Ils étaient des centaines des membres du Comité Directeur, des députés élus à l’Assemblée Nationale, des Maires et conseillers municipaux à prendre d’assaut la salle Balla Moussa du Centre international de conférence de Bamako pour répondre à l’appel du Secrétariat chargé des cadres pour débattre de la vie du parti et surtout poser les jalons de son avenir futur et immédiat. Si le thème principal à l’ordre du jour portait sur « La consolidation des acquis du CNID-Faso Yiriwa Ton », d’autres sujets et préoccupations concernant la marche de la Nation ont constitué le plat de la résistance de cette rencontre au sommet du parti du soleil levant. Moment privilégié dans la vie de tout parti, la conférence des cadres procède de la volonté du Comité Directeur de renouveler son engagement et de faire en sorte que non seulement ce rendez-vous statutaire soit désormais respecté mais qu’en plus, les cadres occupent leur place et toute leur place dans le parti. C’est pourquoi l’un des souhaits de la rencontre est que les cadres et au-delà, les militants s’approprient le parti qui ne doit plus être l’affaire de la seule Direction et de quelques élus. Certes, il fût un moment où il était difficile d’être militant du CNID à cause des tracasseries administratives, mais après les élections de 2002, le parti s’est frayé son propre destin en s’imposant comme une véritable force politique. L’heure était venue de jeter un regard retroperspectif sur le chemin parcouru et voir comment améliorer la position du parti.
Evoquant les acquis, le président du Parti, a brièvement rappelé que le CNID est d’abord et avant tout un parti de militants déterminés à soutenir et à défendre ses idéaux en toutes circonstances. Car, n’eût été le cas, il aurait disparu aujourd’hui en raison de toutes les difficultés qu’il a connues. Ce qui fait qu’ « il existe aujourd’hui un peuple CNID, qui se distingue de « voteurs » occasionnels et rémunérés le temps d’une élection », a-t-il souligné. Pour Me Mountaga TALL, le peuple CNID a besoin d’un encadrement adéquat qui lui fait défaut. Un handicap, combiné à d’autres facteurs, qui font en sorte, justifie-t-il, que le poids électoral et institutionnel du parti est presqu’inversement proportionnel à son poids politique. Tel est le premier chantier et le premier défi à relever auquel il a convié les cadres pour consolider un acquis majeur. Le second acquis sur lequel il a insisté porte sur la place de leur formation sur l’échiquier politique national. D’après le premier responsable du parti, le CNID, tout en améliorant son rang, se positionne toujours après les partis composant la famille ADEMA.
Revenant à l’analyse de la scène politique malienne, Me TALL regrette le fait que les acteurs politiques manquent cruellement de grilles objectives de lecture pour évaluer réellement les forces politiques en présence. Et pour cause, évoque-t-il, le manque de fiabilité de notre système électoral. La fraude, l’achat de voix et de conscience, la corruption à large échelle constituant des lieux communs en matière électorale. « Qu’est aujourd’hui une élection au Mali si ce n’est, en un moment donné, l’équation entre les moyens financiers, le poids ou les complicités dans l’administration et la bonne maîtrise de « la technologie électorale » auxquels il faudrait ajouter une bonne dose de cynisme. Dans ce cocktail le coefficient personnel du candidat et le programme qu’il défend n’ont plus qu’une importance marginale », s’est-il indigné. Cependant, en faisant ces constats, il ne s’agit pas, selon lui, de jeter l’opprobre à quiconque, de trouver de vaines excuses, mais, au contraire, de trouver des solutions qui peuvent se situer à deux niveaux : celui des textes et celui des hommes.
Un autre acquis évoqué par le président est la capacité d’initiatives et de propositions du CNID-Faso Yiriwa Ton. Et pour preuve : c’est cette formation politique qui a été la première association légale à revendiquer le pluralisme démocratique et la première à avoir poser une question orale, à interpeller le gouvernement, à déposer une motion de censure, à déposer une proposition de loi.
Aussi, récemment le parti a-t-il contribué à la réflexion de la Commission chargée de la relecture des textes fondamentaux par une série de propositions dont certaines, à ce stade, ne sont pas retenues. Sans compter qu’il plaide également pour que les compétences de la future CENI soient étendues à toutes les élections qui concernent les structures étatiques, paraétatiques ou bénéficiant de subventions de l’Etat. De même, le parti du soleil levant pense qu’il nous faut aujourd’hui un scrutin uninominal qui suppose bien évidemment un redécoupage des circonscriptions électorales. Le statut du Vérificateur général constitue également une des préoccupations du CNID. Le parti souhaite tout comme les ministres, les députés, qu’il y ait pour le Végal une simple immunité que pourrait le cas échéant lever l’Assemblée Nationale ou à tout le moins un privilège de juridiction.
Parlant des alliances nouées avec d’autres formations politiques, le CNID, selon son président, a la conscience nette puisqu’il n’a jamais failli à ses engagements. Seulement Me TALL plaint, pour l’heure, la profonde léthargie de l’ADP qui, après avoir brillamment accompli sa mission politique, n’a jamais pu se muer en alliance politique ni même en simple espace de concertation. Le péché originel de l’ADP, révèle-t-il, a été la création d’une alliance dans l’Alliance dès après l’élection législative.
En tout état de cause, sur l’avenir politique du Mali, le président du CNID estime que rien n’est encore joué et que tout reste possible pour son parti. Parce que, avance-t-il, aucun parti ne détient une majorité absolue ; que tous ont leurs forces et leurs faiblesses et surtout le RAVEC en cours changera profondément la donne en reflétant les vrais rapports de force. C’est pourquoi il a exhorté les cadres à abattre un travail politique considérable pour combler certains retards, à croire en eux-mêmes et à être unanimes et unis.
Par Mohamed D. DIAWARA