Au regard de ces chiffres, c’est l’attaque la plus meurtrière, depuis les événements du 23 mai 2006 qui ont vu des intégrés Touareg, en rupture de banc, se retourner contre leur propre camp à Kidal et Ménaka d’où ils ont emporté véhicules, armes et munitions.
Dans le communiqué signé du Directeur de l’Information et des Relations Publiques de l’Armée, le Colonel Abdoulaye Coulibaly, le ministre de la Défense et des Anciens Combattants a présenté, au nom du gouvernement, ses condoléances attristées aux familles des disparus et souhaité prompt rétablissement aux blessés.
Il a saisi l’occasion pour donner l’assurance que les Forces Armées et de Sécurité poursuivront leur mission de défense de l’intégrité territoriale et de sécurisation des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national.
L’attaque de Abeïbara aurait été lancée au petit matin (vers cinq heures) par des centaines de bandits armés à bord de 4X4, dirigés par Ibrahim Bahanga. Ils ont tenté d’encercler la localité en ciblant le poste de la Garde nationale et tirant, depuis les hauteurs des collines qui surplombent la bourgade.
Les militaires ont riposté à l’arme lourde. Les échanges, qui ont duré plusieurs heures, ont été particulièrement violents et le ministère de la Défense reconnaît que la bataille a été très meurtrière, mais les forces loyalistes ont fini par repousser les bandits armés.
Des patrouilles se sont ensuite mises en chasse des assaillants. Dans une véritable guerre psychologique, Bahanga et les siens ont avancé un bilan fantaisiste, se tirant naturellement la couverture et en avançant «côté armée malienne, 2 chars détruits, 60 militaires faits prisonniers. Du côté Touaregs, 2 blessés légers et un mort».
Toujours est-il qu’après cette attaque, la vigilance doit être de rigueur, car Bahanga, au-delà de sa rhétorique habituelle sur un manque de volonté des autorités maliennes d’aller vers la paix, reste dans la même logique belliqueuse.
Il ne cherche qu’à gagner du temps, endormir les consciences et profiter de la moindre faille du dispositif pour frapper à nouveau.
Yaya SIDIBE L’Indépendant
Des groupes d’insurgés à bord d’une soixantaine de véhicules 4×4, ont attaqué aux premières lueurs de la matinée de mercredi, les éléments du poste de cette localité situé à plus d’une centaine de kilomètre de Kidal.
Les accrochages ont duré six heures d’horloge, selon nos sources (de 4 h 00 à 10 h 00) entre les forces armées et de sécurité et les assaillants. Le communiqué du ministère de la Défense et des anciens combattants fait état d’un bilan d’une dizaine de morts et six blessés au niveau des éléments de notre armée nationale. On relève 17 morts et 25 blessés chez les assaillants. Le quota des morts au sein des bandits s’est accru hier, avec les décès par suite de leurs blessures de cinq éléments dans la matinée, nous a indiqué une source à Kidal. La même source atteste que cette attaque a été perpétrée par les hommes de l’Alliance dirigés par Bahanga et Bamoussa.
Les autorités de la région militaire ont rencontré, hier les hommes pour les encourager et leur témoigner toute la sympathie des populations maliennes et les soutien des autorités. « Le moral reste très haut. Nous ne faillirons jamais à notre mission de forces armées et de sécurité républicaines« , a confié un responsable militaire au téléphone.
Le ministre de la Défense et des anciens combattants a présenté au nom du gouvernement ses condoléances aux familles des disparus et souhaité un prompt rétablissement aux blessés. Le ministre a assuré que les forces armées et de sécurité poursuivront leur mission de défense de l’intégrité du territoire national et la sécurisation des personnes et des biens.
Essor du 23 mai 2008
Attaque rebelle au Mali: les conséquences d’un faux dialogue
Les rebelles touaregs font preuve d’une agressivité et d’une hardiesse qui laissent croire qu’ils sont sûrs de leur force. Ils effectuent des harcèlements réguliers dont les conséquences sont désastreuses pour les forces armées régulières. Les morts et les otages se comptent par dizaines, des armes et des véhicules sont emportés.
Qu’une rébellion inflige de telles pertes à une armée de professionnels suscite des interrogations: d’où leur vient cette assurance aux rebelles touregs, qui leur permet d’attaquer les forces maliennes quand ils veulent et de se replier dans leurs bases sans grands dommages? Un mystère continue donc d’entourer la force de frappe dont la rébellion s’est dotée et qui lui permet non seulement de tenir tête aux militaires loyalistes, mais aussi de lancer des offensives meurtrières.
