Après l’adoption des propositions du Groupe de travail sur le rapport du Forum national sur l’éducation en Conseil interministériel, le 30 juin 2009, le public du Mali attend avec impatience la nouvelle école promise par le Premier ministre, auteur de l’initiative. Bientôt un an après la tenue du forum et à la veille de la prochaine rentrée officielle des classes, un grand mystère et un silence de cimetière entourent encore l’application des recommandations dudit forum si d’autres n’ont pas déjà fait l’objet de violation.
Conformément aux recommandations du Forum national sur l’éducation, le Groupe de travail mis en place par décret n° 09-165/PM-RM du 17 avril 2009, avec comme mission d’examiner le rapport, a déjà remis ses conclusions. Depuis le mois de juin dernier, il a fini de décoder le volumineux rapport final du Forum, selon de sources concordantes. Donc, ce n’est plus les idées ni le cadre qui manquent au gouvernement malien pour la réforme de l’école. A l’issue d’intenses efforts et d’exercices intellectuels, le Groupe de travail est arrivé à décoder une masse de 490 recommandations (111 recommandations au titre de l’éthique et de la déontologie ; 132 pour l’éducation de base, 95 concernant l’enseignement secondaire général, technique et professionnel, et 152 relatives à l’enseignement supérieur et la recherche scientifique) émanant du forum pour les rendre plus lisibles. En second lieu, ses membres se sont attelés à l’identification de propositions d’actions pouvant être urgemment mises en œuvre par le gouvernement. Il est apparu aux yeux du groupe commis à l’étude de ces recommandations que le leadership du gouvernement, dans le projet de mise en œuvre des recommandations formulées pendant le Forum, ne souffrait d’aucune équivoque et qu’il devait être soutenu par l’engagement et l’implication des autres acteurs et partenaires de l’école.
Conformément aux hypothèses de base, le Groupe de travail a essayé tout le long de ce travail d’organisation de rester fidèle, autant que faire se peut, aux recommandations formulées pendant le forum. Pour parvenir à un résultat acceptable, les membres du groupe ont utilisé des documents de base pour les travaux relatifs aux actes du Forum national sur l’éducation (Rapport général, Rapport de synthèse et plans sectoriels d’action, rapports des commissions de travail) ; les documents de politiques, stratégies, projets, programmes concernant l’éducation et la formation professionnelle. Quatre axes de base ont guidé les experts : la gouvernance et les institutions du système éducatif ; les ressources humaines (conditions de vie et de travail des enseignants et apprenants) ; la qualité des apprentissages dans le système éducatif et le financement du système éducatif.
Il ressort des propositions que des recommandations du Forum peuvent être appliquées immédiatement, d’autres par contre doivent être soutenues préalablement par des études qui proposeront sur des alternatives de solutions en explicitant leurs avantages et inconvénients. En effet, pour ce qui concerne par exemple les bourses, la gestion des flux, les statuts du personnel enseignant et de recherche, le groupe de travail estime que le processus de prise de décision peut être enclenché dès maintenant. Aussi, la problématique de l’éthique et de la déontologie, l’impératif de la qualité de l’éducation, les politiques de réforme, les problèmes de transparence et d’efficacité dans la gestion des écoles privées, et des heures supplémentaires à l’université, la gestion des cités universitaires par le CENOU, l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur relèvent-ils, à leurs yeux, de seule autorité de l’Etat.
C’est surtout le volet relatif au financement du système éducatif qui ne comporte pas de mesures immédiates. Car, dépendant des contingences extérieures.
Suivant une grille de lecture et des axes de réformes retenus, le Groupe de travail propose une batterie de mesures pour la restauration de la crédibilité du système éducatif à travers l’apaisement du climat scolaire/universitaire et la moralisation des pratiques dans l’espace. « A ce sujet, il convient de faire l’inventaire des textes existants en la matière, les relire pour les adapter au contexte actuel et veiller à leur diffusion et à leur application dès la prochaine rentrée », précise le rapport. Ces textes, poursuit le rapport, doivent s’appliquer à l’ensemble des acteurs (administration scolaire, enseignants et élèves). Des sanctions administratives et pénales doivent être adoptées pour sécuriser l’administration scolaire et universitaire dans l’exercice de sa mission et lutter contre la fraude, préconise-t-il. Des manuels d’éthique et de déontologie pour le personnel enseignant, les parents, élèves et étudiants, soutient-il, doivent être préparés et faire l’objet d’une grande diffusion répétée à intervalles réguliers. « Des manuels de procédures administratives, budgétaires et financières doivent être mis en place dans les établissements ayant l’autonomie. Il faut élaborer des règlements intérieurs et veiller à leur stricte application avec la participation de l’ensemble des acteurs », poursuit le rapport. La récompense du mérite et la sanction de la faute doivent être érigées comme méthodes de gestion, souligne le rapport.
Par Sidi DAO