Le pays traverse une grave crise de trésorerie, le panier de la ménagère se vide, les jeunes réclament des emplois, les travailleurs compressés menacent de marcher la semaine prochaine, les enseignants qui réclament des indemnités de logement sont presque exclus de l’école. Pire, une gestion catastrophique des finances publiques a mis le pays à genoux. Les caisses du Trésor sont vides, mais le gouvernement, faute d’informations fiables, refuse d’avouer. La banqueroute est-elle évitable ?
Nul besoin aujourd’hui d’être un expert en fiscalité pour savoir que les caisses du Trésor public sont vides. Le Premier ministre Modibo Sidibé et son gouvernement tentent néanmoins de donner le change en soutenant que les bailleurs se tiennent à leur disposition pour financer le pays.
Le gouvernement est de ce fait contraint de se précipiter vers des réalisations qui ne sont que les conditions imposées par ces partenaires, en l’occurrence, les privatisations, aux risques et périls de la Nation. La dernière rencontre du premier ministre avec le FDR a révélé que le gouvernement n’est pas suffisamment informé sur la réalité des chiffres.
Le Front pour la démocratie et la République n’a pas contourné la difficulté : «le Mali, a-t-il dit, traverse une crise de trésorerie sans précédent. A la fin du mois de mai 2008, le trésor public cumulait plus de 200 milliards de Fcfa d’impayés. Entre la fin du mois de juin et la mi-juillet, ce chiffre dépassait 260 milliards. Si cette situation n’est pas maîtrisée, c’est toute l’économie nationale, y compris le système bancaire, qui risque d’être étouffée.
Sur cette question, il est urgent de mettre fin à la politique de l’autruche et des faux-fuyants. Les services de l’assiette doivent être mis en position de s’acquitter de leur mission. Il est urgent de desserrer l’étau de certains opérateurs économiques sur la douane et les impôts».
Le FDR n’a pas manqué d’attirer l’attention sur la pratique financière inappropriée des exonérations. Face à la flambée des prix des produits de première nécessité qui accable le peuple malien depuis plusieurs mois, a-t-il indiqué, le gouvernement donne l’impression d’une impuissance criarde. La lutte contre les spéculateurs qui s’enrichissent sur le dos de l’Etat et du peuple, a-t-il précisé, n’est pas menée avec esprit de suite.
Une poignée d’opérateurs économiques continue de bénéficier d’exonérations au détriment du trésor public sans impact sur les prix à la consommation. Toutes choses qui indiquent que Modibo Sidibé et son équipe sont en train de conduire le pays dans une situation fiscale catastrophique.
On se trouve donc face à un gouvernement qui, dans l’improvisation, s’est décidé d’appliquer une méthode au coup par coup des subventions et des exonérations, soit disant pour soulager les populations, mais qui, en réalité, appauvrit de plus en plus les populations déshéritées.
Ce manque d’anticipation grève le budget des services publics, or si l’argent ne circule plus, ce sont évidemment les marchés qui, les premiers, vont en ressentir les effets, avant les pauvres ménagères déjà contraintes de revoir leurs menus au quotidien.
Cela s’appelle tout simplement de la mauvaise gestion des finances publiques. Concernant les exonérations, lors d’une interview qu’il nous avait accordée, le secrétaire général de la CSTM, Hamadoun Amion Guindo avait souligné : «en son temps, nous les avons condamnées parce que nous ne croyons pas aux effets bénéfiques de ces exonérations.
Nous avons dit quelque part que c’est presque des détournements de deniers publics. Parce que connaissant l’essence même sinon l’esprit du commerçant, qu’il soit du nord ou du sud, son aspiration et sa raison d’être, c’est le profit. Ce n’est pas facile de demander à ces opérateurs économiques psychologiquement et professionnellement formés pour cela, de dire qu’avec des exonérations, on va contrôler les prix.
Nous nous sommes dit au niveau de la CSTM qu’il fallait plutôt que l’Etat essaye de gagner le maximum de ses recettes et qu’ayant des exigences par rapport à une situation, qu’il se donne les moyens de combattre vigoureusement ce problème, surtout que ce n’est pas la première fois que nous avons vu des exonérations octroyées mais qui n’ont absolument servi à rien. Donc fondamentalement, nous étions contre et nous disons encore une fois que ce n’est pas une bonne chose que l’Etat se prive d’une grande partie de ses capacités de financement».
Or récemment, dans l’un de ses discours ATT a laissé entendre que l’Etat était en train de tout subventionner. L’administration étant une continuité, il est aujourd’hui plus qu’urgent de redresser la barre d’un gouvernail qui conduit à la dérive. Le FDR a attiré l’attention sur cette urgence de changer de politique et d’approche dans la gestion des problèmes du pays.
Il avait notamment tiré la sonnette d’alarme en ces termes : «le gouvernement et sa majorité qui gèrent aujourd’hui le pays n’en sont pas les propriétaires. Les actes qu’ils posent ou qu’ils ne posent pas, les décisions qu’ils prennent ou qu’ils diffèrent ont des conséquences sur le présent et l’avenir du pays».
En clair, si le pouvoir ATT conduit le pays à la banqueroute au profit d’une minorité complice, il sera difficile pour ses successeurs de redresser la barre, au moment où une féroce compétition sévit dans la sous région pour ne pas dire au niveau mondial. Notre pays, déjà très mal classé parmi les pays pauvres, risque de poser à ces futurs gouvernants des problèmes insolubles.
L’opposition s’est déjà rendue à l’évidence de la grave situation financière qui sévit déjà au mali et a tiré la sonnette d’alarme en soumettant un Mémorandum au Premier ministre Modibo Sidibé. Le gouvernement prendra-t-il la pleine mesure de la situation avant le crash ?
Baba Dembélé