A quelques encablures de la date du 20 août, annoncée pour de nouveaux rounds de négociation, à Alger, au sujet de la crise du Nord, tous les signes avant-coureurs penchent vers un report. D’une part, le Gouvernement reste ferme sur ses préalables. De l’autre, la rébellion armée prétexte cette position de fermeté pour ne faire aucune concession. Entre les deux positions, le Facilitateur algérien manifeste de plus en plus des signes d’agacement.Après l’échec des précédentes négociations dans la capitale algérienne, c’est en principe le 20 août prochain que le Gouvernement et la rébellion devraient se retrouver pour de nouveaux rounds de négociation. A quelques jours de ce rendez-vous, tous les indices penchent vers un report inévitable. Et pour cause : malgré une intense activité diplomatique du facilitateur algérien, chacune des deux parties reste campée sur ses préalables.
Pour le Gouvernement, la libération des otages est un impératif à satisfaire préalablement à toute négociation et dans une certaine mesure, la restitution des armes et matériels volés lors d’attaques de garnisons par les rebelles. Pour leur part, les rebelles de Bahanga insistent sur l’allègement du dispositif militaire avant de procéder à tout geste de « bonne volonté ». Comme on le voit, il s’agit jusque-là de positions non conciliables.
Selon des sources proches du dossier, la rébellion aurait fait part de son désintérêt pour toute nouvelle négociation. Pour Bahanga et sa bande, se prenant décidemment très au sérieux, point n’est besoin d’effectuer le déplacement d’Alger dès lors que le Gouvernement n’est pas prêt à sacrifier à leurs revendications. Ce, d’autant plus qu’ils ne sont pas non plus dans la logique de libérer les otages avant d’avoir obtenu l’allègement du dispositif militaire, à savoir le retour de l’armée dans les positions qu’elle occupait avant le déclenchement des hostilités.
Entre ces deux positions, le Facilitateur algérien dont l’intervention a été sollicitée par chacune des deux parties commencerait à manifester des signes d’agacement. Le grand voisin du Nord s’attendant à des concessions de la part de parties qui ont elles-mêmes demandé son intervention dans un conflit interne. Cette autre donne n’est pas près de simplifier l’équation lorsqu’on sait qu’après la suspension de la participation algérienne, les négociations avaient connu un sérieux piétinement. Ce qui a amené à l’introduction dans les débats de
L’on apprend de sources bien informées que le pays facilitateur aurait signifié aux deux parties en belligérance son impatience face à leur peu de collaboration. Pour avoir sollicité et obtenu son retour dans les négociations, cet agacement de l’Algérie pourrait être une pression supplémentaire pour le Gouvernement en particulier qui fait de la libération des soldats détenus en otage un de ses points d’honneur.
Après le chantage des rebelles, la menace à peine voilée de l’Algérie de laisser les parties régler leur problème entre elles aura-t-elle raison de la détermination de l’Etat à obtenir l’application de ses préalables ? L’on ne saurait rien prédire à cet effet même si le risque est réel de la part du Gouvernement de céder à certaines pressions, comme celles que pourrait exercer le facilitateur. Un facilitateur qui du reste au sortir des dernières négociations, dans un discours à la limite du diplomatique, comme cela sied, n’a pas hésité à exhibé la « mauvaise foi » comme justifiant l’échec. Ce qui en la matière est un signe d’exaspération manifeste, lors qu’on sait la réserve et la retenue qui caractérisent traditionnellement les diplomates qui ont la réputation de se prononcer toujours à mots voilés et de maquiller la vérité des faits.
Du reste, quelle est désormais la détermination de l’Algérie à dénouer ce « machin » inextricable avec une rébellion qui demande ce qu’il sait quelle ne peut obtenir et un Gouvernement qui s’est engagé dans une voie sans issue ? Une chose est certaine, c’est que l’on est plus que jamais buté à un mur de silence, quand bien même chacune des parties clame sa « bonne foi », sa volonté de parvenir à une solution de sortie de crise.
Pendant que l’on se coupe les cheveux en quatre et que l’on se crêpe les chignons, c’est le développement de Kidal qui est hypothéqué. En effet, outre les multiples ressources dont regorge la région, l’on annonce d’importants gisements d’uranium dans les environ de Kidal. La société australienne OKLO qui a été commise à son exploitation n’attend que le retour de la sécurité pour lancer ses travaux. Selon les estimations officielles, les activités de ces gisements devraient permettre de fournir entre 2.000 et 5.000 emplois. N’est-ce pas là une amorce de développement ? Si tel est le cas, il faudrait rechercher ailleurs les motivations de Bahanga et consort lors qu’ils prennent les armes contre des Maliens…
Par Bertin DAKOUO