L’Enseignement fondamental paralysé : Le Sycef en arrêt de travail illimité

A peine deux semaines après la rentrée des classes, l’école est en passe de renouer avec ses crises répétées. Le syndicat des contractuels de l’enseignement fondamental (Sycef) vient de donner le ton par un arrêt illimité de travail au niveau du district de Bamako qui a pris effet, le 19 octobre 2009. Selon les responsables de la coordination régionale du syndicat, il est suivi à 100 %.

 

L’arrêt de travail du syndicat a été notifié au gouverneur du district, le 15 octobre dernier, et le syndicat estime que le gouverneur Ibrahima Féfé Koné s’est montré indifférent à cette situation. Selon le secrétaire général de la coordination du District, Monitié Dabou, le syndicat a sollicité avant la rentrée des classes auprès du gouverneur une rencontre pour prévenir une telle extrémité. Mais cette sollicitation est restée vaine. Pire, le dépôt de la décision d’arrêt de travail a été également accueilli dans la même indifférence par le gouverneur.
Ce qui inquiète le plus, c’est que ce débrayage tend vers une généralisation. De l’avis de Monitié Dabou, des coordinations locales en l’occurrence Mopti, Koutiala, Koumantou, Sikasso, ont fait savoir au bureau exécutif national du syndicat des malaises concernant les conditions de vie des enseignants tout en sollicitant des appui-conseils. «Ce n’est pas un plaisir pour moi d’amener les gens dans la rue. En tant qu’enseignant, ça me met mal à l’aise de voir les élèves innocents victimes de cette situation». C’est ce que nous a annoncé Monitié Dabou. Il exprimait son indignation face à la «mauvaise» volonté des autorités au niveau du district de Bamako dans l’exécution d’un protocole d’accord intervenu, le 30 Septembre 2009, entre le gouvernement et le bureau exécutif national du syndicat et annonce que le Sycef est déterminé à conduire cet arrêt de travail jusqu’au bout. En fait, la coordination régionale du Sycef du district de Bamako a entamé, depuis le 19 octobre dernier, un arrêt de travail pour exiger le paiement sans délai de tous les rappels dus. En effet, le bureau exécutif national du syndicat a reçu du gouvernement un engagement du rappel d’arriérés de reclassement et d’hiérarchisation des enseignants contractuels de l’enseignement fondamental. La manne financière qui a été évaluée à environ 1,223 milliards de F Cfa a été reparti entre les différentes directions régionales du budget où le paiement devait commencer au plus tard, le 15 octobre. «Et l’Etat avait assuré que la liquidité est là» rapporte Monitié Dabou.
Le Sycef soutient que tous les états des enseignants ont été envoyés dans le délai conventionnel aux centres d’animation pédagogique, qui à leur tour ont envoyé les états au budget. Le syndicat a donc averti que le travail ne reprendra qu’après paiement intégral des rappels.
Selon Monitié Dabou, cette décision a été dictée par une volonté populaire des enseignants affiliés au Sycef. Selon lui, après le retard pris pour le paiement de ces rappels, 11 divisions du syndicat sur 12 au niveau du district de Bamako ont assigné à la coordination régionale du syndicat d’aller à un arrêt immédiat de travail. Cela ne va pas sans conséquences graves sur le bon déroulement de l’année scolaire. Car, aux dires du secrétaire général, les enseignants contractuels représentent 80 % du personnel enseignant au niveau de l’enseignement fondamental.
Interrogé sur les raisons du blocage de l’argent des rappels de salaires des enseignants contractuels du SYCEF, le directeur régional du budget du District de Bamako, M. Amadou Diawara, a donné les raisons. «Sur la décision, il est notifié de payer les rappels des salaires. Pour nous gestionnaire, il y a une différence entre rappels de salaires et rappels de différence de salaires. Un rappel de salaire signifie pour nous, le rappel de salaire entier tandisque le rappel de différence de salaire concerne les primes, avancements, reclassement etc. C’est à dire que je pensais plutôt au salaire qu’au rappel de salaire (ndlr : au sens de la définition des enseignants) quand j’ai reçu mandat de faire le payement le 1er octobre 2009. C’est un syndicaliste qui m’a même rappelé ce rappel de salaire», a-t-il indiqué. Pour lui, malgré cette incompréhension, les choses sont sur la bonne voie. Sur les 200 millions de F Cfa mis à la disposition de la coordination régionale du SYCEF de Bamako pour le payement des rappels, 170 millions de F Cfa sont déjà engagés, c’est-à-dire au trésor. Il reste 30 millions de F Cfa sur lesquels il y a un engagement de 8 millions de F Cfa. «Je suis sur le dossier les concernant afin que tout rentre dans l’ordre rapidement. On a déjà fait le maximum. Alors, je ne comprends pas  cette décision des enseignants», a-t-il conclu.
Seydou Coulibaly & Hadama B. Fofana
Stagiaires

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