Sans base arrière sûre, sans sources d’approvisionnement régulier en armes et vivres, sans renseignements stratégiques fiables, on ne peut pas mener une rébellion en plein désert. Or Ibrahim Ag Banga et ses hommes semblent avoir tous ces moyens, ce qui leur permet de défier l’autorité de l’Etat. Car il ne s’agit rien d’autre, dans le cas d’espèce, que de la remise en cause de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Etat malien. En occupant une portion du territoire qu’ils veulent débarrasser de toute présence des symboles de l’Etat, les rebelles font de l’irrédentisme.
Cette situation rend bien sûr hypothétique le succès des différentes médiations en cours. Car le président Amadou Toumani Touré a beau être un défenseur acharné de la paix, il ne demeure pas moins un homme de principe. Tout chef d’Etat démocratiquement élu aspire à exercer son mandat dans la paix, seul gage de sa réussite. Militaire et républicain à la fois, on comprend donc qu’il ne transige pas sur une question aussi fondamentale que l’unité de la nation. S’il est prêt à discuter avec les rebelles de leur intégration politique, économique et sociale et du développement de leur région, il n’est sans doute pas enclin à accepter qu’un pouce du territoire soit sous leur contrôle.
C’est pourquoi il continue de déployer les forces armées dans la zone de conflit, en dépit des protestations rebelles et c’est pourquoi les escarmouches ont lieu régulièrement. La complexité du dossier malien réside sans doute en cette ambivalence de la rébellion qui, tout en prônant le dialogue, en affichant des revendications apparemment anodines et normales, continue de tenir les armes, de tuer et de s’ériger en un Etat dans l’Etat.
En somme, les Touaregs tiennent un double langage qui complique la tâche et du pouvoir malien et des médiateurs. De sorte que depuis plusieurs mois, aucune perspective de paix ne pointe à l’horizon. Les médiateurs algériens et libyens, en entretenant une querelle de leadership , ont davantage emmêlé l’écheveau et empêché une plus grande visibilité dans les négociations. Le rôle de ses deux voisins du Mali dans la crise touarègue est d’ailleurs ambigu. Avec les moyens militaires dont ils disposent, ils auraient pu aider le gouvernement malien à mater la rébellion.
Mais ils ont opté pour des processus interminables de dialogue qui, non seulement donnent une légitimité à la rébellion, mais aussi retardent l’avènement de la paix. La négociation, en soi, n’est pas une mauvaise option. Les bruits de bottes n’apportent que désolation et ruines en empêchant toute possibilité de développement. Qui alors a intérêt à voir la marche du Mali vers le progrès, s’interrompre? Car on l’a toujours dit, les moyens dont disposent les rebelles ne sont pas tombés du ciel. Il y a forcément une main extérieure qui, par le biais de ces troubles, espère arriver à ses fins. Il est des forces obscures qui convoitent certainement les potentialités géologiques dont regorgerait le sous-sol de cette partie du Mali. C’est en cela que le conflit prend toute une dimension géostratégique.
L’éclatement de la rébellion malienne, au moment où la présence de pétrole et d’uranium est confirmée, pourrait ne pas être un fait du hasard. Partout dans le monde, de nombreux exemples montrent comment des rébellions peuvent être instrumentalisées pour entretenir la chienlit dans des régions à forte odeur de pétrole notamment. Si les Touaregs maliens avaient le souci de la paix et de l’unité nationale, ils auraient sans doute signé depuis longtemps un vrai accord de paix avec les autorités. Mais la surenchère permanente peut laisser planer des doutes sur leur véritable dessein.
Les médiateurs ne font rien non plus pour inspirer entièrement confiance. On se demande s’ils sont sincères dans leur rôle d’arbitres. Tout compte fait, le gouvernement malien se trouve face à un problème cornélien: il doit débarrasser le Nord de l’insécurité et de l’occupation, au besoin par la force, dans un contexte d’hostilité rebelle et de convoitise de certains de ses voisins, pour exploiter les richesses dont il regorge. ATT s’en sortira-t-il seul face à des enjeux aussi énormes? Là est la question du mode de règlement le plus efficace du conflit, après tant d’échecs.
Le Pays 23/05/2008
Nord du Mali: la situation se détériore, 32 morts dans une attaque rebelle
La situation s’est gravement détérioré dans le nord du Mali, où des affrontements entre l’armée et des rebelles touareg ont fait 32 morts mercredi, le bilan le plus lourd depuis plusieurs années dans cette région frontalière de l’Algérie où Bamako peine à imposer son autorité.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, est très préoccupé par ces affrontements meurtriers, a indiqué jeudi son service de presse.
