Baptisée « général de brigade Abdoulaye Ouologuem », la promotion compte 57 sous-lieutenants originaires de neuf pays africains.
L’Ecole militaire interarmes de Koulikoro a renoué avec l’ambiance des grands événements, avec la cérémonie hier de baptême de la 32è promotion de l’établissement. Les Koulikorois sont sortis nombreux pour assister à l’événement sur la place d’armes. 57 jeunes originaires de neuf pays africains ont reçu leurs épaulettes d’officiers après trois années de formation pour certains et une année pour d’autres. Cette promotion du cinquantenaire de notre pays a pour parrain le général de brigade Abdoulaye Ouologuem. Elle se compose de 11 officiers des pays amis, 46 Maliens dont 7 du cycle spécial de l’EMIA, tous juristes. La cérémonie était présidée par le chef de l’Etat, chef suprême des Armées, Amadou Toumani Touré. Elle s’est déroulée en présence du Premier ministre Modibo Sidibé, du président de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré, de certains membres du gouvernement dont le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Natié Pléa, et du général Gabriel Poudiougou, chef d’état major général des Armées. Les diplomates accrédités dans notre pays ainsi que les parents et les amis des nouveaux promus étaient aussi là. Après les traditionnels mots de bienvenue du colonel Soungalo Coulibaly, commandant le centre d’instruction de Koulikoro, le général Gabriel Poudiougou a rappelé aux promus le poids de la charge dont ils viennent d’hériter. Au regard des immenses qualités que le parrain a incarnées, a-t-il dit. Selon lui, en puisant dans les vertus cardinales de leur héroïque parrain, le général de brigade Abdoulaye Ouologuem, les officiers de cette promotion sont sûrs d’être placés sur l’orbite du succès dans leurs futures fonctions. Officier de grand talent, le parcours exceptionnel du parrain de cette 32è promotion force l’admiration. Né en 1931 à Kita, l’enfant de troupe de Kati et de Saint-Louis au Sénégal fut incorporé comme engagé volontaire le 26 février 1950 pour une durée de cinq ans. La flamme militaire qui s’est allumée en lui depuis son enfance dans les écoles d’enfants de troupe, l’a éclairé durant son long parcours. Promu au grade de caporal le 1er juillet 1951 puis caporal-chef deux mois plus tard, il obtint le 31 octobre de la même année le certificat d’aptitude technique n°2 qui donne accès au grade de sous-officier. Il devient sergent en janvier 1953. Trois mois après, il est désigné pour figurer dans le détachement de renfort n°9. Il embarque à Dakar pour Marseille pour être dirigé ensuite sur le Groupement d’instruction des troupes coloniales de marine à Fréjus en France. Le 13 août 1953 il embarque pour Saigon en zone opérationnelle. Ici le sergent Ouologuem est affecté au 6è régiment d’infanterie coloniale. Abdoulaye Ouologuem a obtenu le certificat interarmes (CIA) le 19 août 1954 et il est nommé sergent-chef pour compter du 1er avril 1955. Revenu de la zone des opérations, il est affecté en 1955 à la Compagnie de transit du Soudan à Bamako puis est admis à suivre les cours préparatoires à l’Ecole de formation des officiers de réserve des territoires d’outre-mer de Fréjus. Nommé sous-lieutenant, il est rayé des contrôles de l’armée française le 1er octobre 1960 et transféré à l’Armée malienne le 1er novembre 1960. Nationaliste convaincu, sa rigueur, son sens élevé du devoir ont fait de lui « le symbole du commandement » pour les jeunes qu’il a initiés à l’art militaire. Après un bref passage au 1er bureau de l’état-major de l’Armée de terre, il est nommé aide de camp du président Modibo Keïta.
DEFICIT DE COOPERATION SOUS-REGIONALE. Après le coup d’Etat militaire de 1968, il est nommé commandant de cercle à Nara et, ensuite, gouverneur de la région de Sikasso (1972) puis de Ségou (1976). Il assure en 1978 l’intérim des fonctions de chef d’état major de l’Armée de terre, concomitamment avec celle de la gendarmerie. Promu au grade de général de brigade le 1er octobre 1986, il devient membre du Conseil supérieur de la défense nationale. Le 6 juin 1988, il est nommé ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale. Son calme et sa bravoure lui ont valu plusieurs décorations : Chevalier de l’ordre national, Officier de l’ordre national, Commandeur de l’ordre national, Grand officier de l’ordre national et médaille commémorative de campagne. A titre étranger, il a été décoré de la Croix de guerre des Territoires d’outre-mer avec étoile de bronze puis d’argent en Indochine, Médaille des blessés en Indochine et Chevalier de la légion d’honneur etc. Le général Abdoulaye Ouloguem est décédé le 10 décembre 2009. Après avoir parcouru la biographie du parrain, le général Gabriel Poudiougou a tenu à expliquer aux nouveaux officiers la dimension des nouvelles menaces sécuritaires. Face à ces défis, il les a exhortés à plus d’imagination pour s’adapter aux réalités du moment, car de son point de vue, les batailles rangées des guerres classiques tendent à devenir des souvenirs d’une autre époque. Le président Amadou Toumani Touré s’est également appesanti sur la sécurisation de la bande sahélo-saharienne. Auparavant, il a salué tous nos voisins qui ont confirmé leur confiance au Mali en y envoyant leurs jeunes subir cette formation d’officier. Il a aussi remercié toute la chaine militaire impliquée dans la réussite de ces formations. Amadou Toumani Touré a assuré que notre pays a, aujourd’hui la volonté et l’équipement nécessaires pour garantir sa sécurité. Il a, à ce propos, regretté le déficit de coopération sous-régionale. Or, notera-t-il, les menaces étant sous-régionales et transfrontalières, les réponses doivent être sous-régionales. Dans cette logique, rappellera le chef de l’Etat, notre pays a élaboré une politique nationale de lutte contre le terrorisme, le grand banditisme et la drogue. Aux nouveaux sous-lieutenants, le chef d’Etat major général des Armées a tenu à rappeler les exigences de leurs responsabilités d’officiers. Il s’est réjoui de l’implantation d’un état-major en Algérie où les pays mettront en commun les arsenaux militaires pour sécuriser la bande sahélo-saharienne. Les officiers composant cette promotion viennent du Gabon, de Mauritanie, du Togo, du Niger, de Centrafrique, du Sénégal, de Guinée Conakry, du Burkina-Faso et, bien entendu, du Mali.
par Sibiri Konaté