Ancien parti majoritaire ayant géré le pays pendant dix ans, l’Adema s’est fixé comme objectif la reconquête du pouvoir politique à la présidentielle de 2012. Cette ambition a été révélée depuis la veille de élections de 2007. Et peu après ces élections, les ténors du parti de l’Abeille Solitaire se sont lancés dans une dynamique de récupération de cadres et militants de partis, voire de partis entiers. Consécutivement à cela sa position sur l’échiquier politique a été renforcée. Dès lors, les ténors du parti avaient déjà atteint un objectif majeur qui est la consolidation des acquis à défaut de la reconstitution de l’Adema originel.
La question majeure qui est posée est relative au choix du candidat du parti. Au sein de l’opinion publique nationale, beaucoup de gens pensaient que c’est l’actuel président du parti et non moins président de l’Assemblée nationale qui serait en mesure d’émerger.
Mais, avec les récents événements, en l’occurrence les débats autour du code des personnes et de la famille, l’Adema, à travers son président a pris un coup dur qui, selon toutes les probabilités, entameront son aura politique. Le code des personnes et de la famille, à en croire le Secrétaire politique de l’Adema Ousmane Sy a été initié par son parti au moment où il était lui-même membre du gouvernement.
C’était sous le régime du président Alpha Oumar Konaré. Et depuis cette date, il n’avait jamais été soumis à l’Assemblée nationale pour vote. Pour le Secrétaire politique, le thème est très sensible. C’est pourquoi dans une interview, il a désapprouvé les circonstances et le choix du moment pour soumettre le document précieux à la sanction des députés. Par la même, Ousmane Sy n’a-t-il pas désapprouvé par ricochet le président de son parti qui est celui de l’Assemblée nationale ?
Dans tous les cas, les conséquences de l’adoption du projet de code des personnes et de la famille par les députés ont été un coup dur pour Dioncounda Traoré, pris à partie par beaucoup de Maliens. Ainsi, au sein de l’opinion publique nationale on a du mal à comprendre qu’il ait accepté de donner sa caution à ce code décrié par une frange importante de la population.
Pour beaucoup de gens, il n’aurait pas dû, puisque d’autres présidents de l’Assemblée nationale, avant lui, n’ont pas voulu toucher à ce projet de code des personnes et de la famille, estimant qu’il est très sensible et pourrait être de nature à susciter des remous sociaux. On estime que ceux-ci ont eu un bon réflexe.
Avec cette question du code des personnes et de la famille, la popularité de Dioncounda Traoré a pris un coup dur. Va-t-il pouvoir s’y remettre ? Rien n’est moins sûr que cela, puisque malgré le renvoi du texte à une seconde lecture les attaques continuent entre des érudits de l’Islam. Décidément, la sortie de ce projet de loi à l’Assemblée nationale a causé du tort au sein de la population.
Et avec les jugements des uns et des autres, si l’Adema misait sur la candidature de Dioncounda Traoré, il va falloir qu’il revoie sa copie au risque de rater le coche. Pourtant le Mali doit évoluer au même titre que les autres nations. Et l’Adema a encore trois ans pour rectifier son tir d’ici la présidentielle. Les têtes pensantes ne manquent pas pour ce faire.
Sinaly