A la fin de chacune de ses méditations, notre vieille mémé (paix à son âme !) avait coutume de s’exclamer : « Celui qui n’a pas assez vu et entendu dans cette vie n’a certes pas vécu longtemps et en bonne santé« . Au fil des années, nous nous sommes rendu compte de la véracité de ce trait d’esprit, au regard même des faits inouis ou inimaginables, surtout politiques, qui se déroulent chaque jour que Dieu fait.
Sous nos cieux, et plus précisément sur l’arène politique malien, ce trait d’esprit n’en prend que plus de signification. Aussi ne serait-on pas étonné de voir… des Abeilles « avaler » des Béliers et les entraîner dans leur Ruche. En termes clairs, les Abeilles, ce sont les Adémistes ; les Béliers, ce sont les « Parénistes« , entendez, les responsables du Parti de la Renaissance Nationale (PARENA) ; et la Ruche, c’est l’Adema-PASJ.
En effet, des rumeurs de plus en plus persistantes, voire assourdissantes, font état d’une éventuelle fusion du parti du « Bélier blanc » de Tiébilé Dramé dans celui de « l’Abeille » de Dioncounda Traoré. Lesdites rumeurs ont d’ailleurs tôt fait de se transformer en… secret de polichinelle, car certains confrères de la place ont déjà « mis le grappin » sur le fin mot de cette histoire qui, il faut en convenir, dépasse l’entendement : le PARENA, un parti d’opposition, et non des moindres, se fondre dans l’Adema ! « Aouzoubilaï ! « , s’exclamerait l’autre. Mais « que pasa? » (que se passe-t-il?), s’interrogerait cet autre.
Aux dires d’un proche du CE-Adema, il a efectivement été question de ladite fusion ; mais ses conditions et autres modalités ne sont pas encore finalisées. Et un autre Adémiste, de confier : « A l’heure où l’on évoque de plus en plus la nécessité, voire l’utilité de la fusion des partis, il est louable, et même souhaitable, que les partis étudient ensemble leurs orientations réciproques, pour voir s’ils ont des tendances communes, en somme, des atomes crochus. Ce qui leur permettrait d’unir leurs forces, sans pourtant renier leur idéal et leur vision politiques« .
Certes, la remarque est trop belle qui mériterait d’être réalisable, en ce sens qu’au niveau de la sous-région, sinon du continent africain, notre pays est certainement le plus prolifique en partis : pas moins de 120 partis ! Qui dit mieux ou… mal ? Aussi, l’idéal ou… le rêve serait que tous ces partis consentent à se rapprocher, se concerter, se rassembler et s’unir selon leurs affinités réciproques. Et l’autre rêve serait que cette (plus que) centaine de partis se réduisent …à 15 ou 20 : ce qui serait vraiment acceptable, bien que même là encore…
Aussi, lorsqu’on annonce la fusion du PARENA dans l’Adema, cela voudra dire que les vieilles querelles de clochers sont désormais enterrées et oubliées. Mais cela devra également vouloir dire que les dirigeants du PARENA se sont décidés à cette fusion de façon libre, consciencieuse et sans contrainte du genre « tord le bras« . Mais est-ce vraiment le cas ? A cette question, bien des citoyens pensent à une réponse négative : Non !
Aussi, les observateurs avisés de l’échiquier politique, de pointer du doigt… le prédecesseur d’ATT (Alpha Oumar Konaré) en lui attribuant la paternité de ce soudain virage du PARENA vers l’Adema. Quoi qu’il en soit, l’on se rappelle que lors de sa dernière adresse à la Nation malienne, le cousin A.O. Konaré avait expressément assuré qu’il quitte le pouvoir, mais qu’il est et restera Adema. A cela, il faut ajouter un autre fait qu’aucun Malien n’ignore du reste : Tiébilé Dramé est un parent par alliance de Alpha Oumar Konaré.
En juxtaposant ces deux faits, on peut supposer que celui qui fut Président de la 3è République du Mali est l’instigateur de ce rapprohement Adema-PARENA, bien que « l’hirondelle ne faisant pas le printemps« , d’autres raisons plus occultes et inauscultées puissent être à l’origine de cette fusion inédite.
En effet, on pourrait supposer que les barons de l’Adema ont su trouver les arguments adéquats (« le défaut de la cuirasse« , pourrait-on dire) pour ramener les « Béliers » dans la famille des Ruchers. Tout comme on pourrait penser qu’après mûres réflexions et méditations sur leur avenir politique relatif à l’échéance 2012, les leaders du PARENA ont jugé que leur salut politique réside dans cette fusion… Mais alors, pourquoi cette fusion dans l’Adema et non dans l’RUD ou tout autre parti ? Allez… ne pas savoir, la politique ayant ses raisons que l’apolitique et les politiciens eux-mêmes ignorent souvent…
Par ailleurs, l’on constate que l’annonce de cette fusion survient quelques jours seulement après l’appel-proposition lancé par ATT à l’opposition pour faire partie du Guvernement. Un appel auquel le RPM d’Ibrahim Boubacar Keïta et le PARENA avaient répondu par des propos mitigés, certes, mais qui ne disaient pas « non« .
L’autre constat, c’est que l’annonce de la fusion « Abeilles-Béliers blancs » intervient quelques jours après la grande réconciliation entre les partis historiques : l’US-RDA et le PSP. Coïncidences ou faits concommittants ? A cette question, seuls Dioncounda Traoré de l’Adema, Tiébilé Dramé du PARENA, et dans une moindre mesure peut-être, ATT, Alpha Oumar Konaré et IBK, pourront donner une réponse. Mais au fait, que pensent le Secrétaire Général du parti SADI, Oumar Mariko, et le Président du parti des « Tisserands« , IBK, de cette soudaine annonce de fusion PARENA-Adema?…
Au-delà des ambitions et intérêts nourris de part et d’autre par les partis dans la perspective de 2012, bien des cogitateurs s’interrogent : de quels arguments-massue les gourous de l’Adema se sont-ils servis pour ramener les « Béliers en chefs » du PARENA dans leur giron, voire à leur cause ? Surtout quand on sait que des dirigeants « Parenistes » convaincus de la trempe de Djiguiba Keïta dit « PPR » (Secrétaire Général du parti) et de Me Hamidou Diabaté ne sont pas « nés de la dernière pluie » politique pour se laisser aussi facilement « raconter fleurette » (toujours sur le plan politique).
Dans tous les cas, la chose semble désormais entendue, et le pacte paraît scellé pour de bon entre l’ADEMA et le PARENA, n’en déplaise peut-être aux autres partis de l’opposition, à l’instar du RPM et du parti SADI, dont on voit mal les dirigeants respectifs, en l’occurrence, IBK et Oumar Mariko, se rallier à une cause adémiste : ce qui serait considéré, non pas seulement comme inimaginable ou une utopie, mais comme… le monde politique malien à l’envers !…
Le PARENA va donc à l’Adema : les délégations des deux partis se seraient déjà concertées depuis le jeudi 8 Avril au siège de PARENA. Les derniers détails de ce « mariage » politique étant à régler dans l’immédiat, on n’attend plus que de voir si… cette nouvelle alliance de raison (?) tiendra lontemps la route et résistera aux dures secousses poitiques que les échéances électorales de 2012 ne manqueront certainement pas de nous faire voir. Donc, « wait and see » (attendons pour voir) ?.
Oumar DIAWARA