Le Mali s’apprête a abrité dans les semaines à venir, de grands évènements de haute portée touristique. Parmi ceux-ci, le Salon International du Tourisme de Bamako et le Forum International du Tourisme Solidaire, dont l’organisation incombe au ministère de l’Artisanat et du Tourisme. Pour en savoir davantage sur l’état d’avancement de l’organisation de ces deux évènements majeurs, nous avons approché le ministre N’Diaye Bah. Interview.
Le Pouce : Où en êtes-vous avec l’état de préparation du Salon International du Tourisme de Bamako et le Forum International sur le Tourisme Solidaire ?
N’Diaye Bah : Nous avons fait un grand bond en décidant d’organiser au Mali deux grands évènements. C’est la première fois que le Mali organise un salon de cette envergure. Nous avons suffisamment vendu le Mali à l’extérieur, à tous les grands salons organisés de par le Monde. Nous nous sommes dits, il faut faire un salon ici pour rapprocher ceux qui vendent la destination Mali aux produits. Nous travaillons d’arrache pied pour la réussite, des deux évènements touristiques. Nous avons aujourd’hui une vingtaine de tours opérateurs qui vont venir.
Nous avons mis en place une commission nationale d’organisation avec des hommes de qualité. Nous sommes en train d’effectuer des missions de sensibilisation dans la sous-région pour que nos collègues ministres puissent participer à cet évènement. C’est dans ce cadre que nous sommes allés en Mauritanie, au Sénégal, au Niger. Nous nous apprêtons à faire une mission au Burkina Faso, au Bénin, au Togo, au Ghana, en Algérie et en Tunisie. Le Forum International sur le tourisme Solidaire (FITS) est aussi un évènement majeur. C’est la première fois que l’Afrique abrite le F.I.T.S et le choix est porté sur le Mali. Nous étions en concurrence avec le Maroc. Quand nous avons présenté les différents dossiers, c’est le Mali qui a été choisi. Le F.I.T.S va réunir plus de 400 participants. Il s’agit d’un évènement mondial qui est à sa 3ème édition. La première édition s’est déroulée à Marseille en France en 2003, la deuxième édition au Mexique en 2006. Sa préparation poursuit son petit bonhomme de chemin. Nous tenons chaque mois une réunion en France pour évaluer et aussi mieux préparer l’évènement. Nous avons jumelé les deux évènements dans nos missions de sensibilisation. Nous avons fait le même itinéraire que pour le SITOUR. Les deux points focaux Modibo Cissé pour le FITS et Boubacar Nafougo pour le SITOUR participent à ces missions. Ces deux évènements constituent un tournant dans le développement du tourisme au Mali. Le SITOUR sera le plus grand salon du tourisme de l’Afrique de l’Ouest.
Le Pouce : Quels sont les enjeux réels de ces deux évènements ?
N’Diaye Bah : Ils sont très simples. Le gouvernement du Mali a le mérite d’avoir identifié le tourisme comme étant un secteur très porteur. Nous sommes le seul pays que la Banque Mondiale a identifié comme pouvant développer le tourisme à travers le projet source de croissance. Nous bénéficions de beaucoup de crédibilité auprès de l’Organisation Mondiale du Tourisme. Elle a choisi le Mali pour abriter en mai 2009, la 90ème session de son comité exécutif. Ce sera un grand honneur pour le Mali. C’est pour vous dire que le tourisme avance. De 2002 à 2007, on est passé de 94 mille à 250 mille touristes ; de 117 hôtels, on est passé à 439. Les investissements cumulés dépassent les 100 milliards, sans compter les recettes engrangées par les opérateurs. Si le Mali le développe, comme il le fait actuellement, dans les trois prochaines années, le tourisme sera aussi important que l’agriculture, l’élevage et la pêche. Une étude de la CNUCED a fait ressortir, qu’en termes de produits vendus, le tourisme vient en 3ème position après le coton et l’or. Le tourisme développe le transport intérieur, l’agro-industrie, les B.T.P et favorise l’intégration économique. Nous ambitionnons faire du tourisme la locomotive qui tire notre économie.
Le Pouce : Quelles peuvent êtres les retombées de ces évènements pour le Mali ?
N’Diaye Bah : C’est bien sûr la notoriété de la destination. Si la destination est plus connue, les investisseurs vont venir. Nous menons en ce moment une politique agressive de promotion des investissements dans le domaine touristique. Je viens d’effectuer un voyage à Dubaï. Nous sommes en train d’attirer les Emirats vers chez nous. Nous voulons transformer notre désenclavement en avantage, en faisant de Bamako, l’entrepôt en produits manufacturés de l’Afrique de l’Ouest. Nous voulons faire de Tombouctou, un Dubaï de l’Afrique de l’Ouest.
Le Pouce : Certaines ambassades avaient déconseillé la destination Mali à leurs touristes. Peuvent-ils visiter à présent notre pays?
N’Diaye Bah : Nous sommes tous victimes d’une injustice. Je veux parler des pays africains. Il suffit qu’il y ait un petit coup de feu quelque part, pour que les ambassades appellent les voyageurs, pour leur déconseiller le déplacement. Malgré la crise au Nord, nous n’avons pas enregistré de baisse de flux touristiques à destination de Bamako. Ils ont au contraire progressé. Nous avons anticipé, en rencontrant à Paris, en compagnie des élus du Nord Mali, les tours opérateurs européens au mois de juin. Ils félicitent le Mali et trouvent que c’est un pays où il y a la bonne gouvernance et l’absence d’insécurité. Ce problème est maîtrisé.
Le Pouce : Le mot de la fin
N’Diaye Bah : Mon mot de la fin va à l’endroit de notre presse qui est très très importante. Aucun évènement ne peut réussir sans la presse. Dans les prochains jours, nous allons rencontrer la presse privée et publique pour qu’ensemble nous élaborions une stratégie, pour que le peuple s’approprie ces deux évènements. Par vos articles, vous pouvez inciter les investisseurs à faire plus. Nous comptons beaucoup sur l’ensemble de la presse malienne, pour réussir ces deux évènements majeurs que sont le SITOUR et le FITS que notre pays abriera dans la deuxième quinzaine du mois d’octobre.
Interview réalisée par
Tiémoko TRAORÉ