Ses qualités dans le domaine de l’audiovisuel, depuis Radio Soudan jusqu’à l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM) en passant par Radio Mali, ne sont cachées à personne. Aïssata Cissé, la doyenne de la presse malienne, s’est dédiée à la tâche. Son professionnalisme est reconnu en dehors des frontières du Mali.
Elle fait partie de ceux qui ont fait la Radio-Mali. Elle, c’est Aïssata Cissé, la doyenne de la presse malienne. Arrivée très jeune à Radio Soudan en 1959, la Nyéleni a vécu tous les changements de la seule chaîne publique du Mali (Radio Soudan, Radio Mali, Radio diffusion télévision du Mali et Office de Radiodiffusion télévision du Mali). Malgré la retraite, Mme Aïssata Cissé anime encore avec Boncana Maïga, une émission coproduite par l’ORTM et Mæstro Sound.
La dame à la voix captivante, s’est spécialisée dans la séduction des auditeurs surtout quand elle présente le journal parlé à la radio nationale ou à la télé. Pour de nombreux fans des émissions de l’ORTM, Aïssata est unique dans sa présentation. « C’est surtout sa voix qui me poussait à écouter la radio même si j’avais pas envie », témoigne un auditeur de Radio Mali.
Avec 45 ans au service de la nation, Aïssata Cissé, selon les témoignages de ses anciens collaborateurs, a été un des piliers sinon la cheville ouvrière de Bozola. « Si ce n’est pas le travail, le courage, mais surtout l’ambition de vaincre, il est rare de rencontrer dans le milieu de la presse des femmes tenir pendant tout ce temps », concède un des anciens collaborateurs.
On se rappelle qu’au cours de la cérémonie organisée le 19 avril 2007 qui a consacré le départ des anciens de l’ORTM, le directeur général de l’ORTM, Sidiki N’Fa Konaté, a lâché : « Aïssata est une véritable bibliothèque ambulante et le témoin vivant de l’histoire des médias au Mali ». Pour lui, Aïssata est « cette battante qui a ouvert la voix à la promotion de la femme dans les médias ».
Les autorités ont aussi reconnu sa valeur en la décorant. Les autorités de la Radio nationale ont tenu à immortaliser la citoyenne qui continue à être très active. La salle de rédaction du journal parlé porte son nom. Quoique retraitée, Aïssata n’a rien perdu de son talent. On le croirait toujours à ses vingt ans. De nombreux jeunes journalistes gagneraient à aller à son école.
Amadou Sidibé
Un pan de l’histoire :De Radio Soudan à l’ORTM
Instrument privilégié pour l’information, la sensibilisation, l’éducation des masses populaires, la radio est un moyen puissant de communication. Au Mali, Radio Mali a été de tous les combats pour l’avènement de l’indépendance et la construction d’une société démocratique.
De 1957 à nos jours, l’Office de radio diffusion télévision du Mali a connu une histoire riche et tumultueuse en événements, en hommes qui y ont travaillé.
Radio Soudan a commencé à diffuser le 1er juin 1957 sous la responsabilité du premier président du Mali, Modibo Kéita, alors maire de Bamako qui a procédé à son inauguration. La radio qui n’avait qu’une puissance de quelques kilowatts était appelée Radio Soudan. Après l’indépendance en 1960, Radio Soudan devient la Radio nationale du Mali (Radio-Mali). Elle va emménager dans les locaux de « La Maison de la Radio » dans le quartier de Bozola à Bamako.
Ses capacités techniques ont été renforcées avec des émetteurs tchèques de 18 à 30 kilowatts. Ses missions sont : sensibiliser la population, l’informer et véhiculer les idées de l’US-RDA pour une indépendance totale du pays. En 1968, une page sera tournée dans l’histoire de Radio Mali. Le coup d’Etat militaire de Moussa Traoré et de ses compagnons du Comité militaire de libération nationale (CLMN) met fin au régime socialiste de l’US-RDA.
Radio Mali suit des mutations sociales au rythme de la population. La station bénéficie de l’appui du gouvernement. Ainsi, en 1970, le gouvernement construit quatre émetteurs de 50 kW à environ six km de Bamako, précisément à Kati. Cela permet à Radio Mali d’atteindre une grande partie de l’Afrique occidentale. La portée des ondes étant estimée à environ 2500 km en ondes courtes, moyennes sans modulation de fréquence (FM).
