De plus en plus, ce début de canicule fait parler de lui en mal, tant ses effets… suants deviennent aussi énervants qu’insupportables. Aussi, c’est l’inquiétude, voire l’anxiété qui s’empare des esprits, celui des Bamakois en particulier.
C’est que la capitale est certainement la ville dont l’air est le plus pollué : une pollution que la démographie galopante du District, les fumées en tous genres et les environnements insalubres ne sont pas de nature à arranger, bien au contraire. Si bien que des milliers de Bamakois regrettent l’air pur des campagnes et leurs verdures vivifiantes et apaisantes.
« Voilà des années que je vis à Bamako. Mais je ne suis jamais parvenu à m’y habituer à respirer convenablement. N’eûssent été les exigences de mon boulot, il y a longtemps que j’aurais déménagé dans mon village. J’étouffe ici ! « , se lamentait un responsable, pourtant haut placé. Mais au fait, à qui le disait-il, puisque son avis est partagé par tous les habitants des six Communes du District ?
Du reste, si ce n’est contraint et forcé, qui aimerait vivre « éternellement » à Bamako, une ville où l’on étouffe en effet, où l’on peut passer toute sa vie sans jamais pouvoir s’aérer les poumons d’air pur (il n’ y en a pas !), où l’on se trouve quotidiennement agressé par des senteurs malfaisantes, où l’esprit et les sens sont perpétuellement malmenés par des spectacles et circonstances de tout acabit ? Quoi donc de plus normal que d’année en année, l’espérance de vie des citadins se réduise comme peau de chagrin, d’autant plus que personne (ou si peu) n’y met du sien pour contribuer un tant soit peu à la salubrité environnementale?…
Il est bien vrai que les changements climatiques tant décriés sont pour queqlque chose dans cette brutale recrudescence caniculaire. Il est également vrai que nous sommes en Avril-Mai. Mais cette chaleur suffocante et infernale ne dit rien qui vaille : elle est tout simplement dangereuse.
Aussi, les autorités sanitaires doivent dès à présent se tenir prêtes à déclarer la guerre à une éventuelle épidémie… de méningite. Bien sûr, nul ne la souhaite ; mais des mesures sont à prendre dès à présent.
D’ailleurs, l’autre ne disait-il pas que « prévenir vaut mieux que guérir » ? Aussi jette-t-on un clin d’œil en direction du « grand Médecin en Chef » (le Ministre de la Santé), lui dont le département a toujours été prompt à prendre des mesures à chaque urgence sanitaire. Comme ce fut le cas pour la grippe aviaire et d’autres fléaux venus d’ailleurs…
Cependant, à eux tous seuls, que peuvent entreprendre le Ministre de la Santé et son département, lorsque les cioyenseux-mêmes ne prennent pas, à l’avance, les mesures traditionnelles, simples et pas du tout coûteuses, en vue de se préserver des éventuels ravages oganiques dûs à cette canicule? C’est dire que s’il faut indiquer, à l’intention de nos toubibs (docteurs, médecins et autres agents de santé…) que « mieux vaut prévenir que guérir« , il est encore mieux de signaler, à l’attention des citoyens : « Aide-toi à… te soigner, et le Ciel t’aidera« .
C’est dire enfin que si le meilleur des médecins est celui qui fait sien l’esprit de prévention sanilaire, le meilleur des citoyens est aussi celui qui prend les moindres des mesures de précaution requises en cas de menace d’une maladie.
Tous ces avertissements valent aujourd’hui leur pesant… de santé (peut-on dire), d’autant plus qu’on apprend (avec horreur !) que quelques cas de méningite ont déjà été détectés dans deux localités de Markala : à Babougou et à Barakabougou. Hereusement que la baraka aidant, et grâce à la prompte réaction d’équipes sanitaires (pour les vaccins), le mal dû à la propagation de la maladie a été circonscrit : un coup de chapeau donc au Ministère de la Santé, pourvu qu’il… ne dorme pas sur ses bistouris, pardon, ses lauriers…
En attendant, la canicule est en train de cuire et le cuir chevelu, et la peau et les os : et même les animaux en ressentent les effets ! En effet, le dimanche dernier (18 avril), nous fûmes témoin d’un spectacle aussi burlesque que rarissime, voire inquiétant : sur les berges du fleuve, vers midi (le moment le plus torride), on vit un chien déserter subitement son maître pour aller… plonger dans l’eau. Il y resta immobile, comme submergé de soulagement. Et ni les appels, ni les menaces de son propriétaire ne purent décider l’animal à sortir de son abri aquatique précaire et provisoirement salutaire (il faut en convenir).
Aussi, une passante déconcertée, de lancer ce qui était presque une lapalisade : « Hé ! Si même les animaux redoutent cette chaleur, qu’adviendra-t-il donc de nous autres humains ?« . Mais à qui posait-elle la question?…
Le VIATOR