Editorial : Tenir bon

Le ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration affichait une mine épanouie et satisfaite l’autre jour sur le plateau de l’ORTM. N’eut été le sentiment de propagande (c’est le président ATT lui-même qui nous a ordonné de ne pas signer a-t-il déclaré) qui émanait de ses propos, il a été parfait. En effet, le Docteur Badra Aliou Macalou a expliqué l’importance que représentent nos compatriotes de l’extérieur. D’où la non signature des accords de réadmission avec la France. Il faut dire qu’au moment où Français et Maliens discutaient, dans la rue ça marchait et ça scandait des slogans hostiles à la France et des mises en garde au gouvernement. Et on peut parier que la mobilisation de l’Association des Maliens expulsés n’est pas pour rien dans la décision des autorités.

Et maintenant ? La question mérite d’être posée parce que le gouvernement sait qu’il n’a remporté qu’une manche d’un combat de longue haleine que la France bien gagné. A l’usure possiblement. En effet, la France sait mieux que n’importe quel partenaire au développement les difficultés que connaît notre pays. Nos autorités ne minimisent pas l’importance qu’elles sont accordées à la France dans la résolution de certains problèmes, notamment dans le domaine des aides budgétaires et autres pour joindre les deux bouts. Il ne serait pas surprenant que, loin des yeux et du brouhaha des marcheurs, que les deux pays trouvent un terrain d’entente mutuellement avantageux pour eux mais humainement insupportable pour nos immigrés. Le communiqué conjoint diffusé 24 heures après le passage du ministre Macalou à l’ORTM n’est pas passé inaperçu. En effet, comme une sorte de rectificatif, le communiqué conjoint est venu rappeler que les négociations continuent, qu’il n’y avait pas rupture et qu’il y avait de fortes chances d’aboutir à résolution rapide du dossier. La France tentera aussi la division. C’est une tactique qui porté ses fruits par le passé et tout le monde sait qu’on ne change pas une stratégie qui gagne. Pour preuve, elle procède à une sorte d’encerclement de notre pays en obtenant du Bénin, du Burkina-Faso, du Sénégal et même de la Commission de l’UEMOA qu’ils signent des accords. En l’absence d’une approche concertée et collective des Africains, il y a lieu de craindre que le Mali ne se retrouve seul à tenter de résister.

Les autorités sont comme entre un marteau et une enclume. En écoutant les auditeurs de RFI, on a pu se rendre compte que la décision de nos autorités représente une sorte d’espoir pour tous les immigrés et pour tous les Africains que le dossier de l’immigration ne laisse pas indifférent. Mais avons-nous les moyens de résister longtemps ? Ce n’est pas sûr. Mais il faudra tenir le plus longtemps possible et tenir compte de l’intérêt des nos compatriotes immigrés, de leurs famille, et de notre pays.

Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga La Nouvelle République

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