En 1983, La Libye accepte de financer un centre de diffusion à Bamako, ce qui permet de diffuser RTM en chaîne de télévision en couleurs. Plus tard, les Allemands et les Français subventionnent des programmes (1984 et 1990). Ce qui permet d’étendre le réseau intérieur, avec l’ouverture des stations régionales de Ségou (1986), Koulikoro (1989), Sikasso (1990) et Mopti (1993). En 1992, un second réseau de diffusion radio nationale (Chaîne II) est créé.
Le 5 octobre 1992, le gouvernement malien se sépare de la RTM. Par la loi 92-021, la station, du contrôle direct du gouvernement, devient une entité à financement public, mais gérée de manière indépendante. La Radio télévision du Mali est transformée en un établissement public administratif à caractère administratif (EPA).
Cela faisait partie du processus de libéralisation nationale, l’avènement de la IIIe République.
Les radiodiffuseurs privés ont été légalisés, et la RTM a été réorganisée en Office de radiotélévision du Mali (ORTM) le 1er janvier 1993. De la « radio coloniale » à celle qui a aujourd’hui « La passion du service public », l’ORTM aura été de tous les combats pour la construction d’une nation juste solidaire, unie et éprise de paix.
L’ORTM, qui a célébré son cinquantenaire en 2007, avait réaffirmé cette ligne directrice dans les différents reportages, témoignages, interviews, entretiens, portes ouvertes de jouer sa partition dans la construction de la nation : en ayant toujours la passion de servir.
Denis Koné
Ancrage démocratique :Des Bamakois parlent de l’apport de l’ORTM
Dans le micro trottoir ci-dessous, des citoyens reconnaissent que Radio Mali a joué un rôle important dans l’ancrage démocratique, mais qu’elle doit et peut mieux faire.
Oumar Diarra (juriste) :
» La chaîne nationale est écoutée dans les localités les plus reculées du pays. Son apport dans l’ancrage démocratique a été très grand. Malheureusement, il se trouve qu’elle ne joue pas pleinement son rôle. Elle doit faire plus de place aux débats démocratiques ».
Moussa Fofana (société civile) :
» Radio Mali fait des efforts dans la sensibilisation des citoyens. Mais, elle n’est pas toujours capable d’exprimer certaines souffrances et aspirations des populations. La première radio libre ‘Bamakan’ a vu le jour en disant tout haut ce qu’on pensait tout bas. Présentement, les informations ne sont pas données à tous les niveaux, il y a certaines informations qui ne sont pas diffusées sur les bandes de Radio Mali qu’on trouve sur des radios privées ».
Mamadou Diarra (artiste) :
» Radio Mali a beaucoup fait dans le renforcement de la démocratie à travers la sensibilisation de la population non alphabétisée par la diffusion d’émissions et des sketches sur la démocratie. A travers certaines émissions, elle a véhiculé des messages de sensibilisation faisant comprendre les réalités du pays aux couches les plus défavorisées et mis le peuple malien au même niveau d’information ».
Aïchata Dembélé (ménagère) :
» Radio Mali joue un rôle important dans l’approfondissement de la démocratie. Elle a initié plusieurs émissions pour la compréhension et la consolidation de la démocratie. Mais, elle doit aujourd’hui faire mieux que ça ».
Propos recueillis par
Sidiki Doumbia
et Aminita Traoré
(stagiaire)
L’ORTM et l’Indépendance :Ils ont fait résonner la voix de Radio Mali
Les anciens de Radio Mali comme Oumar Cissé, Amadou Thiam, Papa Oumar Sylla, Fatim Sidibé, Baba Dagamaïssa, Lamine Coulibaly sont des références pour la jeune génération. De Radio Soudan en 1957, à l’ORTM maintenant que de chemin parcouru ! Si le parcours de Radio Mali s’est prêté à des controverses, la mission est restée intacte : servir le Mali.
Sortie des profondeurs de la nuit coloniale, Radio Mali a soufflé le 7 décembre 2007 ses 50 bougies. De la radio coloniale à la radio de service public en passant par la radio de libération nationale et d’édification, l’histoire de Radio Mali a eu ses pages de gloire mais aussi ses feuillets.