« Ce dernier incident souligne la nécessité urgente de trouver une solution immédiate et durable à ce conflit récurrent afin que le Mali puisse se concentrer sur ses priorités en matière de développement et sur la consolidation de sa démocratie« , déclare un communiqué.
« Il y a eu 15 morts et 6 blessés » du côté des forces gouvernementales, et « 17 morts et 25 blessés » chez les assaillants, a déclaré jeudi le porte-parole de l’armée, le colonel Abdoulaye Coulibaly.
L’attaque a visé mercredi matin le poste militaire d’Abeïbara, à environ 150 km au nord de Kidal, chef-lieu de la région, limitrophe de l’Algérie. A propos de la situation jeudi dans la région d’Abeïbara, le porte-parole a laconiquement répondu: « il n’y a pas de problème« .
Selon des sources proches des rebelles, les assaillants étaient à bord d’une quarantaine de véhicule 4X4. Les affrontements ont duré plusieurs heures, les rebelles sont partis avant l’arrivée de renforts de forces gouvernementales depuis Kidal.
Les attaques, enlèvements et affrontements armés se sont récemment multipliés dans la région de Kidal, lieu d’intense trafics de toutes sortes (drogue, cigarettes, etc…), et zone de transit pour les émigrés clandestins subsahariens en route pour l’Europe.
Les hommes du chef rebelle Ag Bahanga, qui avait repris les armes en mars avant de signer le 3 avril à Tripoli un protocole de fin des hostilités et un cessez-le-feu avec Bamako, y sont particulièrement présents. Ils détiennent depuis fin mars 33 militaires en otages.
Une source proche des rebelles touareg avait indiqué mercredi que l’attaque d’Abeïbara visait à « venger la mort du commandant Barka Cheik« , un membre de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC, ex-rébellion touareg) et que des hommes d’Ag Bahanga y ont pris part.
Les responsables rebelles se seraient réunis 48 heures avant l’attaque pour désigner les deux chefs en charge de mener l’assaut.
Il s’agit du commandant Ba Moussa et de Cheik Ag Aoussa, deux ex-rebelles touareg de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, signataire de l’accord de paix d’Alger de juillet 2006 et dont de nombreux membres ont récemment rejoint les rangs rebelles.
« Le commandant Ba Moussa et Cheik Ag Aoussa sont à la tête des rebelles qui ont eu de très violents accrochages avec l’armée malienne« , a déclaré à l’AFP un responsable du comité de suivi des accords d’Alger, composé de représentants du gouvernement malien, des ex-rebelles touareg et du médiateur algérien.
« Ils ont voulu venger la mort du commandant Barka« , a ajouté la même source. Cet ancien rebelle avait rejoint les rangs de l’armée malienne après la signature de l’accord d’Alger ayant officiellement mis fin à la rébellion touareg.
Le commandant Ba Moussa est un proche parent du commandant Barka dont le corps a été retrouvé début avril criblé de balles à la périphérie de Kidal.
Après l’assassinat de l’officier touareg, quasiment tous les membres de l’Alliance démocratique pour le changement qui jusque là étaient dans le processus de paix ont quitté Kidal pour regagner le maquis.
La détérioration de la situation sur le plan sécuritaire s’est accompagnée en avril de tensions diplomatiques avec l’Algérie, un des principaux pays médiateurs dans le conflit entre Bamako et la rébellion touareg.
La médiation algérienne avait été suspendue en avril à la suite de critiques de la presse malienne.
Lundi, le ministre malien des Affaires étrangères Moctar Ouane avait pourtant annoncé depuis Alger que le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait assuré que l’Algérie reprendrait sa médiation dans le conflit entre le gouvernement malien et la rébellion touareg.
BAMAKO (AFP) – vendredi 23 mai 2008 – 7h57
Mali : l’ONU préoccupée par les affrontements avec les rebelles Touareg
Le secrétaire général des Nations Unies, Ban K-moon, s’est déclaré préoccupé par les nouveaux affrontements qui ont eu lieu entre les forces gouvernementales du Mali et les rebelles Touareg, au nord-est du pays le 21 mai, et qui ont fait de nombreuses victimes.
Dans un message transmis par sa porte-parole, M. Ban a indiqué que cet incident souligne « la nécessité urgente de trouver une solution immédiate et durable à ce conflit récurrent afin que le Mali puisse se concentrer sur ses priorités en matière de développement et sur la consolidation de sa démocratie« .
« Le secrétaire général espère recevoir bientôt un compte rendu détaillé de la situation au Mali, suite à la visite que son représentant spécial pour l’Afrique de l’ouest, M. Said Djinnit, effectuera au Mali dans les prochains jours« , a affirmé la porte- parole du secrétaire général.
NEW YORK (Nations Unies), 22 mai (Xinhua)