Le Parti pour le développement économique et la Solidarité (PDES) apparaît beaucoup plus comme un appareil destiné à protéger et défendre ses initiateurs qu’un parti politique dont l’objectif réel est la conquête du pouvoir.
L’irruption du PDES sur l’échiquier politique national a suscité un tollé tant au sein des formations qui composent la majorité qu’est l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) qu’au sein de l’opposition. Beaucoup de Maliens se sont également interrogés sur les motivations réelles de la transformation du Mouvement citoyen en parti politique.
Pourquoi créer un parti politique affilié à un régime qui est à seulement deux ans de la fin de son dernier mandat ? Pour quelles raisons, Qu’est ce qui se dessine derrière la création du PDES ? Pourquoi de nombreux ministres se sont-ils retrouvés dans le PDES comme par enchantement ? Pourquoi la plupart des présidents d’honneur sont-ils des opérateurs économiques ou présidents d’institutions de la République ?
Autant de questionnements auxquels les initiateurs du PDES ont tenté de donner des réponses, mais sans convaincre. « Si c’est pour soutenir le président de la République, il n’y avait pas lieu de créer un parti. Mais, ce sont les formations politiques qui sont appelées à former le gouvernement. Mieux vaut avoir affaire à un parti politique qu’à une nébuleuse ». Ce sont les propos de Soumeylou Boubèye Maïga tenus devant un parterre de militants réunis le samedi 28 août dans le cadre de la 1ere conférence de la section de la Commune III du district de Bamako de l’année 2010 et peut-être ceux du Comité exécutif du parti de l’Abeille qui ont rencontré le jeudi dernier la direction du PDES à sa demande.
Pour acquérir la sympathie des partis politiques notamment ceux susceptibles d’accéder au pouvoir en 2012, le PDES a entrepris, depuis quelques jours, une opération de charme en leur direction. Si les partis politiques ont pour vocation de conquérir le pouvoir, la démarche du PDES, sans doute, apparaît tout autre. La réalité est que le PDES manque cruellement de candidat pouvant présider aux destinées du pays, (il n y a pas en son sein d’homme ou de femme charismatique, capable de mobiliser et de drainer des foules). De plus, il s’agit d’une jeune formation politique qui n’aura que deux ans en 2012.
Dans ce contexte, le PDES apparaît bien plus comme une stratégie concoctée par les amis du président non pas pour conquérir le pouvoir, mais « pour se mettre à l’abri » après 2012. Beaucoup de responsables du PDES ne sont pas exempts de poursuites judiciaires pouvant aboutir à des condamnations exemplaires, sévères et sans appel, dans un pays qui se veut réellement démocratique respectueux du droit. Et comme, il est de coutume, les partis politiques en Afrique sont devenus des « repaires » de bandits.
L’arrestation et l’incarcération d’un responsable politique pour fraudes fiscales, détournement de biens publics, sont généralement perçues sous le sceau de la politique quand bien même les faits reprochés sont avérés. Lorsque le leader politique, coupable d’indélicatesse, se trouve être un proche du pouvoir, il bénéficie souvent « de circonstances atténuantes », qui lui épargnent des ennuis.
La création du PDES s’inscrit donc dans une stratégie de préservation d’intérêt et servira de couverture pour nombreux de ses militants en temps opportun. Etant un parti politique, il est évident que le nouveau pouvoir issu des urnes pourrait faire un clin d’œil au PDES. Mais, resté dans sa peau de mouvement citoyen, il est fort probable qu’il aurait peu de chance à entrer dans le gouvernement du futur pouvoir.
Denis Koné