En réalité, les bâtisseurs de Radio Mali l’ont érigée les mains nues avec conviction et patriotisme. Et des présentateurs vedettes ont fait résonner la voix de la station nationale partout au Mali et au-delà des frontières. Il s’agit des anciens comme Abdoul Sy, Abdoul Karim Dravé, Oumar Cissé « OC », Amadou Thiam, Tiémoko Macalou, Tiona Mathieu Koné, Lamine Coulibaly, Aïssata Cissé, Fatim Sidibé, Baba Daga, Baba Djourté, Daba Sérémé, Daouda Ndiaye, Grand Jules… Certains de ceux-ci ont élaboré et présenté un journal spécial à 13 h le 7 septembre 2007 à l’occasion des 50 ans de Radio Mali.
L’édition spéciale a été l’occasion pour de nombreux Maliens qui se demandaient qu’étaient devenues ces icônes du micro. C’était une façon de raviver de vieux souvenirs. Certes, ils ne sont plus à Radio Mali, mais ils sont encore pour la plupart en activité.
C’est le cas par exemple de Tiona Mathieu Koné qui est présentement à l’EDM, Lamine Coulibaly, qui s’occupait à l’époque de la communication d’IBK, président de l’Assemblée nationale d’alors, Baba Daga qui était à la primature, Fatim Sidibé au Cespa… Ils n’ont rien perdu de leur voix. Ce jour-là, c’était de beaux souvenirs pour inspirer l’avenir. Ils ont écrit à leur façon les pages glorieuses et passionnantes de l’histoire de l’ORTM. Ils constituent des références pour la jeune génération. Mohamed Daou
Amadou Thiam, ancien cadre de Radio Mali : » L’apport de Radio Mali dans la démocratie est réel »
Retraçant l’historique de la station nationale, Amadou Thiam, un cadre de la Radio Mali à la retraite depuis 15 ans, affirme dans un entretien qu’il nous a accordé que l’apport de la Radio dans la démocratie est réel. Créée en 1957 sous le vocable Radio Soudan, la chaîne nationale a œuvré pour le développement du pays et le renforcement de la démocratie depuis les premières de l’indépendance.
Se rappelant des missions de son ancien service employeur, Amadou Thiam explique que le 22 septembre 1960 le président Modibo Kéita a proclamé l’indépendance du Mali sur les ondes de Radio Mali.
» La puissance de Radio Mali à l’époque était très faible. Elle était 4 kilowatts qui n’arrivaient pas à inonder les 2/3 du territoire national. Malgré ces limites, Radio Mali a servi d’instrument de combat pour le développement et le renforcement de la démocratie », ajoute ce journaliste de la première heure, ancien DGA, ex-conseiller technique au MIPT, ancien ambassadeur du Mali aux Emirats arabes unis (Abu-Dhabi). Et d’indiquer qu’à l’époque « L’Essor » et Radio Mali étaient des monopoles d’Etat.
La principale mission de Radio Mali est la formation de l’homme nouveau, c’est-à-dire l’homme de demain pour le développement du pays. Aux dires de notre interlocuteur, c’est à partir de la révolution de 1991 que l’Etat s’est dessaisi du monopole de la radio. Ce qui a permis la floraison des stations privées. « Chaque radio s’est insérée dans la démocratisation ».
Aujourd’hui avec la diffusion d’émissions comme l’Espace d’interpellation démocratique, le rôle de la Radio Mali, selon Amadou Thiam, ne peut être que bénéfique pour la démocratie.
La communication occupe une place centrale dans l’ancrage démocratique, ajoute-t-il. Aujourd’hui, Radio Mali aussi bien que les radios privées jouent un rôle important dans la démocratisation. « L’apport de chaque radio dans la démocratie a été réel », conclut M. Thiam.
Sidiki Doumbia
La presse écrite et le Mali :Histoire d’un amour difficile
De l’indépendance à nos jours, la presse écrite malienne a connu des fortunes diverses. Difficile de développer cette industrie dans un pays qui boude la lecture… Pourtant, nous avons eu des plumes célèbres ! Il arrive souvent, dans les moments de doute et d’interrogation, que l’on se pose souvent une question toute simple : pourquoi les Maliennes et les Maliens ne lisent pas ? Question toute naïve en apparence mais qui, au fond, est liée à une réponse qui nous désespère.
