Dans un communiqué rendu public hier,14 octobre, le porte-parole de l’Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement (ATNMC) d’Ibrahim Ag BAHANGA dément tout dépôt d’armes et menace de reprendre les hostilités si nos autorités n’engagent pas des négociations politiques avec le mouvement.
Comme on pouvait le craindre, à peine de retour au bercail, voilà qu’Ibrahim Ag BAHANGA annonce les couleurs dans un communiqué, en date d’hier 14 octobre, signé du très mégalomane porte-parole de l’ATNMC, Hama Ag Sid’Ahmed, Chargé des relations extérieures.
Le communiqué dans un premier temps est un démenti formel aux informations selon lesquelles BAHANGA a déposé les armes à la faveur d’une récente cérémonie organisée en Libye : «Nous démentons les allégations publiées par certains médias les 6, 7 et 8 octobre 2009 disant que le chef du Mouvement Nord Mali pour le Changement (ATNMC), Ibrahim Ag Bahanga, aurait déposé les armes le 6 octobre dans le Sud libyen ». Parlant des raisons de la présence de leur leader à cet événement qui a bien eu lieu avec la présence de BAHANGA, il précise : « Si Ibrahim Ag Bahanga a quitté ses bases dans le Nord du Mali début octobre 2009, c’est sur invitation des officiels libyens chargés du dossier touareg et du directoire du Mouvement Nigérien pour la Justice (MNJ), pour assister dans le Sud libyen à la cérémonie de remise des armes par le MNJ, les 6 et 7 octobre 2009. Cette remise des armes n’a concerné que le MNJ, qui a démarré des négociations avec les autorités nigériennes à Niamey le 10 octobre, sous médiation libyenne ».
Outre cette mise au point, l’Alliance touareg met à profit l’occasion pour revenir à la charge au sujet du Nord de notre pays pour proférer de nouvelles menaces et tenter de dicter sa loi : « Pour ce qui concerne le Nord Mali, nous rappelons qu’aucune réconciliation et aucun développement ne seront possibles tant que les autorités maliennes n’engageront pas des négociations politiques avec le Mouvement représenté par Ibrahim Ag Bahanga, les cadres politiques et les quelques centaines de combattants touareg armés. On ne peut envisager de paix sans négociations préalables ».
Les rebelles de BAHANGA ne ratent pas non plus l’occasion pour mettre en accusation les autorités de notre pays qui tenteraient de noyer le problème touareg dans de nouvelles préoccupations, à l’instar de la lutte contre Al Qaïda. De même, les accuse-t-on de refuser la main tendue du chef des enfants gâtés de la république, Ag BAHANGA : « Aujourd’hui, les autorités maliennes sont trop occupées à organiser des rencontres directes avec les deux groupes salafistes (AQMI) installés au Nord-Ouest du Mali (où ils sont réfugiés et où ils s’approvisionnent). Les autorités de Bamako tentent ainsi de détourner l’attention de la communauté internationale de la problématique touareg. Nous tenons à rappeler à tous ceux qui ont, jusqu’à ce jour, parrainé la paix au Nord Mali, que le Mouvement a utilisé tous les canaux de dialogue disponibles. Récemment, Ibrahim Ag Bahanga et les cadres politiques du Mouvement ont renouvelé aux autorités maliennes leur constante disponibilité à dialoguer pour trouver une issue pacifique aux différends qui les opposent. En juillet, août et septembre derniers, des médiateurs extérieurs et des facilitateurs nationaux ont vu à nouveau leurs initiatives de paix rejetées par les autorités de Bamako ».
Comme à ses habitudes, le mouvement de BAHANGA tente d’émouvoir et de prendre à témoin la communauté internationale sur la mauvaise foi des autorités de notre pays. Evoluant sur son terrain de prédilection, à savoir le chantage, il menace ouvertement de recourir à la lutte armée en cas de réticence des autorités de notre pays d’engager le dialogue : « Nous attirons l’attention des partenaires techniques et financiers du Mali, de l’Union européenne, du représentant spécial de l’ONU à Dakar, de l’Algérie (co-signataire de l’Accord-cadre de juillet 2006) : si les autorités centrales maliennes continuaient à refuser d’engager prochainement des discussions politiques sérieuses demandées par le Mouvement représenté par Ibrahim Ag Bahanga et les cadres politiques et militaires de ce Mouvement, on pourrait en conclure que les autorités maliennes incitent et invitent à une nouvelle escalade militaire ».
Les autorités de notre pays ont-elles jamais fermé la porte à un quelconque dialogue ? N’est-ce pas plutôt à force de croire aux vertus du dialogue que de jeunes soldats ont été livrés à la boucherie de ce même BAHANGA ? A vrai dire, le casus belli est inexistant. Mais si BAHANGA revient pour faire la guerre, il peut toujours ouvrir les hostilités parce que c’est ce qu’il sait le mieux faire au monde et surtout parce qu’on lui en a donné le temps et les moyens. Sinon avec un mandat d’arrêt international collé aux fesses, on voit mal comment il viendrait exiger un dialogue lui qui a les mains rouges de sang.
Par Bertin DAKOUO