« J’ai failli devenir folle… J’avais honte de sortir dans la rue ; de me rendre dans le commerce pour effectuer mes activités… ». Les témoignages contre Wo-tigui ne finissent pas. Tous plus accablants et ayant en commun une suprême humiliation des victimes.
Parmi les nombreuses proies, figure une présumée voleuse d’or. Son histoire ressemble à celle de toutes les autres victimes du sieur Adama Konaté surnommé le Wo-tgui, le maître du trou. Madame Nandy Camara raconte.
Tous les protagonistes sont membres d’une grande famille. Au mois de février 2009, une cousine prétendit avoir été victime du vol de ses bijoux en or d’une valeur de plus de 250.000 F CFA. Tous les autres membres de la famille l’aidèrent à trouver les objets prétendus volés. Mais les recherches ne donnèrent rien. La victime invita alors tout le monde à se rendre chez Wo-tigui sis à Sotuba.
Ici, séjourne un individu répondant au nom de Adama Konaté. Il possède un trou magique susceptible d’identifier tout coupable qui y introduit sa main (lire Aurore du 08 Avril 2010). Il suffit pour l’appelé (es) d’introduire leur main dans ledit trou et de tenter ensuite de la ressortir. Tout le monde y parvint alors sauf le véritable coupable.
La présumée voleuse qui ne doutait pas de sa propre bonne foi encore moins de celle de Wo-tigui et de sa cousine s’engagea à son tour. Là, elle fut reconnue coupable par le trou. Impossible pour elle de se libérer. Elle jura n’être pas coupable et évoqua tous les Saints du monde. Mais rien à faire. Le verdict du trou était suprême. Elle devrait seulement avouer pour être libre. Elle finit donc par avouer sous l’œil vigilent des caméras et appareils photos des téléphones portables.
Puisqu’elle venait d’avouer, elle devrait donc rembourser la valeur marchande des objets volés et payer la prestation du Wo-tigui. C’est au prix de son engagement à s’exécuter qu’elle recouvrit la liberté. Son père paya alors cash 400.000 F CFA tout frais compris.
Cela ne lui évita cependant pas l’humiliation puisque les images vidéo recueillies au cours de la séance feront le tour de la capitale et seront même envoyé à l’extérieur.
En famille, la malheureuse fut désormais appelée « la voleuse d’or» ou « la « femme de Wo-tigui ». La honte et le déshonneur la contraignirent à rester constamment à la maison, abandonnant ainsi le petit commerce dont elle vivait. Son frère dut s’exiler. Pendant une année, elle vécu dans l’ombre par peur d’être reconnue et indexée.
L’un des premiers gestes qu’elle exécuta à visage découvert fut de se rendre à notre rédaction à l’annonce de l’arrestation de Wo-tigui par l’Inspecteur principal PAPA Mambi Keïta surnommé l’Epervier du Mandé dans la première semaine du mois de Mars.
Suite à la plainte d’une énième victime, le tribunal de la Commune II lança le policier à la trousse de Wo-tigui. Une enquête minutieuse permit de confondre le prétendu détenteur de sciences occultes.
Le trou qui n’avait rien de magique n’était qu’un mécanisme digne d’un prestidigitateur. Le « maître pactisait auparavant avec la présumée victime et ensemble, ils décidaient d’innocenter ou d’inculper qui ils voulaient.
« Je ne pardonnerai jamais à ceux-là qui m’ont déshonorée. Que Dieu les afflige de la même manière » maudit ainsi la «voleuse d’or». Durant une année, poursuit-elle, jour pour jour, j’ai prié pour que ce jour arrive. Que, de la plus belle manière, le Juge Suprême qui est aux Cieux, tranche la question. Il l’a fait ! ». Et elle éclata en sanglots !
D’autres victimes nous ont fait part de leurs témoignages. Toutes se réjouissent de l’interpellation de Wo-tigui et de ses complices. Toutes ont porté plainte contre lui. Son procès sera certainement l’un des plus retentissants.
B.S. Diarra