Pour justifier l’attribution des JO à la Chine en 2001, le Comité international olympique (CIO) avait argué d’une ouverture démocratique sans précédent dans ce pays. A quelques heures de l’ouverture de cet événement, une grande partie de la presse internationale ne cache pas sa déception.
Une question taraude l’éditorialiste du quotidien belge Le Soir en ce vendredi 8 août, date de début des Jeux 2008 : « Avons-nous eu tort ou, pire, été naïfs en faisant confiance à ce nouveau continent ? Nous a-t-il trompés sur sa vraie nature, avec pour complice passif un CIO Ponce Pilate de la démocratie ? Allons-nous, en cautionnant ces Jeux, fermer les yeux du monde sur le vrai visage de cet empire qui soigne si bien nos intérêts économiques ?. »
Il n’y a pas de réponse évidente aujourd’hui à ces questions. L’attribution des Jeux à la Chine était en soi une idée légitime, au regard de ce qu’avait accompli et de ce que promettait le pays. Les Jeux ne pouvaient qu’ajouter à l’ouverture croissante de cette cité jusque-là interdite au monde. Leur déroulement, après les incidents tibétains et après le constat des promesses non tenues sur les droits de l’homme, est un défi
Au milieu d’une presse allemande assez critique à l’égard de ces jeux, le quotidien Frankfurter Rundschau estime qu’un seul constat s’impose : « La Chine est encore le pays de la non-liberté. Malgré des avancées sociétales, malgré la croissance économique, malgré des logements modernes, la toute puissance du parti communiste reste la même. Les libertés apparentes dans la vie quotidienne des Chinois, comme les vacances à l’étranger, ne sont en réalités que des faveurs accordées par le parti« , explique le journal, en expliquant comment les autorités continuent d’exercer un contrôle absolu sur le pays.
La violente répression des émeutes au Tibet au mois de mars a clairement indiqué, selon le quotidien suisse Le Temps, que la Chine ne comptait absolument pas modifier sa ligne de conduite. « Nul n’a jamais prétendu que les JO pourraient transformer la Chine.« , explique le journal. « Face à ces manquements, les ONG ont été dans leur rôle en dénonçant la trahison de Pékin. Sans surprise, les Etats se sont montrés plus timorés.
Mais il n’était pas illégitime d’espérer qu’ils arrimeraient un peu plus Pékin aux normes internationales. Depuis bientôt un an, et surtout depuis les émeutes de Lhassa, on constate l’inverse. La Chine se crispe, se referme, obsédée par la maîtrise sans faille de sa fête
A l’heure où l’économie mondiale craint une crise, il n’est pas indiqué de braquer l’un de ses acteurs les plus dynamiques. Mais sans verser dans le travers des donneurs de leçons, on aurait pu attendre un peu plus de fermeté, notamment des Européens. »
La France occupant actuellement la présidence tournante de l’UE, le président français Nicolas Sarkozy est la cible de nombreuses critiques car il sera présent à Pékin ce vendredi 8 août alors que les principaux dirigeants européens ont préféré se faire porter pâle. « Si le rétropédalage était un sport olympique, le président français Nicolas Sarkozy serait un candidat sérieux pour la médaille d’or« , ironise le magazine américain Time. La publication rappelle les propos tenus par le chef d’Etat français au mois d’avril.
Il s’était déclaré « choqué » par les événements tibétains et avait assuré qu’il n’assisterait à l’ouverture des JO qu’en cas de reprise du dialogue entre la Chine et les représentants du dalaï-lama. Mais sa position a bien changé depuis. Et le journal américain s’amuse du fait que le président Sarkozy a expliqué « qu’il n’avait pas la liberté de boycotter la cérémonie d’ouverture au nom de la France étant donné que d’autres pays attendent de lui qu’il représente l’Union européenne.«
Pour le quotidien espagnol La Vanguardia, les Jeux ne représentent pas seulement une épreuve pour la Chine. « Ils constituent aussi une épreuve pour l’Occident, bien moins puissant que les lors des siècles passés, qui doit apprendre à cohabiter avec une superpuissance différente et à établir des relations équilibrées. Ce processus a déjà commencé, comme en attestera la présence des grands dirigeants politiques de la planète dans la tribune des invités de la cérémonie d’ouverture des Jeux. »
Olivier Bra