Daouda Yattara alias » Sitanè » nous revient du Bénin pour y avoir été invité par les maitres du savoir non moins chantres du vaudou. Dans une exclusivité qu’il a bien voulu nous accordée, sitanè nous parle d’un fétiche âgé de près de 300 ans qui lui a été donné en signe de reconnaissance pour ses efforts dans la promotion du fétichisme par les maitres. Il nous parle de son séjour en prison et des circonstances de son arrestation, les expériences vécues et ce que lui-même compte entreprendre comme activité. Il nous parle de l’estime qu’il a pour le prêcheur Cherif Ousmane Madani Haidara, un exemple sûr de vérité et de franchise et du guide des soufis, Cheick Bilal Diallo.
Bamako Hebdo : votre arrestation a fait couler beaucoup d’encre. Certains disaient de vous que vous étiez un trafiquant de drogue. D’autres par contres disaient que vous faisiez le trafic d’organes humains et que vous collaboriez avec des malfrats. Aujourd’hui vous êtes libres. Au juste quels sont les motifs de votre arrestation ?
Daouda Yattara : Tout d’abord, je tiens à vous remercier de votre présence à Sitanebougou pour tirer cette affaire au clair. Avant mon arrestation, entre moi et les forces de l’ordre, les rapports étaient devenus très tendus. Nous avons eu pour la petite histoire treize jours d’hostilité où les rapports étaient à la limite très conflictuels. Le quatorzième jour a coïncidé avec l’arrivée de mon frère nommé » Chine » d’Abuja. A son arrivée, je lui ai dis que personne ne pouvait arrêter une personne chez moi à plus forte raison un poulet. C’est d’ailleurs lui, mon propre frère de lait qui a pu me mettre la main dessus. Le prétexte qu’il a trouvé était de me dire que j’ai des étrangers qui sont venus des Etats-Unis et qu’ils étaient à l’aéroport. Une fois là-bas, mon frère me dit encore que ces étrangers sont allés au Camp 1 et que je devais m’y rendre. Cela sans toute autre forme d’explication. Une fois sur place, une altercation a eu lieu entre moi et les gendarmes. Car ceux-ci voulaient à tout prix m’arrêter. Puisque je résistais et les en empêchais, mon frère est venu me prier en me demandant de rester calme pour l’amour de notre mère et de me mettre à la disposition des forces de sécurité. Voilà, comment les choses se sont déroulées. Depuis que Dieu m’a créé, je n’ai jamais été un vagabond, ni un bandit. C’est mon frère qui m’a arrêté et non personne d’autre. Tous ceux qui disaient que Daouda a été arrêté chez lui ou dans un endroit quelconque se sont fait planter. Sinon je confirme et je dis que Dieu n’a pas encore fabriqué le ciment qui devrait servir à la construction de la prison qui doit m’accueillir. Je l’ai dit, je confirme cela jusqu’à présent et j’ai les preuves aussi. Sinon, le jour où les prisonniers se sont évadés, je suis resté pour honorer les engagements pris vis-à-vis de mon grand-frère. Malgré qu’il soit décédé je suis resté fidèle à sa volonté. Je n’ai pas renié mes propos, encore moins mes principes. Aucun pouvoir ne peut m’influencer sauf celui de Dieu et de ma mère. Après ma libération, beaucoup avaient cru que mon silence est une forme de faiblesse. Aucun juge, aucune force de l’ordre ne peut me distraire. Eux, ils ne sont pas plus maliens que moi. je suis libre de dire ce que je veux. Moi, j’ai été arrêté dans le faux et sur du mensonge et de la calomnie. Selon leurs dires, c’est un inconnu qui m’a dénoncé au près des forces de sécurité pour me confondre dans une sale affaire. Jusqu’à ma libération, aucune preuve n’a été établie sur ma culpabilité. J’ai été déçu de la justice malienne d’avoir agi dans la légèreté sans efficacité. Si jamais, cette même justice entend récidiver, elle me retrouvera sur son chemin. Car je ne me laisserai plus faire. Moi, je ne vais pas quitter le Mali pour des menaces de quelqu’un. Une fois en prison, de nombreux musulmans m’ont sollicité afin que je me reconvertisse en Islam pour recouvrer ma liberté. Je leur ai dit que si je me reconvertissais, eux ils seraient plus mieux que moi. Tous les livres qu’ils m’ont remis je les ai offerts aux prisonniers qui en avaient besoin. Il ne faut pas que les gens pensent que je me suis repenti. Je reste sur ma position, je suis né dans ces pratiques et je vais y mourir.
A vous entendre vous donnez l’impression de nier tous les faits qui vous sont reprochés ?
Tout ce qu’on a dit sur moi n’a pas été prouvé. Lors du jugement, on m’a dit que j’ai été inculpé pour avoir tué. Ce point n’a jamais été élucidé. Et ensuite on m’accuse d’avoir écrit »Satan » sur ma voiture. Est-ce que cela regarde quelqu’un. Nous sommes tous à Bamako pour des intérêts personnels et non à la recherche de Dieu. Sinon dans mon village, il y a des mosquées et des livres religieux. Je suis venu à Bamako pour mes intérêts. Si les gens pensent qu’ils peuvent me reconvertir, ils se trompent. Moi je suis né »Soma » et je vais mourir les fétiches à la main. Pour ce qui est du paradis, que Dieu donne ma place aux femmes et qu’il me donne ma part d’ici-bas.
