Les eaux de pluies font des ravages dans le District de Bamako et dans plusieurs autres localités du pays. Elles ne cessent d’emporter des habitats, eu égard d’une part, à l’état de certaines maisons, leurs sites inappropriés localisés dans les lits des eaux de ruissellement, mais d’autres part, de la mauvaise politique d’aménagement des villes.
A la veille de l’hivernage, à plusieurs reprises, nous avons alerté les autorités, notamment du District de Bamako face au danger qui menacent les habitants. La situation de l’urbanisation du District de Bamako est si précaire au point qu’on se demande si la politique d’urbanisation en vigueur tient compte des besoins et urgences du moment. En un mot, est-ce que cette urbanisation permet de préserver les habitats, donc de sécuriser les personnes et les biens ? Au regard de ce qu’on observe aujourd’hui, on se rend compte que notre appel n’a pas été entendu ou pris au sérieux.
Certes, il y a eu une réaction, mais elle est très timide pour plusieurs raisons. D’abord les autorités du District de Bamako et des communes ont commencé tardivement à curer les caniveaux. Même là aussi, le curage n’a pas été total.
On se rappelle, en effet que le gouverneur du District de Bamako, Ibrahima Féfé Koné avait fait une sortie à la télévision, au cours de laquelle il avait reconnu que les autorités du District avaient fait ce qu’elles pouvaient et que les populations devraient prendre le relais en ce qui concerne le curage des caniveaux.
Au-delà de cet aspect, il importe de préciser que le District de Bamako dispose de peu de caniveaux, notamment de collecteurs par rapport au rythme de son urbanisation. Cette situation a été plusieurs fois, décriée sans qu’il y ait des réactions conséquentes. Le comble, c’est que les quelques collecteurs principaux qui existent, ne sont pas toujours correctement entretenus. Le dernier ravage enregistré a eu lieu au niveau du pont de Woyowoyanko entre Djicoroni Para et Sébénikoro. Là, le spectacle était désolant le mercredi dernier.
En effet, des maisons avaient été emportées par les eaux de pluies pendant que d’autres étaient inaccessibles, compte tenu du haut niveau de l’eau. A ce niveau, il s’agit des maisons situées dans le lit ou en bordure du cours d’eau de Woyowoyanko.
Il y a plutôt lieu d’aménager un collecteur principal à ce niveau. On se demande pourquoi les élus communaux ont attribué les lots aux populations dans cette zone. Mais le mal étant déjà fait, il incombe à présent aux autorités du District, de mettre en œuvre les mesures adéquates, susceptibles de sécuriser les populations.
Les dégâts ont été importants et le gouverneur Ibrahima Féfé Koné qui a effectué un déplacement sur le terrain, n’a pas manqué de souligner que depuis trois ans, le problème existe. N’est-ce pas là un aveu de laxisme de la part du gouverneur ? On se rappelle qu’un peu plus tôt, c’est à Daoudabougou et Sogoniko que les eaux de pluies avaient provoqué des inondations. Grande était la désolation de certains habitants de ces quartiers. Rappelons que la rive droite est très pauvre en caniveaux et collecteurs.
Par ailleurs, dans certains quartiers de la commune VI, il n’ y a pratiquement pas de caniveaux et de collecteurs. Ainsi, les voies principales et les rues sont les lieux de ruissellement des eaux de pluies. Dans ces conditions, les fortes pluies représentent toujours des menaces pour les populations.
Alors, va-t-on continuer à rester dans cette insécurité qui ne fait que prendre de l’ampleur ? Les autorités du District de Bamako doivent prendre leur responsabilité en envisageant une politique d’urbanisation digne de notre…cité des trois caïmans.
Tiémoko TRAORÉ