Le chef de la diplomatie algérienne fait le point sur le dialogue inter-malien, entamé le 16 juillet, et qui devrait être suspendu le 24 juillet avant une reprise à la mi-août. Première importante décision : les négociations prévues à Bamako se dérouleront à Alger avec la bénédiction du gouvernement malien et l’approbation des pays voisins, ainsi que des partenaires du processus : ONU, Cedeao, UA, UE et OCI.
Jeune Afrique : Trois jours après son entame, comment se présente le dialogue inter-malien ?
Ramtane Lamamra : Il se présente très bien. Sept mois nous séparent de la visite, le 19 janvier à Alger, du président Ibrahim Boubacar Keïta au cours de laquelle il avait demandé au président Abdelaziz Bouteflika que l’Algérie dirige le processus de sortie de crise, souhait partagé par les mouvements politico-militaires du nord du Mali. Sept mois de travail, de persévérance et de pédagogie. Nous nous sommes attelés à réunir le gouvernement malien et les mouvements politico-armés du Nord, en présence des pays de la région, des organisations régionales et internationales. C’est déjà un résultat non-négligeable. Les choses sont sur les rails et nous nous en félicitons.
Le début est tout de même laborieux. Le climat de méfiance est perceptible et les positions semblent inconciliables…
Une médiation internationale est, par définition un processus ardu. Son objectif est de concilier l’inconciliable. La complexité du dossier malien ne nous a pas empêchés d’obtenir un échange de prisonniers à la veille du début des négociations. Dois-je vous rappeler que la libération, le 15 juillet, des personnes détenues par l’État malien était prévue par l’accord de Ouagadougou signé il y a plus d’un an ? Le même jour, 45 agents gouvernementaux, civils et militaires, détenus depuis l’accès de fièvre du 21 mai à Kidal, ont pu enfin rejoindre leur foyer à la veille du lancement du dialogue à Alger. Cette mesure d’apaisement et de confiance ainsi que son aspect humanitaire démontrent la détermination des parties maliennes à aller de l’avant.
Les mouvements armés contestent la présence de groupes politico-militaires de l’Azawad estimant qu’il ne s’agit pas de belligérants. Cela pollue-t-il davantage les négociations ?
Ce n’est pas une situation inédite. Nous avons été confrontés au même problème à Ouaga. Je vous rappelle que l’accord arraché, en juin 2013, par le président Blaise Compaoré et le ministre Djibril Bassolé a, dans un premier temps, été signé par les mouvements armés avant de voir, quelques jours plus tard, les autres groupes politico-militaire y adhérer. Dans la préparation du dialogue que nous avons entamé, le 16 juillet, nous sommes en présence d’un groupe de mouvements ayant signé la déclaration d’Alger, le 9 juin, et d’un autre s’étant engagé dans une plateforme adoptée, le 14 juin, toujours à Alger. Nous sommes convaincus d’une chose : un dialogue inclusif est la meilleure garantie pour la durabilité d’un accord et sa crédibilité aux yeux de l’opinion malienne. En d’autres temps et d’autres lieux, ces querelles de représentativité ont retardé les solutions de sortie de crise avec souvent des conséquences douloureuses pour les populations…Lire l’article sur Jeuneafrique.com
Source: Jeune Afrique