Les précautions se multiplient pour faire face aux conséquences négatives de la forte pluviométrie annoncée pour cette année.
Les météorologues l’ont annoncé : l’hivernage sera particulièrement pluvieux cette année. Et le ciel est en train de donner raison aux spécialistes. En effet, depuis le début de l’hivernage, les pluies ont été régulières et bien reparties. Du coup, les risques de catastrophes naturelles liées aux pluies, notamment les inondations, sont plus élevés que les autres années. Les fortes pluies qui se sont abattues sur Bamako samedi dernier ont prouvé la vulnérabilité la capitale face aux eaux.
Pour prévenir ces risques, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures dont la principale reste sans doute le curage des collecteurs et caniveaux sur l’ensemble du pays.
Dans le district de Bamako, ces travaux ont débuté le 30 juin dernier et sont sur le point de s’achever. Ils ont concerné 5 collecteurs. Ceux de Banankabougou (Commune VI), de Daoudabougou (Commune V), le collecteur dit de l’ASECNA (Commune IV), celui passant devant la mairie de la Commune V et l’ouvrage dit de la rue Boubacar Diallo.
La longueur totale de ces collecteurs est estimée 6 690 mètres. Les travaux ont été confiés à l’entreprise Sambou Coulibaly pour un coût total de 18 millions de Fcfa. La semaine dernière, le chef de la division assainissement de la Direction régionale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances (DRACPN), Oumar Diallo, est venu sur le terrain, réceptionner les ouvrages curés.
Long de 1 390 mètres, le collecteur de Banankabougou a été le premier visité par la mission. La visite était guidée par Sambou Coulibaly, le patron de l’entreprise en charge des travaux. Sur les lieux, la mission a constaté que le travail n’était qu’à moitié exécuté. Et au niveau des parties déjà curées, les déblais n’étaient pas évacués. Abandonnés sur les bords de l’ouvrage, ils retombent dans le collecteur après les pluies ou sous l’effet du vent. Mais il y a pire. Malgré les nombreux messages de sensibilisation, des familles riveraines des collecteurs n’hésitent pas à y déverser à nouveau des ordures ménagères ou autres déchets. De fait, le curage des collecteurs et caniveaux ressemble de plus en plus à un travail de Sisyphe.
LE POIDS DE L’INCIVISME : Pour l’ouvrage de la rue Boubacar Diallo, le constat n’est guère meilleur. Sur les portions de l’ouvrage couvertes de dalle, des kiosques sont installés anarchiquement. Les déchets issus des activités exercées par les occupants de ces kiosques se retrouvent dans les caniveaux.
Par ailleurs, des familles installées le long des collecteurs y raccordent des tuyaux pour évacuer leurs eaux usées domestiques, créant ainsi de gros risques pour la santé publique. Les collecteurs et les caniveaux sont donc détournés de leur objectif qui est le drainage des eaux de ruissellement et transformés en dépotoirs d’ordures, en nids des vecteurs de maladies (moustiques, mouches, cafards, rats, etc.).
Et que dire de l’attitude de ceux qui font directement communiquer leurs sanitaires avec les collecteurs ! Ces eaux usées sont ensuite déversées dans le fleuve. Avec les conséquences que l’on imagine facilement sur le cours d’eau.
« L’incivisme des citoyens rend notre travail particulièrement difficile », déplore Sambou Coulibaly, en reconnaissant cependant que la non évacuation des déblais en certains endroits des ouvrages, lui incombe. C’est d’ailleurs fort du constat établi sur le terrain que le chef de la mission de la DRACPN, Oumar Diallo, a décidé de remettre à plus tard, la réception des travaux. L’entreprise chargée des travaux a promis de les achever dans les meilleurs délais.
Par ailleurs, un agent de la DNACPN sous le couvert de l’anonymat, critique les responsables municipaux qui dans leur recherche effrénée de ressources financières, autorisent l’installation anarchique de kiosques et autres étals sur les caniveaux et les abords des collecteurs. Bref, il y a beaucoup à dire et à revoir dans la gestion de ces ouvrages. Mais cela ne saurait occulter le mérite des pouvoirs publics d’avoir initié leur curage à l’approche de l’hivernage. Surtout en cette année où les pluies promettent de tomber à gros seaux.
Le curage des collecteurs et caniveaux est une activité que le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement mène depuis 2000 dans le district de Bamako, à l’approche de chaque hivernage pour prévenir les inondations. L’ensemble des travaux de cette année prévoient le curage de 15 637 mètres et l’aménagement d’un nouvel ouvrage de 600 mètres linéaires à Sogoninko en Commune VI. Le coût de l’ensemble des travaux est estimé à 200 millions de Fcfa.
DEUX NUMEROS VERTS : Depuis trois ans, une commission de sécurité siège dans le District pour gérer les crises. Après les fortes pluies de samedi dernier, elle a installé deux dispositifs de veille et d’intervention pour répondre plus efficacement à d’éventuelles inondations. Selon le gouverneur du District, Ibrahima Féfé Koné, qui assure la coordination de toutes les activités, la grande commission de sécurité est composée de l’ensemble des maires, des représentants des forces de l’ordre et de sécurité, de la protection civile, des agents de la santé et des services de l’assainissement.
Une première sous-commission est chargée de sensibiliser et d’informer les Bamakois sur les règles de bonne conduite en cas d’inondation. Elle centralisera également toutes les déclarations d’alerte ainsi que les plaintes des populations. Une autre sous-commission, toujours présidée par le gouverneur ou son représentant, a un rôle d’intervention en cas d’inondation. Avec des ramifications dans toutes les communes du District, elle est essentiellement composée des services de la protection civile, des forces de l’ordre et de sécurité et aussi des agents de la santé.
Par ailleurs pour améliorer la réactivité des secours en cas d’inondation, deux numéros verts, donc gratuits viennent d’être mis à disposition du public. Le but est de permettre donner l’alerte le plus rapidement possible. Il s’agit du « 800 11 11 » (ligne Sotelma) et du « 800 22 22 » (ligne Orange). Le lancement officiel de ces deux lignes d’appel d’urgence s’est déroulé lundi sous coprésidence du ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, Sadio Gassama, et de son homologue de la Communication et des Nouvelles technologies, Mme Diarra Mariam Flantié Diallo (voir L’Essor d’hier).
C. A. DIA