Les armes ne crépiteront plus au Nord Mali, comme moyen de revendication et les efforts seront désormais centrés sur des actions de développement et le dialogue entre communautés. C’est du moins, la volonté exprimée par les peuples de cette zone du Mali qui ont mis en place un Réseau de plaidoyer pour la paix, la sécurité et le développement, à l’issue du Forum qui s’est tenu à Kidal du 31 octobre au 2 novembre 2009.
Il se présente comme l’expression d’une prise de conscience collective des communautés qui le composent sur la nécessité de conjuguer leurs efforts afin d’aplanir le déséquilibre entre le Nord et le Sud de notre pays et de raffermir davantage l’unité nationale qu’il estime mainte fois mise à l’épreuve.
Après avoir été reçu à Koulouba, en grande pompe, le Réseau de plaidoyer pour la paix, la sécurité et le développement dans le Nord Mali a organisé, mercredi dernier, une conférence de presse sur sa vision en matière de sécurité et de développement du septentrion du Mali, en proie à toute sorte d’incertitude, depuis plusieurs décennies. La conférence qui était principalement animée par le premier vice président dudit Réseau, M. Abouzeidi MAIGA, a enregistré la présence du président, Alhabass Ag INTALA. On y notait également la présence du deuxième vice président, Ibrahim Ag Med ASSALEH. Plusieurs responsables et représentants des communautés Nord ont honoré de leur présence avec cette rencontre avec les journalistes.
Ce fut d’abord le tour du président du Réseau de souhaiter la bienvenue aux journalistes et aux autres participants. Selon Alhabass Ag INTALA, la mise en place du Réseau est un souhait de la majorité des participants au Forum de Kidal. Ce regroupement, selon l’esprit du forum de Kidal, aura pour but fondamental, de s’impliquer activement par des moyens pacifiques pour la recherche de la paix et du développement dans le Nord du Mali. Comme toute initiative, fille de son temps, une patte de ce Réseau est bien PDES (Programme de développement économique et social) du président ATT. Car, son action s’appuie principalement, selon M. Ag INTALA, sur quatre actes majeurs. Il s’agit, selon lui, du Pacte national ; des Accords d’Alger ; du PDES, notamment dans ses programmes dédiés pour le Nord, et les Résolutions du forum de Kidal.
Un motif suffisant pour comprendre toute la convoitise qu’il bénéficie auprès de Koulouba, qui n’ pas tardé à le recevoir dans ses locaux bien climatisés, dès sa mise en place. Même si le premier vice président comprend autrement cette présence à Koulouba. En effet, Abouzeidi MAIGA a expliqué que les membres du Réseau étaient partis remettre les résolutions du Forum au président de la République. Le Réseau va accompagner l’Etat dans sa mission de sécuriser le Nord, a-t-il soutenu. A ce titre, il s’engage à dénoncer toute personne qui empêchera, par ses actes et gestes, d’atteindre à la sécurité des populations.
« Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il s’agit d’une convergence de synergie de nombreuses communautés, qui font le serment de proscrire la violence comme moyen de revendication mais n’épargne aucune voie de droit pour que le Nord du Mali cesse d’être une éternelle zone grise toujours à la traîne du reste du pays », a soutenu le deuxième vice président.
Comment passer sous silence les questions récurrentes qui font l’actualité nationale et internationale au Nord du pays, l’affaire de l’avion cocaïne, l’otage français, le retour de Ibrahim Ag BAHANGA ?
Sur la question de l’avion porteur de cocaïne retrouvé calciné, les conférenciers ont soutenu qu’ils souscrivaient à la démarche du président de la République, en faveur d’une enquête internationale afin de démasquer les auteurs de ce trafic transfrontalier. Pour ce qui concerne l’otage français, le Réseau s’impliquera avec les bonnes volontés pour que cet homme retourne dans sa famille en bonne santé, a-t-on souhaité.
Quant à l’ex rebelle, les conférenciers pensent que cette affaire est déjà réglée. Car, BAHANGA serait déjà dans la logique du dialogue. Le processus serait d’ailleurs déjà entamé, et ne reste qu’une question de jour pour qu’il vienne vivre chez lui.
Ce pendant, pour ce qui est des actes posés par ce rebelle, c’est à l’Etat de prendre toutes ses responsabilités, a soutenu un responsable du Réseau. Faut-il faire une loi d’armistice à son endroit ou le présenter devant un tribunal correctionnel ? C’est à l’Etat de le décider. « En tout cas, nous (membres du Réseau), avons pas réagit avec lui et nous ne le couvrirons pas », a-t-il précisé.
En guise de contribution, certains participants ont salué la mise en place de ce Réseau. Cependant, il convient de tout mettre en œuvre pour qu’il ne tombe pas dans les mêmes erreurs du passé.
« Notre région a bénéficié de beaucoup de projets, mais faute de suivi, ils n’ont profité à personne », a déclaré Cheick DOUCOURE, élu local de Goundam.
Mahoulou BENKATRA, (Tombouctou) a attiré l’attention des uns et des autres sur les récentes insécurités liée aux prises d’otages et à la circulation de la drogue entre autres. Le Nord est victime d’une autre insécurité qui est plus dangereuse que les premières. Il s’agit, selon lui, de la faim, du manque d’eau et l’analphabétisme de populations, etc. « Pour cela, le Réseau doit être une véritable administration de plaidoyer. N’attendez donc plus que Bahanga prenne les armes pour se lever », a conclu l’élu syndical.
Par Sid DAO