Le suivi rapproché de la campagne agricole conçu et mis en œuvre par le ministère de l’Agriculture est en marche. Après la zone de l’Office de la Haute Vallée du Niger (OHVN), le week-end dernier, le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alassane, à la tête d’une forte délégation, a entamé, le mercredi 25 août, une mission de quatre jours dans les régions de Sikasso et Ségou. Dans le cercle de Bougouni (première étape), l’enthousiasme des producteurs autour de la subvention des intrants agricoles, la bonne pluviométrie et le bon aspect végétatif des cultures présagent une bonne récolte au terme de la campagne.
Le cercle de Bougouni a été la première étape de cette visite ministérielle dans la troisième région administrative du Mali. Sur son chemin, le ministre a visité les parcelles de sélection (1ha) de sorgho, maïs et niébé du semencier Aboubacar Traoré à Sanankoroba. Ces parcelles de variétés hybrides, qui attirent l’attention des usagers du tronçon Bamako-Bougouni, recevront la visite de l’ancien Secrétaire général de l’ONU en sa qualité de président du Conseil d’administration de l’Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA) ?
Très rassurée par l’état des parcelles visitées, la délégation ministérielle a pris la destination de Bougouni. Après l’accueil chaleureux des autorités administratives, politiques et coutumières, la visite de terrain, proprement dite, pouvait commencer. Ainsi, conformément au programme du jour, l’honneur est revenu aux champs de Drissa Diakité de recevoir Aghatam Ag Alhassane et son équipe au village de Klé-Sokoro, situé à environ 7 Km de la cité du Banimonitié.
Ce paysan-pilote a emblavé, cette année, 7 ha de coton, 6 ha de maïs et 2 ha de Niébé. L’aspect végétatif de ses parcelles se présente bien. D’ailleurs, son champ de coton, qui a beaucoup séduit la mission, est en pleine capsulaison et n’attend que son cinquième traitement contre les insectes nuisibles. Ce paysan, qui draine derrière lui 38 ans d’expérience dans la coton-culture, attend une production de 1,6 T par hectare.
La parcelle de maïs, également bien entretenue, est au stade de l’épiaison avancée. Au terme de la campagne, Drissa Diakité table sur 40 sacs de maïs (4 tonnes) à l’hectare. » La subvention des intrants m’a permis d’augmenter, considérablement, mes superficies emblavées. Dieu merci, la pluviométrie est meilleure que celle de la campagne écoulée. Et cela nous réconforte « , a-t-il déclaré. Au ministre de lui conseiller d’aller vers la politique du tracteur. Car, a-t-il expliqué, son utilisation a l’avantage de gagner du temps. » Organisez-vous pour trouver une ligne de crédit bancaire pour accéder aux tracteurs « , a suggéré le ministre.
Au nom des populations, l’imam du village de Klé-Sokoro, Broulaye Diakité, avait auparavant, non seulement, salué la démarche du suivi rapproché de la campagne agricole par le ministère de l’Agriculture, mais aussi, remercié le gouvernement pour la subvention des intrants agricoles à l’Initiative riz, élargie au coton et au maïs.
» La promotion des femmes rurales, un atout indispensable pour le développement socio-économique du pays ». C’est ce message fort, couplé au rythme du balafon et d’autres instruments du terroir, qui a accueilli vers 13h, la délégation ministérielle dans les parcelles de riz de bas-fond et de Nerica de la coopérative des femmes de Chobougou, situé à 70 Km de Bougouni en partance vers Sikasso. Ces braves femmes, qui n’avaient d’autres sources de revenus que la vente du bois combustible, se cotisent régulièrement à raison de 200 à 300 FCFA par personne pour mettre en valeur leurs 15 ha de riz de bas-fond et leurs 7 ha de riz Nerica. L’état végétatif des deux champs est satisfaisant. Grâce à leur abnégation, le président de l’APCAM, Bakary Togola, leur a, gracieusement, offert 30 sacs d’engrais chimiques cette saison. Ne disposant d’aucun moyen de production, par la voix de leur responsable, Diagné Mariko, les femmes de Chobougou ont sollicité le soutien personnel du ministre. Celui-ci leur a offert ,sur le champ, une somme de 50 000 FCFA pour l’alimentation de leur caisse.
Avant de leur promettre deux paires de bœufs de charrue pour les prochaines campagnes. Une véritable bouffée d’oxygène pour elles, car leur coopérative dispose déjà de deux charrues et de deux semoirs, adaptés à la riziculture. Mieux, la Direction du Génie rural a promis de voir dans quelle mesure elle pourra aménager les bas-fonds occupés par les femmes. Quant à la Direction nationale de l’Agriculture, elle s’est engagée à trouver une meilleure formule pour faciliter leur accès aux intrants.
La délégation a, ensuite, mis le cap sur les champs de riz et de coton du puissant producteur Bakary Togola à Niamala, situé à 6 kilomètres de Chobougou. Le champ de riz a été le premier à recevoir le ministre et ses hommes. Ici, le paysan-politique, a emblavé 200 ha de riz repartis, équitablement, entre deux variétés. A savoir, 100 ha de Gambiaga (Kokoni) et la même superficie pour le Nerica. Deux champs exemplaires de par leur étendue et leur bon entretien. Très émerveillés, les visiteurs n’avaient que leurs yeux pour admirer l’état végétatif des champs, qui est au stade de tallage-début floraison. Cette année, une équipe d’agronomes chinois y expérimente dix variétés de riz sur une superficie de dix ha, également.
Si l’initiative est bonne en soi, cependant, elle n’a pas de critique virulente de la part de nos chercheurs, qui ont regretté une telle expérimentation dans notre pays sans une autorisation préalable des services de recherche. Il a été convenu entre les protagonistes de se retrouver dans un bref délai pour mettre les points sur les » i ».
Après ces parcelles de riz, la délégation s’est rendue, sous un temps menaçant, dans l’imposant champ de coton, situé à quelques encablures de la résidence de Bakary Togola. Très bien entretenus, les 30 hectares de coton sont au niveau de la capsulaison. Comme pour limiter les commentaires des visiteurs émerveillés, une forte pluie a précipité leur retour au domicile de Bakary Togola, avant de prendre la route de Ifola, un village situé à 30 km de Sikasso ville dans le cercle de Sikasso.
Soumaila GUINDO Envoyé spécial