Au cours de la période du 10 au 17 août 2009, Info Stat a interrogé un échantillon de 1 101 Bamakois âgés de 12 ans ou plus, à leur domicile, dans 22 quartiers du District de Bamako. Mais par rapport à la radio et à la télévision, le présent sondage fournit des renseignements obtenus auprès de 1080 personnes. Bref, ce sondage a touché, indique-t-on, les individus des deux sexes, de différents groupes d’âges, niveaux d’instruction et catégories socioprofessionnelles. Les questions ont concerné plusieurs thèmes, notamment les média (radios- et télévisions et journaux), l’accès aux images de télévisions et les opinions sur la situation socioéconomique du Mali.
Une quinzaine de radios sont concernées par ce classement d’Info Stat selon le nombre et le pourcentage d’auditeurs bamakois, soit 924 296 correspondant à l’effectif total des résidents de Bamako âgés de 12 ans ou plus : Chaîne 2 avec 456157 auditeurs, soit 49,4% ; Jékafo avec 435 617, soit 47,1% ; Radio Mali avec 201 120, soit 21,8% ; Liberté avec166 031, soit 18,0% ; Klédu avec145 491, soit 15,7% ; RFI avec 145 491, soit 15,7% ; Guintan avec 119 816, soit 13,0% ; Kayira 1 avec 117 249, soit 12,7% ; Bamakan avec 100132, soit 10,8% ; Dambé avec 89 862, soit 9,7% ; FR 3 avec 89 006, soit 9,6% ; K2 FM avec 84 727, soit 9,2% ; Voix du coran et hadith avec 67 611, soit 7,3% ; Benkan avec 57 341, soit 6,2%.
Jèkafo prisée par les femmes
Cependant, à l’analyse des résultats, le classement des radios selon la proportion ou le nombre d’auditeurs varie quelque peu si l’on tient compte de certaines caractéristiques sociodémographiques de la population. Radio Jèkafo occupe ainsi la première place chez les femmes, avec une légère avance sur la Chaîne 2. Lorsqu’il s’agit des individus de 45 ans ou plus, en revanche, Radio Mali arrive en première position.
S’agissant des évolutions dans le temps, en prenant comme référence l’étude du même genre que Info Stat a réalisée en mars 2007, on constate que d’une manière générale, l’écoute radiophonique chez les Bamakois est un peu moins intense en 2009 qu’en 2007. En effet, la proportion d’individus qui ont au moins une fois écouté une radio pendant la période d’observation était de 96% en 2007, contre 89% en 2009.
Toutefois, au-delà de ce résultat global, le sens ou l’ampleur de l’évolution n’est pas forcément le même pour toutes les stations.
En 2007 tout comme en 2009, révèle l’analyse des résultats, la Chaîne 2 demeure la radio la plus écoutée dans le District de Bamako. Cependant, la proportion d’auditeurs de cette station a enregistré un recul non négligeable, passant de 62,8% (2007) à 49,4% (2009).
S’agissant de progrès entre 2007 et 2009, constate Info Stat, la situation de Jèkafo est l’une des plus remarquables. En effet, précise-t-il, la proportion d’auditeurs de cette station, qui était qu’à 19,1% en 2007, est passée à 47,1% en 2009. Le progrès de cette radio semble largement imputable, croit savoir Info Stat, à ses émissions diffusées entre 10 heures et 12 heures, c’est-à-dire des émissions qui représentaient 36% des écoutes de la station en 2007 contre 53% en 2009.
Le double paradoxe
Mais deux paradoxes sautent à l’œil : RFI et la Voix du Coran. En effet, ce sont les deux stations qui diffusent dans des langues étrangères, lesquelles bénéficient même d’un enseignement classique plus structuré à l’école occidentale et dans les medersas. Elles sont toutes les deux supposées être des langues majoritaires en théorie, car le Mali est abusivement classés parmi les pays « francophones » et plus de 90% des Maliens sont considérées comme des musulmans. Sur ce dernier point, vu le peu de connaissances en matière d’islam, cela traduit le caractère « superficiel » de la pratique de la religion musulmane dans le pays. Comme quoi, les Maliens sont peu enclins au fanatisme et que la tolérance demeure la règle en la matière. Ou alors, c’est feu Houphouët BOIGNY qui a raison : x% de musulmans et y% de chrétiens, mais 100% d’animistes (dans l’âme).
