Les évènements qui se passent en Afrique donnent chaque jour raison aux détracteurs du continent qui croient toujours dur comme fer que la démocratie est un luxe pour les Africains. Ce qui s’est passé mercredi dernier en Mauritanie, notre voisin de l’Ouest, renforce davantage les convictions des adversaires du continent et la preuve de notre irresponsabilité.
Si on dit que l’Afrique est le continent des clichés il n’ y a rien à dire. Elle mérite bien ce qualificatif. Même si cela fait mal et très mal.
Les Africains n’ont pas cherché et ne cherchent toujours pas encore à s’élever au dessus des préjugés pour montrer à la face du monde de quoi l’homme noir est capable. C’est cette position figée qui à amener le président français à jeter l’anathème sur tout un continent. Ainsi Nicolas Sarkozy déclarait, à Dakar en juillet 2007, que « l’homme noir n’est pas entré dans l’histoire… »
L’Afrique demeure encore la région où la démocratie imposée par Baule arrive difficilement à se frayer un chemin. Les vieux démons se sont tous réveillés à la suite des élections en Afrique, ravivant les tensions entre des communautés qui avaient décidé de vivre en parfaite harmonie. Et les élections, fondement même de la démocratie, ont donné un goût amer aux Africains qui gardent quand même l’espoir de voir un jour leur continent sortir des ténèbres.
Les fruits de la démocratie, les Africains ne l’ont pas encore récoltés. Sauf les dirigeants issus des élections contestées, qui de connivence avec l’Occident ont bradé les maigres ressources de leur pays. Et l’Occident a intérêt à ce que ces présidents mal élus avec sa bienveillance s’éternisent au pouvoir contre la volonté de leur peuple.
Ils sont nombreux les présidents africains à s’installer dans les palais dorés à la suite des élections contestées. Du Mali au Kenya, en passant par le Zimbabwe, le Sénégal, le Burkina Faso, le Tchad, le Cameroun, le Gabon, la Centrafrique, le Congo, la RD Congo…, les élections se sont déroulées comme les chefs le souhaitaient.
Ils se sont tous attribués des scores comme au bon vieux temps des partis uniques. Et les oppositions, ainsi coiffées au poteau dès le premier tour dans la plupart des cas, n’avaient d’autre choix que d’appeler leurs militants à descendre dans la rue pour dire non au coup d’Etat constitutionnel.
Mais malheureusement, leur action ne dure que le temps de vie d’une bulle de savon. On leur temps la perche. Et on assiste à la formation des gouvernements d’union nationale en flagrante contraction avec leurs propres convictions.
Les stratèges de ces machinations, qui se rendent comptent de la faiblesse de leur plan, se tournent vers les coups d’Etat, prohibés par les constitutions des pays qui se sont engagés dans le processus démocratique.
Le réseau Foccart réhabilité par Sarkozy est-il entré en action en Mauritanie?
Elu démocratiquement l’année dernière, Sidi Mohamed Ould Abdallahi, l’ex désormais président mauritanien vient d’être évincé du pouvoir par un Haut conseil d’Etat dirigé par le général Ould Abdel Aziz, commandant de la garde présidentielle.
Ce coup de force des forces armées mauritaniennes dont la communauté internationale n’arrive pas encore à prendre des sanctions pour rétablir le président déchu, fera tache d’huile. La Guinée Bissau ne le démentira pas. Les autorités de ce pays ont annoncé l’échec d’une tentative de coup d’Etat.
Pour ce qui est du cas spécifique de la Mauritanie, on peut dire que l’ancien président, qui se trouve encore entre les mains des militaires, a été victime des réformes qu’il a voulu opérer au sein de sa propre société, une des plus rétrogrades au monde et de ses relations glaciales avec la France suite à l’annulation du rallye Paris- Dakar, de l’assassinat de quatre touristes français par des supposés terroristes, du pétrole.
Le président Abdallahi, qui a jugé nécessaire le retour de ses compatriotes chassés du pays en 1989 à la suite d’un différend avec le Sénégal par le régime discriminatoire de Ould Taya, connaîtra ses premières difficultés de l’exercice du pouvoir.
Dans sa quête de la bonne distribution de la justice au sein de la société mauritanienne, l’ancien président a confié la présidence de l’Assemblée nationale de son pays à un allié politique Boulkeir dont le parti l’a soutenu au deuxième tour. Il faut noter ce dernier est un noir. Une révolution dans une société esclavagiste.
Enfin, il fera voter par l’Assemblée nationale une loi interdisant l’esclavage. Un autre coup de tonnerre. Ces reformes n’ont pas reçues un écho favorable dans la communauté blanche, hostile à toute forme d’affranchissement des noirs. Ainsi, il est devenu la bête noire de sa propre communauté.
La France de Sarkozy aussi, qui a des visées sur le pétrole mauritanien, ne tolérait pas l’esprit d’indépendance de Abdallahi. Aussi les organisateurs du rallye Paris- Dakar n’ont- ils digérés l’annulation de cet évènement dont les organisateurs se frottent les mains.
La mort de quatre touristes français a crée un climat de froideur entre les deux pays. On a qualifié la gestion de l’ancien président de laxiste.
Est suffisant pour déposer un président dont l’élection a été saluée par la communauté internationale comme crédible et transparente et qui a voulu donner une autre image à son pays.
Demain, à qui le tour?
Yoro SOW