L’ambiance de la rentrée scolaire 2010-2011 se sent déjà dans certaines villes de la 3eme région du Mali (Sikasso, Bougouni, Koutiala et Kadiolo), au moment où les élèves sont toujours emportés par les activités des dernières semaines des vacances. Les parents sont inquiets par la double angoisse de trouver une place dans le meilleur établissement et de s’acquitter de la scolarité de leurs enfants.
Ce ne sont pas les structures d’accueil qui manquent dans ces localités ; bien au contraire, c’est une large gamme qui embarrasse les parents d’élèves. Les choix diffèrent d’un parent à l’autre, mais le souci premier demeure le même : trouver la bonne école, celle capable d’éduquer convenablement les enfants. Les parents d’élèves ont encore en souvenir les mauvais résultats des examens de l’année scolaire écoulée.
Selon Moussa Diallo parent d’élève, « l’Etat a l’obligation de recevoir les enfants à l’école, mais à l’heure actuelle ce n’est pas possible pour plusieurs raisons notamment la mauvaise gouvernance. Chaque parent soucieux de l’avenir de sa progéniture devra d’ores et déjà changer de fusil d’épaule ». Sur ce plan, les appréciations varient et déterminent les choix. Certains parents se fient aux publicités. D’autres préfèrent les écoles des quartiers huppés dont le cadre attire et rassure sur les conditions de travail et d’accueil des enfants.
Les parents les plus précis n’ont de repère que les résultats scolaires des années antérieures des établissements. A tout point de vue, le montant de la scolarité dans les écoles privées et encore la proximité jouent un grand rôle. Par-dessus, il existe une catégorie qui n’a pas le choix : il s’agit des pauvres, la seule issue est de trouver une place dans un établissement public.
En attendant l’effectivité de la rentrée, pendant que certains établissements privés multiplient les publicités dans les médias pour convaincre parents et élèves dans leur choix en avançant images et chiffres alléchants, d’autres fléchissent sous le poids des demandes. C’est le cas des quartiers de Wayerma 1 et 2 à Sikasso. Ils sont sollicités de toutes parts et leurs fondateurs ne savent pas à quel saint se vouer. Les performances à eux reconnues ont construit leur réputation au point qu’ils en sont victimes. Seuls les tests de sélection auxquels les parents se soumettent volontiers aident à juguler les flux. Quant aux établissements publics, ils n’ont pas besoin de tapage pour annoncer leur présence ; le secrétariat du directeur de l’école ressemble parfois à une salle d’attente d’un hôpital. Même s’ils sont traités à tort ou à raison de laxistes, ces structures restent de loin les plus pourvues en enseignants de qualité à qui le privé prête mains fortes.
Mais force est de reconnaître que l’inadéquation de ces écoles avec les défis de la scolarisation de nos jours, a engendré des effectifs pléthoriques qui entachent la qualité de l’enseignement et de l’éducation. Ce sont des réalités qui ont amené des parents à exprimer une certaine réticence à y inscrire leur progéniture dans le public en attendant un lendemain meilleur. Ces derniers se retrouvent dans le piège des établissements privés où souvent les classes rivalisent d’effectifs pléthoriques autant que le public. Et le désir des parents est doublement déformé : ils sont contraints de payer à prix d’or l’offre gratuite de l’Etat qu’ils ont fuie. Dans cette atmosphère d’interrogations et d’équations à résoudre, les principaux concernés, les enfants à inscrire apparaissent comme les grands oubliés. Le choix des parents ne traduit pas toujours leurs besoins réels.
B.Y.Cissé
(correspondant régional)