L’audience des télévisions, elle, concerne les ménages ayant accès à des images de télévisions autres que celles de l’ORTM : antenne TV5, antenne parabolique, antenne Canal Sat et une station quelconque. En effet, dans le District de Bamako, 75,7% des ménages disposent d’une installation leur permettant d’avoir accès à des images de télévisions autres que celles de l’ORTM. Et pour l’essentiel, souligne Info Stat, ces ménages sont équipés une antenne «TV5 » (74,8%). Très peu (2,8%) ont une antenne parabolique. La disponibilité d’antenne Canal Sat est encore plus limitée (1,3%).
Le soleil d’Africable
Mais, selon le constat d’Info Stat, la proportion de ménages disposant d’un accès à des images de différentes chaînes de télévision est quelque peu variable d’une commune à une autre. Aussi, le taux d’accessibilité le plus élevé est-il de 86,2% en Commune IV. Celle-ci est suivie de la Commune II avec 85,0%. Les résidents des communes V (67,0%) et VI (70,0%) sont, en revanche, les moins nombreux à avoir accès à différentes chaînes de télévision. Les résultats par type d’installation montrent que les utilisateurs d’antenne Canal Sat sont sensiblement plus nombreux en Commune III (8,4%) que partout ailleurs (moins de 1 %).
L’évaluation de l’audience proprement dite des chaînes de télévision montre qu’une très forte majorité (91%) de la population bamakoise, de 12 ans ou plus, regarde la télévision nationale au moins une fois par semaine, constate Info Stat. Africable est la 2ème chaîne la plus regardée avec 61 % de téléspectateurs. TV5Monde (30%) arrive en 3eme position. La proportion de téléspectateurs pour toute autre chaîne est plutôt limitée (moins de 13%).
En restreignant l’analyse aux ménages ayant une installation qui leur permet d’accéder aux images de différentes chaînes de télévision, Info Stat constate que 71 % de la population bamakoise de 12 ans ou plus regardent Africable au moins une fois par semaine. Dans ces ménages, poursuit l’institut de sondage, 36% de la population regardent TV5 Monde et 17%, d’autres chaînes de télévision.
Le genre et le niveau d’instruction
Les femmes (94%), comparativement aux hommes (88%), sont légèrement plus nombreuses à regarder la télévision nationale au moins une fois par semaine. II en est de même pour les individus qui ont fait des études secondaires ou supérieures (95%), comparés à ceux qui n’ont pas fréquenté l’école (82%). L’audience de la télévision nationale varie également selon l’âge. Plus ils sont jeunes, plus les Bamakois ont tendance à regarder la télévision nationale au moins une fois par semaine, remarque-t-on. La proportion de téléspectateurs, qui est de 74% parmi les individus de 45 ans ou plus, passe ainsi à 99% chez les plus jeunes (12-17 ans).
Tout comme la télévision nationale, souligne Info Stat, Africable est une chaîne qui attire plus les jeunes. Mais pour cette chaîne, les différences selon l’âge sont encore plus prononcées. En particulier, 80% des jeunes de 12 à 17 ans, comparés à 31% des adultes de 45 ans ou plus, regardent Africable au moins une fois par semaine. Outre l’âge, remarque Info Stat, le niveau d’instruction est un facteur déterminant de l’audience de Africable : 73% parmi les individus qui ont fait au moins des études secondaires, 65% parmi ceux qui n’ont pas dépassé le primaire, contre 38% des sondés qui n’ont pas fréquenté l’école.
Le niveau d’instruction est également un facteur important de l’audience de TV5 Monde. Cette chaîne, qui a un taux global de 30% (ensemble des sondés), atteint les 46% de téléspectateurs parmi les individus qui ont fait des études secondaires ou supérieures.
Ce que l’on peut ajouter, c’est que la plus grande audience de la télévision s’explique par le fait que la majorité des ménages n’a pas les moyens d’avoir accès aux autres antennes privées comme TV5, Canal Sat ou autres. En plus de ce facteur, TV5 est handicapé par la langue française avec le taux élevé d’analphabétisme dans le pays. En revanche, Africable, qui diffuse aussi majoritairement en français, a l’avantage de proposer des programmes « plus africains » avec des visages plus colorés. En plus, le besoin de s’informer sur ce qui se passe dans les autres pays africains pousse nombre de gens à regarder Africable qui rediffuse le JT des pays partenaires. Souvent même, certains rattrapent le JT national avec Africable.
Par Seydina Oumar DIARRA-SOD