Les citoyens de ce pays ne lisent pas parce que jamais, avant, pendant et après notre indépendance, nous n’avons collectivement senti le besoin permanent de nous instruire, de nous former, de nous informer. De 1960 à 1968, nous avions, pour ce Mali, un rêve de destin collectif, de commun vouloir de vie commune et des ambitions de nous hisser parmi les meilleurs d’Afrique.
Hélas ! Le coup d’État du 19 novembre 1968 et venu détruire toute la base, détruire le métier d’enseignant et instaurer une maladie qui ravage encore la patrie. A la place de l’instruction, de l’éducation, de la lecture, de la culture, nous avons vu naître d’autres valeurs, deux obsessions qui sont : devenir porteur d’uniforme ou « grand commerçant riche ».
A quoi sert l’école est devenu le credo. Et nous avons ce résultat. Aujourd’hui, au Mali, aucun journal ne vend 5000 exemplaires par jour. Au Sénégal, en Côte d’Ivoire, certains en vendent 40 000 ! Au Burkina, ils sont au moins trois à vendre 15 000 exemplaires.
Et le gouvernement ne fait rien pour encourager la circulation de la presse. A cause de la TVA et des taxes, du refus d’exonérer la matière première qui entre dans l’impression des titres et aussi de l’électricité la plus chère de la sous-région par rapport au niveau de vie, nous aurons encore pour longtemps les journaux les plus coûteux.
Et pourtant, le Mali a su produire, même sous le régime militaire, des plumes qui ont fait notre fierté dans la Francophonie. Nous pouvons citer les Cheick Mouktari Diarra, Bandiougou Bidia Doucouré, Mamadou Kaba, Soumeylou Boubèye Maïga et d’autres pour ce qui concerne la presse écrite.
Qui ne se souvient des articles iconoclastes publiés par la revue gouvernementale Sunjata que des journalistes intelligents et téméraires avaient créé pour contourner astucieusement la censure ? Même dans les pires moments de la dictature sauvage de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), les frères Drabo, Souleymane et Gaoussou arrivaient, en prenant des sujets apparemment légers, à nous épater par leur plume et leur culture.
Comment peut-on évoquer ce parcours de la presse malienne sans citer feu le doyen Boubacar Kéita qui, seul, produisait et diffusait sur papier ronéotypé son cinglant canard « La Roue » ? A toutes les étapes de la vie politique nationale, des journalistes ont osé rompre les rangs pour mettre le doigt sur la plaie de l’infamie qui détruisait tranquillement ce pays.
Cheick Mouktari, Bandiougou Bidia (qui était aussi syndicaliste), S. B. Maïga ont publié des textes qui ont attiré l’attention de l’opinion et secoué la tranquillité des dictateurs.
On ne peut cependant que regretter, en observant ce qui se passe ailleurs dans le monde, que le débat d’idées, la confrontation d’arguments solides entre protagonistes ne soient pas une culture au Mali. Les rares « débats » tournent vite à l’inquisition ou à l’invective. Pour les jeunes de notre génération de Dakar, rares sont ceux qui oublieront les échanges (intellectuellement) musclées entre les professeurs de droit Kader Boye et Jacques M. Zouenkeu, de l’Université locale. C’était dans les colonnes de Sud-Hebdo. Un vrai régal mais quasi impossible.
Ousmane Sow
Épilogue :Le combat de la presse
La presse au Mali a joué un rôle déterminant dans la marche vers la démocratie et donc dans l’amélioration des conditions de vie et de travail des masses laborieuses. Son combat pour plus de liberté ne fut pas facile parce qu’en face les gouvernants, pourtant comprenant des hommes issus du peuple et même de la médina, s’accrochaient à leurs privilèges et bloquaient l’évolution du pays. Dès le début, de façon timide toutefois, la presse prit le parti du peuple et s’attira la méfiance des pouvoirs politiques.
Sous la Ire République qui avait mis au pouvoir un parti unique de fait, elle fut complètement étatique et au service du parti et du gouvernement. En dépit de cette orientation, elle fut de qualité même si elle était animée par des gens qui n’étaient pas des professionnels de la presse, mais de cadres passionnés pour ce métier.
