La paix est au point mort dans la zone de Kidal. Tandis que le gouvernement va en congé et que les derniers rounds d’observation n’ont rien donné quant au retour de la paix dans la zone de Kidal, les rebelles, eux, multiplient les déclarations à l’emporte-pièce.
ATT a-t-il prévu un schéma de prévention des attaques ? Le ministre Kafougouna KONE, principal négociateur du dossier de la rébellion, sera-t-il en congé « surveillé » ?
Après l’échec des derniers pourparlers d’Alger, et avant que les émissaires de l’Etat et ceux de la rébellion se retrouvent pour cet ultime rendez-vous fixé pour le 20 août prochain, les regards sont tournés vers le nord Mali. Là, c’est la grande inquiétude, car personne ne sait effectivement ce à quoi le silence latent de ces derniers moment rime. Accalmie ou crise latente ? Dans les faits, le silence actuel sur le terrain, dans la zone de Kidal, pèse lourd dans les esprits d’autant que l’effet de surprise est particulièrement affectionné par les rebelles, lesquels ont suffisamment démontré, par le passé, qu’il ne faut pas compte sur eux pour garantir quelque trêve que ce soit, surtout pour celle qui ne répond pas à une logique de force.
On l’a vu sur le terrain, les attaques rebelles, ces derniers temps, n’ont pas connu une telle amplification barbare que lorsqu’on s’y attendait le moins. Autrement dit, c’est quand les émissaires gouvernementaux sont sûrs des accords noués que les hommes du chef rebelle dissident, Ibrahim Fagaga, ont mieux fait parler d’eux. Illustration ? Réunis à Alger, sous la supervision du médiateur algérien, les différents négociateurs (représentants gouvernementaux, facilitateur et rebelles) ont été surpris par l’attaque sauvage de Tessalit par des bandes armées. Une attaque qui a failli faire capoter les discussions à peine entamées. Si la branche rebelle, au cours de ces négociations, a condamné ces assauts violents suivis de prise d’otages, c’était presque du bout des lièvres. Et pour preuve ; dès la fin de ces pourparlers, dans la surprise générale, le chef rebelle dissident, Fagaga lui-même, s’est empressé de revendiquer l’attaque en mettant sous pression les représentants gouvernementaux. Dans un journal algérois notamment, il avait officiellement déclaré qu’il n’était pas question pour lui de libérer les otages maliens. Raison invoquée : le gouvernement malien, au cours de ces négociations d’Alger, n’avait rien concédé à la rébellion. C’était le motif pour lui de réfuter les décisions d’une rencontre tripartite qui avait pourtant débouché sur certaines considérations substantielles.
C’est dans ce contexte que se projettent les prochains rounds d’observation entre les deux protagonistes, à Alger, toujours sous la supervision du facilitateur algérien. C’est encore pendant ce temps que le gouvernement est en congé. Certes, la gestion de la rébellion, comme on l’a vu dans le passé, ne relève pas de la compétence exclusive du gouvernement ; le chef de l’Etat et son ministre de l’Administration, deux généraux de l’armée, étant au four et au moulin de ce dossier, il n’empêche néanmoins que la coordination gouvernementale pour un dossier aussi sensible que celui de la rébellion est tout de même requise. Voilà pourquoi la gestion de la crise du nord, telle qu’elle a été consacrée jusqu’ici dans un cercle restreint de résolution, paraît des plus aléatoires.
Le président ATT s’est absenté du pays pour quelques jours pour de raisons officielles ; le gouvernement, lui, est en congé pour un bon moment ; tout cela intervient dans un contexte où le processus de paix dans le nord Mali est des plus fragiles. La fragilité, elle, s’est accentuée, il y a seulement quelques jours, lorsque que les deux protagonistes avaient la latitude de la matérialiser. Au lieu de cela, les deux protagonistes ont laissé filer la chance de la paix. La partie gouvernementale, pour sa part, à bon droit, ne voulait rien entendre sans au préalable qu’elle soit assurée des conditions de libération de ses otages. Les rebelles, eux, en ont profité pour tomber dans la surenchère revendicatrice.
Or, c’est de ce rendez-vous d’Alger que dépendait le retour de la paix dans la zone de Kidal. Une accalmie, comme on le verra, qui projetait des meilleures appréhensions pour la conférence de la sécurité et du développement des zones sahélo-saharienne, si chère à ATT et qui peine à se mettre en route. Depuis que le président ATT a publiquement annoncé la tenue de ce sommet de chefs d’Etat, en dépit des actions diplomatiques d’envergure pour rapprocher les points des uns et des autres, on est pas encore parvenu à être fixé sur un calendrier cohérent. De report en report, la rencontre axée sur la sécurité et le développement de la bande sahélienne, qui doit regrouper près de six chefs d’Etat, n’est toujours pas sortie de l’impasse. Les observateurs ont beaucoup misé sur les derniers résultats des pourparlers d’Alger du mois dernier pour se prononcer sur son sort. A leur entendement, la conférence sécuritaire, telle qu’elle a été conçue par ATT, pouvait valablement se tenir pour ce mois d’août si jamais les participants au dernier rendez-vous d’Alger avaient pu s’entendre sur un minimum d’accords. Dans le cas contraire, la chose pouvait se trouver difficile à négocier. C’est de ce dernier scénario qui a prévalu, lors de ces discussions, d’autant que les deux parties n’ont pu sauver la paix. Du coup, cela dérange la rencontre de chefs d’Etat de la bande sahélienne, initiée par ATT, pour faire face à la crise violente qui empoissonne le climat dans la vaste bande sahélo-saharienne.
Sékouba SAMAKE