Quels sont les différents Ordres Nationaux du Mali ? Quels sont les critères pour y accéder ? Quels sont les avantages auxquels ils donnent droit ? Qui sont les premiers citoyens décorés depuis leur institution en 1963 et combien sont-ils à ce jour ?
L’Indépendant a approché la Grande Chancellerie des Ordres Nationaux pour répondre à toutes ces questions devenues actuelles avec la nomination de quelque 900 personnes -Maliens et Etrangers- à ces distinctions honorifiques par le président de la République, Amadou Toumani Touré, lundi 19 janvier.
es Ordres Nationaux de la République du Mali ont été créés par la Loi n° 63-31/AN-AM du 31 mai 1963. Ils présentent six types de Médailles de manière décroissante.
Il y a l’Ordre de la Médaille d’Or de l’Indépendance, l’Ordre de la Médaille Nationale du Mali, l’Ordre de la Médaille de l’Etoile d’Argent du Mérite National, l’Ordre du Mérite Agricole, l’Ordre du Mérite de la Santé et les Distinctions Militaires. Celles-ci comportent la Croix de la Valeur Militaire, la Médaille du Mérite Militaire, la Médaille des Blessés, la Médaille de Sauvetage et la Médaille commémorative de Campagne.
Le Conseil des Ordres Nationaux, composé de dix membres, est établi près du Grand Chancelier. Les membres du Conseil sont nommés, sur proposition du Grand Chancelier par Décret pris en Conseil des ministres. Ils sont choisis parmi les personnalités titulaires d’un Grade de l’Ordre National et représentent autant que possible l’ensemble de la société malienne.
Chacun d’eux s’étant acquis des mérites éminents dans les différentes activités de la société. Le Conseil délibère sur les questions relatives au statut de l’Ordre, aux nominations et promotions, ainsi qu’à la discipline des membres.
L’Assemblée Nationale a délibéré et adopté, en sa séance du 1er février 1991, la loi n° 91-053/AN-AM portant création de la Grande Chancellerie des Ordres Nationaux.
Promulguée par le Président de la République, cette loi a pour mission, selon l’article 2, l’administration des Ordres nationaux ; la réalisation, la conservation des sceaux, brevets et insignes des Ordres ainsi de leur délivrance ; la préparation et la notification des actes de nomination, de promotion ou de sanction ; l’organisation des réunions du Conseils des Ordres et des cérémonies d’admission ou de promotion dans les Ordres ; l’établissement des relations avec les chancelleries des Ordres étrangers ; la surveillance du respect des dignités attachées à l’appartenance aux Ordres Nationaux.
L’Article 3 à trait à la hiérarchie ci-dessus citée.
L’Article 4 stipule qu’un décret pris en Conseil des Ministres fixe l’organisation et les modalités de fonctionnement de la Grande Chancellerie des Ordres Nationaux.
Ce décret n° 916081/AN-AM indique en son Article 1 que la Grande Chancellerie des Ordres Nationaux est placée sous l’autorité du Président de la République. L’Article 4 souligne que la Grande Chancellerie comporte le Bureau de la Réglementation et des Questions Juridiques et le Bureau du Cérémonial et des Insignes et Brevets.
Quant à l’Article 7, il précise que les bureaux de la Grande Chancellerie sont dirigés par les chefs de Bureaux et nommés par décision du Grand Chancelier sur proposition du Secrétaire Général.
Enfin, les dispositions finales de l’Article 8 révèlent que les ministres des Finances et du Commerce, de la Justice, Garde des Sceaux sont chargés, chacun en ce qui concerne, de l’exécution du présent décret qui sera enregistré et publié au Journal Officiel.
S’agissant des conditions d’admission, celle-ci ne se fait pas sur demande. La proposition doit être formulée par le ministre dont relève l’appréciation des Mérites des intéressés. Le ministre établit un mémoire de proposition réglementaire et en fait saisir le Conseil des Ordres Nationaux par le Grand Chancelier.
