Enfin… les résultats du Baccalauréat Malien de 2009 en début de semaine dernière. Des résultats pour l’un des rares examens scolaires qui restent encore crédibles dans notre pays. C’est aussi l’occasion de dire que le Bac de l’année scolaire 2008-2009 revêtait un caractère particulier. En ce sens qu’il intervenait après le «Bac» controversé de l’année scolaire précédente organisé sans les enseignants réellement concernés, après une année scolaire sérieusement laminée par la guéguerre entre les syndicats et les autorités. Et pour des résultats reflétant l’image réelle de l’école malienne du présent, le ministre de l’éducation, le Pr Salikou Sanogo a eu le courage qu’il fallait : celui de proclamer des résultats de Bac estimés à 34,89%. Salikou n’a visiblement pas voulu laisser ses hommes faire dans la langue de bois.
C’est pourquoi les Maliens ont appris que dans certains lycées publics du pays, la série SB n’a enregistré qu’aucune admission au dernier Baccalauréat. Signe des temps !
En effet, nous serions à une autre époque (comme par exemple en 2008), on aurait fait admettre à l’examen du Bac un peu plus de la moitié des candidats. D’aucuns parleront de résultats politiques. En tous les cas, les autorités scolaires n’auraient pas longtemps hésité à faire du saupoudrage. Voilà que le Pr. Sanogo, assez rompu dans le travail de l’administration scolaire, a préféré jouer à la vérité. Ainsi donc, les résultats proclamés ont reflété l’ossature de l’année scolaires 2009.
En d’autres termes, ceux des candidats admis peuvent s’estimer ou chanceux ou récompensés pour leurs efforts. La réussite de l’opération n’était pas évidente, tant nous sommes habitués, dans ce pays, à tenter de cacher le soleil par la main. Surtout quand il s’agit de la question scolaire. Les autorités ne veulent jamais se dégonfler face aux enseignants qui ne cessent de sortir les mêmes doléances au fil des années scolaires et l’impression est donnée aux partenaires que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Alors que le pays tout entier aurait gagné à faire face à la dure réalité.
Des résultats pour la pédagogie
Au-delà du caractère relativement catastrophique des résultats du Bac 2009, on peut estimer que le Pr Sanogo a rétabli au moins chez ses collègues enseignants la confiance et la conviction selon laquelle sans eux, il ne saurait y avoir d’école. Des réactions que nous avons eues des professeurs, il ressort que seulement 34,89% des candidats ont passé puisque le Bac fut surveillé et corrigé par les professionnels.
Même s’il est vrai que tout n’y fut pas rose. C’est en cela qu’il faut trouver un caractère pédagogique aux résultats du Bac. Il faut également espérer que la logique sera suivie avec le Brevet de Technicien (BT1 et 2) et le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) dont les résultats attendent d’être proclamés. Puisque nous parlons de courage et de confiance qui doivent profiter à la seule école malienne, il convient de rappeler au ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales qu’il doit veiller à l’application des accords convenus avec les syndicats d’enseignants.
Cette force morale, il l’a, en plus du respect dont il bénéficie aussi bien du côté des autorités que de celui des autres acteurs de l’école malienne. Sans oublier le concours de tous les services techniques rattachés à son département.
Abdoulaye Ladji Guindo