cette situation s’explique en fonction des centres d’intérêts des uns et des autres. La position de notre illustre navigateur interplanétaire, Cheick Modibo Diarra n’était pas gratuite. Celui-là même qui a piloté avec brio les sondes de la Nasa vers Vénus, Jupiter, Soleil et Mars.
Si l’homme était resté dans ce carcan d’une icône mondiale, ça allait encore mieux. Mais compte tenu de ses liens avec la famille de l’ancien couple présidentiel, Cheick Modibo Diarra a caressé dans le sens contraire des poils des autorités maliennes, dans son livre intitulé « Navigateur interplanétaire ».
Les positions du navigateur interplanétaire étaient relatives aux conditions de détentions surtout des enfants du président Moussa Traoré. C’est seulement les conditions de détentions des enfants du président Moussa Traoré qui lui préoccupaient. Les tueries faites en mars 1991 par le régime du Général Moussa Traoré étaient sûrement le dernier souci de notre navigateur interplanétaire. « En 1991, un coup d’Etat militaire renversa le président Traoré…Ils (des enfants, de moussa) passèrent quatorze mois en détention, malgré l’intervention de plusieurs chefs d’Etat africains.» est écrit dans son livre.
Cheick Modibo Diarra va loin, il qualifie mêmes ceux-là qui ont arrêté et détenu les enfants de Moussa de bourreaux. « Bien plus que des sévices dont elle (la fille de Moussa) et sa famille furent victimes, elle avait souffert de la campagne de diffamation menée contre son père, qu’aucune preuve ne venait étayer. … C’est l’histoire qui jugera » tiré du livre de Cheick Modibo Diarra navigateur interplanétaire, dont le dépôt a été fait en février 2000.
A l’en croire les enfants de Moussa Traoré ont subi des sévices pendant leur détention. S’il y a réellement eu sévices, la responsabilité incombait à ATT, qui était à l’époque le président de la transition et chef de l’Etat.
Sur cette affirmation de Cheick Modibo Diarra, ATT en répondant aux questions de nos confrères de RFI a apporté un démenti sur tout mauvais traitement infligé aux enfants de l’ancien couple présidentiel pendant la transition.
La version d’ATT
« Jamais au grand jamais il n’y eu aucune incorrection à mon égard, ni par lui (Moussa Traoré,), ni par sa famille et ni par ses enfants. Qu’on le veut ou non, il faut que je sois honnête. De capitaine au lieutenant colonel, je devrais quelques choses à l’armée, je devrais quelques choses au président Moussa Traoré, c’est lui qui nommait les officiers. Lorsque le Général Moussa Traoré a été arrêté, j’ai essayé de le mettre dans les conditions les meilleures que je pouvais. Pour la petite histoire, pendant le premier mois de sa détention, pratiquement tous les matins je partais rendre visite au président pour m’acquérir de sa santé et le saluer. Et c’est à partir de là que je rejoignais mon bureau de chef d’Etat. Ce qui veut dire que nos rapports n’étaient pas mauvais. Le président de la république et son épouse m’ont demandé dès que les conditions seront réunies, ils auraient souhaité que leurs enfants puissent partir à l’extérieur. Je pense que ce n’était pas pour faire fuir les enfants, mais les conditions de sécurité de Bamako étaient telles qu’il était peut être préférable que les enfants, n’avaient rien avoir avec cette situation, qui étaient… des maliens comme les autres puissent partir. J’ai promis. Cependant, j’ai été gêné dans l’exécution parce que j’ai pris du temps. Les enfants sont restés à Koulouba dans les conditions décentes, certes mais ils sont restés à Koulouba. J’ai pris du temps pour pouvoir me décider pour deux raisons. La première raison c’est que ce sont des centaines d’enfants qui ont été blessés à travers les rues de Bamako et d’autre part un tas d’enfants sont morts. Il était moralement difficile, au moment où les autres sont morts de laisser partir les enfants d’autres. Je pense que tous étaient des maliens, il fallait qu’on attend le temps que les cœurs et les passions s’apaisent. Lorsque les conditions étaient réunis et le climat était devenu plus serein, j’ai invité la présidente de l’association malienne des droits de l’homme Me M’Bamou Diarra pour qu’elle vienne me demander les enfants de Moussa, pour qu’elle les envois auprès du président Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire. Le lendemain, M’Bamou est venue me les demander et je les ai donnés. Je n’ai eu aucune pression de qui que ce soit, j’ai interrogé ma morale et ma conscience…je ne vois pas comment est-ce que j’aurai pu accepter à aucune manière par moi-même ou par ma faute ou bien la faute des autres que ces enfants aient subi un quelconque préjudice morale ou physique.»
Cette intervention de ATT sur les antennes de RFI, il y a quelques années va sûrement permettre, à Cheick Modibo Diarra de se démarquer de ses prises de positions dans son livre. En tous cas, cette prise de position officielle ne sied pas surtout à un homme qui ambitionne de diriger le Mali.
Ahmadou Maïga