Vous-avez passé combien de temps en prison?
J’ai fait cinq ans en prison. La cellule où je me trouvais, comportait 7 portes et 58 serrures. Dans cette cellule, il était très difficile de distinguer le jour de la nuit. Toutes ces précautions ont été prises pour que je puisse me dédire. Moi, je suis un Bamanan et jusqu’à ma mort je ne vais jamais changer mes principes.
Quelles sont les expériences que vous avez acquises dans la prison?
Ma vie a été une expérience à part. Étant là-bas, j’ai appris à connaitre le monde et les êtres humains. Cela a fait que je n’ai plus confiance à certaines personnes. J’ai connu les difficultés et les obstacles de la prison. Mais dire plutôt que j’ai eu peur, c’est tout le contraire. Je n’ai pas eu et je n’aurai jamais peur de ma vie. Car, je n’ai pas d’enfant ni de femmes. En plus, ils disent que moi Daouda je n’aime pas Dieu. Qui a une fois vu ou entendu ma voix sur une cassette en train d’insulter Dieu. Qu’une personne me le prouve. Moi, je suis contre tous ceux qui manquent de respect à Dieu. car ce sont les enfants musulmans qui ont construit ma maison. Et ce sont les musulmans qui viennent me solliciter de les aider. Les musulmans ont plus investi dans ma maison que les chrétiens. Moi, je dois du respect à tous les musulmans croyants. Qui a une fois entendu que j’ai manqué du respect à Haïdara ou Soufi Bilal. Sinon mes parents sont des musulmans pratiquants. Et en plus, ils disent aussi que chez moi Daouda, on ne prie pas. C’est tout à faire faux. Et personne ne prie pour moi.
Après votre sortie de la prison, vous vous êtes rendu auprès de votre mère et ensuite au Bénin?
D’abord chez ma mère pour aller chercher des bénédictions au près d’elle. Pour mon voyage de Bénin, j’étais allé chercher le »Kafriya ». Histoire d’aller chercher d’autres fétiches. Je ne suis pas allé là-bas à cause de la religion mais pour chercher des »Bolis ». J’ai été surpris de l’accueil qu’ils m’ont réservé. Une fois arrivé au Bénin, j’ai voulu partager mes connaissances avec le vieux. Il a refusé. Il m’a dit qu’il m’a fait appel par l’amour qu’il a pour ma personne. Sinon, c’était la première fois qu’on se rencontre. Et aussi pour la trahison dont j’ai été victime au Mali. J’ai connu une très grande satisfaction lors de ce voyage. Car le doyen m’a remis de nombreux cadeaux y compris un fétiche qui date de plus de 300 ans et des médicaments pour calmer certaines maladies tels que le diabète et la tension.
Donc en plus des fétiches, on peut dire que vous êtes aussi un tradithérapeute?
Avant même de rencontrer ce vieux, je soignais les maladies. La seule maladie que je ne soigne pas est la folie. J’ai le remède mais je ne le fais pas. Car, ce qui est derrière la folie je ne maitrise pas trop tous ces détails.
Vous n’êtes pas marié et vous n’avez pas non plus d’enfants?
Moi je ne suis pas marié, car je suis un pratiquant du »Kômô ». Dire que je n’aime pas les femmes, c’est faux. Ce sont mes fétiches qui s’opposent à cela. Avant de prendre les fétiches, je menais une vie comme tous les jeunes de mon âge. Sinon, j’aime beaucoup les femmes. Car ce sont les femmes et les musulmans qui m’ont beaucoup aidé en prison plus que les dozos. Je leur tire un coup de chapeau en leur disant merci pour les soutiens qu’ils m’ont apportés.
Quels sont vos ambitions ?
Moi, je n’ai qu’une seule ambition, à savoir persévérer dans l’adoration de mes fétiches. Et je ne vois pas qui pourra me faire détourner de cette pratique. Certains auront dit qu’après la prison Daouda n’a plus de pouvoir. Ils se trompent, bien vrai que j’étais en prison, mais cela ne veut pas dire que j’ai perdu mes pouvoirs.
En plus de l’adoration des fétiches, est-ce que vous croyiez en Dieu?
Oui, je crois en Dieu. Tout ce qui m’est arrivé était déjà inscrit dans mon destin et j’étais au courant depuis une année avant mon arrestation. Donc, j’étais parti au village à la demande d’une dame pour lui rendre un service. A mon retour à Bamako, je suis tombé sur cette affaire. Comme on le dit quelque soit le rang social d’un homme, son statut, la destinée reste et restera toujours inévitable. Je n’ai pas été surpris de mon arrestation. On ne finit jamais de connaitre l’homme. La personne humaine est très complexe. L’homme est à la fois inconnu, et connu. Je crois en Dieu et je lui rends ainsi qu’à ma mère.
Votre mot de fin
Je remercie tous les maliens et ceux de la diaspora. Et je rappelle à tout le monde que moi je ne prie pas et quiconque veut prier chez moi à la maison ne doit pas se gêner. Car, ce ne pas moi que vous adorez moi j’adore mes fétiches et je ne vais pas m’opposer à quiconque de pratiquer sa religion.
Bandiougou DIABATE