Chaque Ministère dispose d’un contingent limité de nomination ou de propositions aux grades des Ordres Nationaux. Les présentations ministérielles sont soumises à l’agrément du Conseil des Ordres Nationaux qui vérifie si les nominations ou propositions sont faites en conformité avec les lois et règlements en vigueur et principes fondamentaux des Ordres Nationaux.
Pour passer d’un grade au grade supérieur, il faut attendre 5 ans pour l’Ordre National, 4 ans pour l’Ordre du Mérite Agricole et 8 ans pour l’Ordre du Mérite de la Santé.
Par ailleurs il faut que les récipiendaires aient un casier judiciaire vierge, qu’ils aient au moins 10 ans d’expérience dans leur domaine d’activités. Sauf si le Président de la République juge nécessaire de récompenser une personne qui a fait honneur à la République, qui a rendu un immense service à la République ou qui a défendu les couleurs de la République dans le domaine sportif par exemple.
D’une part, il est important de savoir que les Médailles de la République ne sont pas anodines car, c’est le symbole d’une récompense ou d’une reconnaissance en une personne bien définie par ses valeurs physiques ou morales.
La Médaille confère à ses bénéficiaires un certain pouvoir, un certain respect et beaucoup d’avantages dans la vie quotidienne. Et, d’autre part, un récipiendaire de la Médaille qui décède a droit à un enterrement de choix avec tous les accompagnements de la République à savoir le Drapeau et l’Armée.
Signalons enfin que peuvent être décorés les citoyens maliens vivant sur le territoire national, les citoyens maliens vivants à l’étranger ainsi que les étrangers amis du Mali qui ont apporté leur pierre à l’édifice du patrimoine national.
La devise de la Médaille d’Or de l’Indépendance est « Amour, Courage, Dévouement« .
Les premiers titulaires des Ordres Nationaux sont pour la Médaille d’Or de l’Indépendance (Homme) Dossolo Traoré, député et questeur à l’Assemblée Nationale (1965) et Madame Fankélé Diarra pour la catégorie Femme.
Pour l’Ordre National du Mali, le premier promu au titre de Chevalier fut Bakara Diallo, directeur du Cabinet du Président de la République à l’époque, le premier homme Officier fut El Hadji Dossolo Traoré, le premier homme Commandeur Sory Coulibaly, ministre Délégué auprès du CMLN (1971) le premier homme Grand Officier El Hadji Dossolo Traoré (encore lui !) la première femme Chevalier, Madame Rossi Odette Ouattara, la première femme Officier, Madame Diallo Pauline, Sage-femme au ministère de la Santé (1972) la première femme Commandeur, Madame Inna Sissoko, Secrétaire d’Etat aux Affaires Sociales (1971) la première femme Grand Officier, Madame Inna Sissoko, Ancien ministre (2003) la première femme Grand Croix, Son Altesse Princière Monique Sihanouk (1973).
Concernant l’Ordre du Mérite Agricole, le premier homme Chevalier fut Amadou Niang, éleveur à Kayes, la première femme Chevalier, Madame Mamou Doucouré, cultivateur à Kiban (Banamba) le premier homme Officier, Nader Tedros, à Tamani (Ségou) la première femme Officier, Madame Touré Kadja Traoré, maraîchère dans le District de Bamako et la première médaille de Commandeur a été attribuée au ton villageois de Kiyo, Cercle de Tominian (Ségou).
Pour l’Ordre du Mérite de la Santé, le premier homme Chevalier est le Docteur Mamadou Dembélé qui deviendra, plus tard, le premier Premier ministre de l’histoire du Mali, la première femme Chevalier a été Madame Mabintou Diawara, SG du CADP VI Bamako.
S’agissant des Distinctions Militaires, la Croix de la Valeur Militaire a été décernée pour la première fois au Sergent-chef Abdoulaye Touré de l’Armée de Terre, la Médaille du Mérite Militaire à Ousseynou Traoré de l’Armée de Terre, la Médaille de Sauvetage au Sergent Laya Ouologuem de l’Armée de l’Air.
Enfin, la Médaille des Blessés a été attribuée pour la toute première fois au Sergent-chef de Paix, Soumaïla Kouyaté de la Police.
Moulaye HAIDARA et Seydou KONE
Stagiaires