Au terme d’une visite surprise menée au pas de course dans notre pays le week-end dernier, le guide libyen Moammar Kadhafi a déclaré lundi matin avant de prendre son avion que la « rébellion était terminée au Mali ». Cette déclaration faisait suite à une autre faite à son arrivée où il a condamné l’attaque de Nampala estimant que « notre continent a plus besoin de terres avec des arbres et des céréales que de mines ». L’allusion au comportement de Bahanga est claire et les propos de Kadhafi sonnent comme un désaveu à celui qui avait trouvé le gîte et le couvert il n’y a pas longtemps en terre libyenne. Le Guide libyen a également estimé que notre pays était sur la voie de la paix avec le retour annoncé de quelque 300 combattants prêts à regagner les accords d’Alger.
Lors de son séjour, outre les audiences en tête à tête avec le président de la République Amadou Toumani Touré, Kadhafi a fait le tour de certaines acquisitions libyennes dans notre pays et de certains chantiers. C’est ainsi qu’il s’est rendu tour à tour sur la chantier de l’hôtel Afriqya (l’ancien Mariétou Palace) et de l’hôtel de l’Amitié où il a siroté quelques verres de boissons. Kadhafi a également visité les monuments Kwamé N’Krumah, Patrice Lumumba et le Mémorial Modibo Kéita. Devant l’état de délabrement de ces édifices, il a promis d’apporter son soutien financier afin qu’ils soient bien entretenus. Visiblement à l’aise, Kadhafi a déclaré qu’il se sentait bien au Mali parce que « j’ai le sentiment d’être véritablement au repos chaque fois que je viens à Bamako ».
La visite de Kadhafi était précédée de quelques heures de celle de son directeur de cabinet Bashi Saleh Bashir et non moins président directeur général de la Libyan africain portfolio (LAP) qui conduisait une importante délégation comprenant le PDG de la Laico, le PDG de Malibya etc. Au cours de l’audience que lui accordée le président de la République, Bashir a d’abord transmis la condamnation énergique de l’attaque de Nampala de Kadhafi. Ensuite, il a fait le tour des investissements dans notre pays. Outre le projet de l’Office du Niger, Bashir et notre président ont convenu de la nécessité de construire une usine de production de jus de mangue et un abattoir moderne pour une meilleure exportation de la viande du Mali.
Il faut dire que notre pays constitue incontestablement un pôle économique qui intéresse l’investissement libyen. Parce que outre les chantiers dans le tourisme et l’hôtellerie, la Libye est engagée dans un important projet agricole portant sur 100.000 hectares dans la zone de l’office du Niger dans le cadre du projet Malibya. Dans son message de vœux à la nation le 31 décembre, le président de la République avait déclaré que ce projet rentrait dans le cadre de la modernisation de notre agriculture. Mais l’un des projets les plus visibles est sans conteste la Cité administrative dont la lenteur dans l’exécution des travaux inquiète plus d’un Malien. Exécuté à hauteur de 50% officiellement, le chantier a connu beaucoup de difficultés dont certaines péripéties ont été rapportées dans ces colonnes. Afin d’achever la Cité administrative, un avenant a été approuvé lors du conseil des ministres le 24 décembre portant sur un montant de 18,8 milliards de francs CFA financé par la Libyan arab foreign bank. Cet avenant devrait permettre l’achèvement des travaux dans 14 mois.
Damouré Cissé La Nouvelle République