L’une des trois grandes agences mondiales de notation financière, Fitch, a annoncé, vendredi 4 décembre, qu’elle allait cesser de noter le Mali. Aucune amélioration de la situation du crédit n’étant attendue dans le pays.
Cette décision de Fitch est d’autant plus un coup de massue qu’elle fait partie des agences financières internationales qui, aux dires d’experts, notent la solidité financière des grandes entreprises, mais aussi des Etats : plus leur note est mauvaise, plus ils risquent de peiner à emprunter sur les marchés.
« Fitch n’attend aucune amélioration dans la solvabilité à moyen et long termes du Mali », selon un bref communiqué qui a été rendu public, vendredi dernier, par cette agence mondiale de notation financière.
Le Mali, soutient l’agence Fitch, est miné par « un haut niveau de pauvreté ». Or, la veille, c’est-à-dire le 3 décembre, la Banque africaine de développement (BAD) rendait public, de son côté, un communiqué pour annoncer l’octroi au Mali d’un montant de 7 milliards FCFA destinés justement à soutenir le Programme d’appui à la stratégie pour la réduction de la pauvreté et la croissance (PASRPC) au Mali visant à atténuer les effets des conséquences de la crise internationale sur le pays. Mais l’accord de prêt lui-même a été signé à Tunis, le mardi 1er décembre, par le vice-président du Groupe de la BAD chargé des opérations sectorielles, M. Kamal El KHESHEN, et l’ambassadeur du Mali en Tunisie, M. Mbarakou Arafa Askia TOURE.
D’autre part, selon Fitch, le Mali reste très vulnérable aux chocs extérieurs ; et sa croissance économique est également jugée lente.
Par ailleurs, Fitch déplore aussi le déficit structurel des comptes courants en raison de « la haute dépendance énergétique » du Mali, lesquels comptes ne parviennent pas à « compenser d’importantes exportations ».
Comme si une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, le Mali ne figure pas non plus dans le classement BSCIA (Belfer center for science and international affairs) des pays africains les plus performants en matière de prévention et de gestion des conflits intercommunautaires ou à caractère ethnique. Ce, en dépit de la crise récurrente du Nord depuis les années 1990 avec une recrudescence en mai 2006. En effet, selon le rapport n°43 élaboré par M. Robert I. ROTBERG, rendu public la semaine dernière, ils sont 7 pays africains qui se sont montrés plus performants en la matière : l’Afrique du Sud, le Botswana, le Ghana, le Mozambique, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. Ledit rapport étant le fruit de la collaboration, qui date du 1er juillet 1999, entre le BSCIA, l’Université de Harvard et l’Ecole publique Kennedy des USA.
Comme quoi, le PDES qui galope ressemble fort à un éclopé économique, financier et social, s’il n’est pas victime de paraplégie que l’on veut guérir par la magie des mots : succès, succès, succès. C’est vrai que les auditeurs des fonds sida ont délivré au gouvernement un certificat de bonne gestion. Mais un adage de chez nous dit : « L’étranger a de gros yeux, mais il ne voit pas grand-chose au-delà de son nez ».
Par Seydina Oumar DIARRA-SOD