et de l’intérêt qu’il suscite auprès des hommes de presse. La traditionnelle conférence de presse que le président de la République anime chaque année à l’occasion de l’anniversaire de son investiture attire toujours plus de monde. Pour le rendez-vous de cette année, près de 200 cartes d’invitation auraient été distribuées. Hier, tout ce monde s’est retrouvé au palais de Koulouba.
La rencontre s’est déroulée en présence du Premier ministre, Modibo Sidibé, du ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies, Mme Diarra Mariam Flantié Diallo, de son homologue chargé des Relations avec les Institutions et porte-parole du gouvernement, Mme Fatoumata Guindo. Les membres du cabinet de la présidence de la République et responsables d’organes de régulation de la presse et d’associations de presse étaient là.
Comme d’habitude, la partie a commencé par une introduction liminaire du chef de l’Etat. Dans cet exposé, Amadou Toumani Touré a dressé un état des réalisations des 12 derniers mois et des préoccupations du moment.
Sur un plan général, il ressort que l’année 2008 a été celle des hausses les plus importantes des prix des produits de grande consommation et du baril de pétrole qui a atteint son cours le plus élevé de l’histoire à 147 dollars.
Face à cette conjoncture particulièrement difficile, l’Etat avec les partenaires sociaux et le secteur privé, a renoncé à certains droits et suspendu des taxes sur les produits alimentaires et pétroliers, engendrant pour le budget national un marque à gagner de plus de 40 milliards de Fcfa.
REPONSES ADAPTEES A DES QUESTIONS PRECISES. Et l’action du gouvernement ne s’est pas limitée à éviter la baisse du pouvoir d’achat de nos compatriotes. Elle a aussi consisté à améliorer les revenus des fonctionnaires et du personnel des services publics. Ainsi, le point d’indice des salaires a été revalorisé et porté à 300 Fcfa. Une première augmentation de 5% des salaires était intervenue en janvier 2008. La deuxième augmentation (toujours de 5 %) est entrée en vigueur en janvier 2009. Une majoration du même ordre a été consentie pour les pensions, tandis que les allocations familiales ont été augmentées de 50 % à partir de juillet 2008.
La masse salariale est passée de 97,4 milliards en 2002 à 227,3 milliards Fcfa en 2009, soit une progression de 130 milliards Fcfa.
Ouvrant le chapitre des réalisations faites au cours des 12 derniers mois, le président de la République a retenu l’amorce des réformes inscrites dans le Projet de développement économique et social dont l’un des volets importants est la consolidation de la démocratie. A ce titre, le Comité d’experts présidé par Daba Diawara a élaboré un rapport comptant 233 recommandations.
Dans le prolongement de ce rapport, un Comité d’appui aux réformes institutionnelles a été créé. Il finalisera l’avant-projet de la loi portant révision de la Constitution et d’autres textes de mise en œuvre des mesures proposées.
Les réformes de société font également partie intégrante des engagements pris dans le PDES. A ce niveau, le projet de loi portant code de la personne et de la famille a été adopté en Conseil des ministres et se trouve actuellement au niveau de l’Assemblée nationale. Ce projet, a précisé le président Touré, a été élaboré sur la base d’une démarche inclusive et participative de toutes les composantes significatives de notre société. Il est fortement enraciné dans nos valeurs de civilisation, avec le souci d’une protection accrue de l’enfant, de la femme et de la famille. Le code apporte également des réponses adaptées aux questions importantes comme le mariage, les régimes matrimoniaux, la filiation, l’héritage, la nationalité.
DES GRANDS TRAVAUX. En matière d’agriculture, la priorité parmi les priorités, les efforts de modernisation ont été nombreux avec notamment la mécanisation et la maîtrise de l’eau. Amadou Toumani Touré a ainsi évoqué l’inauguration de l’usine de tracteurs de Samanko, le lancement du programme d’aménagement de 16 000 hectares à Alatona dans le cadre Millenium Challenge Account, le programme Malibya qui prévoit la mise en valeur de 100 000 hectares à l’Office du Niger.
Sur les chantiers du désenclavement intérieur et extérieur, on n’a pas chômé non plus. Plus de 600 km de routes ont été bitumées. De nombreux autres chantiers de routes sont en cours.
Parmi les grands travaux d’infrastructures engagés l’on retiendra également le 3è pont de Bamako, l’aérogare-fret de Bamako-Sénou, les travaux d’extension l’aéroport Dag-Dag de Kayes, la construction d’un échangeur multiple à Bamako.
Les questions d’énergie ont largement retenu l’attention du chef de l’Etat. Il a rappelé que malgré le renchérissement de tous les facteurs de production, le gouvernement avait tenu jusqu’ici à maintenir le prix de l’eau et de l’électricité à leur niveau de 2003. L’Etat a consenti de gros efforts en faveur de l’Energie du Mali pour atténuer les effets du gel des prix.
Mais la situation d’EDM reste préoccupante avec des pertes annuelles successives d’un montant cumulé d’environ 22,8 milliards Fcfa au 31 décembre 2008.
Cette situation a fondé la décision du gouvernement, sur la base des simulations effectuées par la Commission de régulation de l’électricité et de l’Eau, d’ajuster les tarifs de l’électricité en maintenant ceux des 1ère et 2è tranches en tarif social. Ceux des 3è et 4è tranches du tarif social seront augmenté de 3%. Toutes les autres catégories tarifaires connaîtront une hausse de 5%. Par contre, les tarifs d’eau ne changent pas.
