Editorial

Ainsi donc les élections municipales auront lieu le 26 avril prochain. C’est en tout cas ce que le conseil des ministre a décidé la semaine dernière en convoquant officiellement le collège électoral. Jusqu’à décision contraire.

 

 

 C’est vrai que l’Administration a poussé dans ce sens arguant qu’il ne serait pas bon pour notre démocratie de repousser la date du scrutin. C’est vrai que certains partis politiques importants, tous membre de la Mouvance présidentielle version ADP se sont prononcés contre un report. Il s’agit notamment de l’Adéma, de l’URD et du Cnid pour ce que nous en savons. Mais il est également établi que d’autres acteurs ont émis des réserves de taille pour appuyer leur demande d’un report. Le Parena a publié un mémorandum pour expliquer pourquoi un report serait nécessaire. L’AMDH a même mis en avant d’éventuels troubles sociaux pour justifier son opposition à des élections organisées en Avril prochain. La CENI a mis en avant la rareté des fonds pour émettre des doutes plus que raisonnables sur sa capacité à répondre correctement à ses missions. Même la Délégation générale des élections, malgré le démenti de pure forme publié dans la presse, souhaiterait un report. Mais laissons tout cela de côté pour nous intéresser un tant soit peu aux recommandations faites par la Commission Daba.

Dans le rapport que le comité d’experts  chargé de réfléchir sur la bonne marche de notre démocratie, une large part est consacrée aux élections. Que dit le rapport ? « Les élections seraient mieux organisées, plus transparentes, moins chères, mobiliseraient davantage de citoyens et leurs résultats moins contestés avec l’élaboration de nouvelles listes électorales sur la base d’un nouveau système d’inscription ». Voilà ce que constate la commission Daba Diawara. Personne ne peut affirmer que les listes électorales sont fiables et que le mode d’inscription a changé. Au contraire. Sonnent encore malheureusement à nos oreilles les propos de Salif Kanouté, ancien président de la Cour constitutionnelle, en Août 2007 lors de la proclamations des résultats du second tour des élections législatives. « Je voudrais le dire avec beaucoup de sincérité, j’ai eu le sentiment profond que beaucoup d’acteurs politiques, des candidats de tous ordres, de quelque bord que ce soit sont installés à demeure dans la fraude généralisée » avait avoué l’arbitre du jeu électoral. Selon le Parena, la DGE a fait le constat d’une augmentation fulgurante du nombre des électeurs. Il y a donc visiblement un problème. Mais comme on est habitué au bricolage et à nier souvent les problèmes, on ferme les yeux et on fonce.

Du haut de sa bonne foi, la Commission Daba avait proposé, pour une amélioration de la participation aux scrutins, « un système d’établissement et de contrôle du fichier électoral, l’adoption de nouveaux modes de scrutins pour les législatives et les communales, le réaménagement des délais et du calendrier électoral, une nouvelle réglementation des campagnes électorales et des opérations de vote notamment par la suppression du vote par procuration et du vote sur témoignage ».

Avec la convocation du collège électoral pour le 26 Avril prochain, on n’aurait pas tort de penser que les braves experts ont travaillé pour rien. La meilleure reconnaissance du travail accompli aurait été la mise en application de certaines de leurs recommandations qui ne nécessitent aucune dépense. Au contraire, elle aurait même permis d’amoindrir les coûts électoraux que tous s’accordent à reconnaître exorbitants surtout par ces temps de crise financière où les caisses sont vides.

 

Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga La Nouvelle République

 

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