Le nationalisme de l’époque et la ferveur militante suscitée par le contexte politique permirent de combler partiellement le manque de formation et de donner la bonne information sans tomber dans la flagornerie et l’apologie.
Mais incontestablement, le dirigisme imposé par l’Etat ne lui permit pas de s’épanouir pleinement, ce qui explique à suffisance le nombre réduit de journaux et de revues de cette époque.
Qu’il s’agisse de la presse écrite ou de la presse parlée, l’époque est surtout caractérisée par l’éloquence des animateurs de radios et par le style presque parfait des rédacteurs. Cette presse avait un rôle d’éducation qu’elle assuma tant bien que mal malgré l’insuffisance des moyens mis à la disposition des acteurs du secteur et leur faible niveau de formation.
La période du CMLN et de l’UDPM fut celle de la descente aux enfers de la presse. Toutes les libertés ayant été confisquées, à commencer par celles relatives à la presse, celle-ci fut sans voix 23 ans durant. Le seul quotidien autorisé « L’Essor » fut aux ordres du régime et ne parlait que de ce que les militaires et leurs acolytes civils voulaient bien entendre.
La radio nationale fut presque réduite aux avis et communiqués et aux pages nécrologiques lorsque des groupes de griottes, chantant les louanges des militaires, ne l’accaparaient pas. Ce bâillonnement de la presse eut des conséquences désastreuses sur la qualité des informations diffusées et l’édition des revues à caractère culturel.
En 23 ans de règne, le régime, très méfiant vis-à-vis des lettrés en général, ne produisit qu’un nombre dérisoire de journaux et de revues. Il faut d’ailleurs souligner que ces parutions étaient presque toutes au service des barons du régime et à leurs amis civils. Non seulement, elles étaient de qualité médiocre, mais également développaient des thèmes enfantins qui n’avaient rien à voir avec le développement économique du pays.
Dans le domaine de la presse, cette période est surtout caractérisée par la léthargie, la médiocrité et l’infantilisme visant à faire l’éloge du chef, de son épouse et de son clan. La presse croulait sous le poids de la censure et des autres moyens de répression.
Dans les années 1980-1989, la presse redevint courageuse et passe pour ainsi dire dans l’opposition politique. Il était alors apparu, avec l’installation du parti unique constitutionnel, que toute collaboration avec le régime était impossible et qu’il fallait œuvrer à sa chute.
Les hommes de presse n’hésitaient plus à dénoncer les maux qui rongeaient la société et la corruption installée dans les rangs de la classe politique officielle. Les différentes luttes entreprises dans ce cadre mirent le régime aux abois et finalement aboutirent à sa chute en mars 1991. Dans cette lutte contre l’autocratie, deux titres se manifestèrent de façon précoce : « Les Echos » et « Aurore », mais il peut y en avoir d’autres. Alors que jusque-là, la presse était d’Etat, après mars 1991, elle fut libéralisée, ce qui permit une floraison étonnante de titres et de revues.
Le paysage médiatique, au lendemain de mars 1991, était riche de plusieurs titres dont les 3/4 travaillaient dans le sens de l’approfondissement et de la consolidation de la démocratie. Mais dans le tas, il y avait aussi quelques-uns qui œuvraient pour le régime tombé, donc dans le sens de la restauration.
Les gouvernements de la IIIe République les tolérèrent ou décidèrent de les ignorer pour bien faire voir que la démocratie, c’était aussi la pluralité de la presse.
A côté de cette presse privée, il y avait la presse d’Etat qui travaillait pour le gouvernement et défendait la ligne officielle de celui-ci. De cette période à maintenant, des titres continuent de paraître dans tous les domaines de la vie socio-économique, mais force est aussi de reconnaître que tous ne sont pas de qualité.
Le recrutement de jeunes diplômés sans emploi dans le métier de journalisme sans contrôle, a contribué à faire baisser certainement le niveau de certaines publications. Il faut aussi noter l’accaparement de certains organes par des politiciens ou par des opérateurs économiques. Toutes choses qui conduisent à des orientations dangereuses.
La presse a donc joué son rôle de 4e pouvoir depuis 1991 avec des hauts et des bas, mais il n’y a aucune comparaison facile avec la période antérieure tant du point de la qualité que de la quantité.
Facoh Donki Diarra