En fait, face à l’accroissement continu des besoins énergétiques du pays, il faut augmenter l’offre énergétique et renforcer le réseau de distribution. La centrale thermique de la SOPAM à Sirakoro avec une capacité de production de 56 mégawatts, la centrale à fuel lourd d’une quarantaine de mégawatts à Bamako et l’interconnexion avec le réseau électrique de la Côte d’Ivoire viendront significativement renforcer cette offre énergétique. En attendant la réalisation de nouveaux barrages hydroélectriques, notamment ceux de Félou (dans le cadre de l’OMVS) et de Taoussa dont la première pierre devrait être posée le 22 septembre prochain.
Dans le domaine de la santé, le rythme de réalisation des nouvelles infrastructures a été maintenu avec l’hôpital régional de Sikasso (ses travaux se poursuivent), l’hôpital national de Yirimadio dont les travaux ont démarré, et l’hôpital régional de Mopti dont la première pierre a été posée vendredi dernier.
Par ailleurs, le programme de logements sociaux se poursuit avec comme ambition de construire 10 000 logements d’ici à 2012.
Un autre domaine où des progrès remarquables ont été enregistrés est les télécommunications. Grâce aux deux opérateurs, le pays compte aujourd’hui plus de 3,5 millions d’abonnés du téléphone contre 2,6 millions en fin 2007. La télédensité est passée de 21 à plus de 26 %. Plus de mille localités ont accès au signal GSM.
La télévision nationale poursuit son expansion avec l’ouverture de nouvelles stations régionales et la diffusion de ses programmes en bande KU en Europe et en Amérique du nord.
UN MINIMUM DE CONFIANCE. A propos de télévision justement, la libéralisation de l’audiovisuel est en marche. Les projets de textes relatifs aux services privés de communications audiovisuelles ont été ainsi adoptés par le Conseil des ministres en mars dernier.
Abordant la situation au Nord, le président de la République s’est réjoui de la paix retrouvée cette partie du pays. Même si la bande sahélo-saharienne qui intègre le Nord reste exposée à de sérieuses menaces : trafic d’humains, de drogue, de cigarettes, agissements des groupes salafistes.
Amadou Toumani Touré a réitéré sa proposition d’organiser une conférence des pays concernés sur la paix, la sécurité et le développement dans la bande en question.
Après cet exposé du chef de l’Etat, les journalistes pouvaient poser leurs questions. L’une de ces questions était de savoir si le président Touré était prêt à quitter le pouvoir au terme de ses deux mandats, conformément à la Constitution. La réponse a été nette : les textes du pays sont clairs et ils limitent le mandat du président de la République à deux. Avec une pointe d’humour, ATT a évoqué la vie beaucoup plus libre qui l’attend après Koulouba. Etre là-bas n’est pas d’ailleurs une sinécure au regard de la complexité des problèmes qu’il faut gérer. Sur la question, il s’est d’ailleurs étonné que ce sujet suscite tant de fébrilité aujourd’hui et invité les uns et les autres à s’accorder un minimum de confiance.
Une autre question était relative à la récente affaire survenue au niveau de la Cour suprême. Il s’agit de l’annulation d’une décision de la cours d’assises de Ségou qui condamnait l’ancien PDG de la Banque de l’habitat pour détournement de fonds. Cette affaire a conduit au limogeage la semaine dernière du procureur général et de l’avocat général de la Cour suprême. Le chef de l’Etat a expliqué que les conditions dans lesquelles ces personnes avaient été blanchies au niveau de la Cour suprême et allaient être libérées n’avaient pas été expliquées à la hiérarchie judiciaire et que celle-ci avait été totalement ignorée dans la procédure. En attendant d’y voir clair, un pourvoi a donc été introduit.
UN PAYS PROFONDEMENT SOCIAL. Revenant sur l’affaire du bureau du Vérificateur général, le président Touré a, à nouveau, recadré les faits : un conflit entre un employeur et ses employés. Là aussi (notamment en ce qui concerne la mise sous mandat de dépôt du VG), a-t-il déploré, la hiérarchie avait été ignorée. Il a réaffirmé son soutien à l’institution voulue et créée par lui qu’est le BVG.
Sur la situation au Nord, Amadou Toumani Touré a indiqué que dans cette partie du pays confrontée à un problème de développement, les jeunes constituaient une priorité. Abandonnés à eux-mêmes, ils sont facilement séduits par les propositions des bandes de trafiquants. La réinsertion socio-économique des jeunes qui ont déposé les armes a commencé. Cela est très important car chaque jeune à qui l’on donne un travail décent, est une proie de moins pour les trafiquants.
Répondant à une question sur la situation dans la sous-région, notamment en Mauritanie et en Guinée, il a assuré de la disponibilité du Mali à accompagner les deux pays pour passer la période transitoire qu’ils traversent.
En définitive, Amadou Toumani Touré a professé sa bonne foi pour le service du Mali. Un pays profondément social que l’on ne peut gouverner qu’en tenant compte du social. Un pays qui lui a tout donné. Il peut, a-t-il reconnu, se tromper ou être induit en erreur, mais, a-t-il assuré, sa bonne foi pour le pays et son intégrité morale ne doivent faire l’ombre d’aucun doute.
S. TOGOLA
Comme les autres années, ce grand rendez-vous a donné lieu à des échanges francs et directs entre le chef de l’Etat et la presse
L’exercice en est à sa sixième édition et n’a rien perdu de son originalité, de son utilité