A ce stade de l’hivernage, l’état des cultures est bon dans l’ensemble dans les trois cercles. Le ministre de l’Agriculture Agatam Ag Alhassane était la semaine dernier dans les champs. Au cours de cette tournée de supervision de la campagne agricole 2010/2011, il s’est rendu dans les cercles de Bougouni, Sikasso et Koutiala. Le principal constat établi au cours de cette sortie est que de façon générale, les cultures vivrières (mil, sorgho, maïs, arachide et niébé) et de rente (coton) présentent un bon état végétatif.
Satisfait de ce constat, Agatam Ag Alhassane a encouragé les paysans à faire davantage pour que la souveraineté alimentaire prônée par le pays devienne une réalité. Le processus est déjà enclenché. Grâce, par exemple, à l’augmentation de la production, le Programme alimentaire mondial (PAM) a pu s’approvisionner sur les marchés locaux en céréales pour venir en aide au Niger, pays voisin confronté à une crise alimentaire majeure. Tout au long de son périple, le ministre de l’Agriculture a pu vérifier que la formation paysanne, le suivi de l’encadrement, et le niveau de technicité des paysans s’améliorent. Au cours de ses rencontres avec les paysans semenciers, ceux-ci ont évoqué des difficultés d’écoulement de leurs produits sur les marchés. Le chef du département de l’Agriculture leur a conseillé d’aller au-delà de la production de semences et de produire pour la grande consommation. Aux chambres locales et régionales d’agriculture, il a suggéré de multiplier les bourses de céréales. Les paysans ont souhaité le maintien de la subvention des engrais, des semences et des équipements. Commentant cette requête, le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, estimé que l’Etat fait aujourd’hui de son mieux en faveur du monde rural. Depuis son arrivée au pouvoir, a-t-il noté, le président de la République, Amadou Toumani Touré, s’est beaucoup impliqué dans la promotion de l’agriculture. L’une des preuves de cet engagement est justement les subventions évoquées. Sur la route de Sikasso, la délégation a marqué un arrêt Dialakoroba pour visiter les champs d’expérimentation de l’Institut d’économie rurale sur les variétés hybrides de sorgho et de maïs que l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) développe avec nos chercheurs.
UNE COOPERATIVE DE FEMMES : C’est dans ces champs que l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan en visite dans notre pays depuis dimanche, s’est rendu hier (voir article ci-dessous). Après ces parcelles d’expérimentation, le ministre et sa délégation ont mis le cap sur Chobougou, une localité située dans la commune de Koumantou. Ici, des femmes organisées en coopérative, exploitent un champ de riz Nerica. Le champ s’étend sur 15 hectares et présente un bon aspect. Les femmes assurent avoir reçu tous les conseils utiles pour bien exploiter la parcelle et ont remercié Bakary Togola pour son soutien matériel. Le président de l’APCAM leur a en effet fourni gratuitement 30 sacs d’engrais pour fertiliser le champ. Mais la coopérative a d’autres doléances : l’acquisition d’équipements agricoles (charrues, bœufs de labour, décortiqueuses et batteuses). Le ministre a promis que dans le cadre du programme « S’équiper en reboisant », elle bénéficiera de deux paires de bœufs de labour. Les autres doléances seront examinées. De Chobougou, Agatam Ag Alhassane a pris le chemin de Niamala, le village de Bakary Togola, distant de 7 kilomètres de la route nationale 7 qui mène à Sikasso. L’exploitation de Bakary Togola est véritablement impressionnante. Le paysan y cultive les variétés de riz Nerica et de Gambiaka sur 100 hectares chacune. Le jour de la visite de la délégation ministérielle, le champ de Gambiaka était particulièrement animé. De nombreux ouvriers étaient occupés à le désherber. En paysan toujours porté vers l’innovation, Bakary Togola a autorisé une équipe chinoise à venir expérimenter une dizaine de variétés de riz sur une dizaine d’hectares. Les chercheurs chinois lui promettent des rendements qui dépassent largement la dizaine de tonnes à l’hectare. Le directeur adjoint de l’Institut d’économie rurale (IER), le Dr Bourama Dembélé, a souhaité que des chercheurs nationaux puissent collaborer à l’introduction de ces nouvelles variétés de riz. Mais le président de l’APCAM ne cultive pas que des céréales. Il est aussi un gros producteur de coton. Le champ de coton se présente bien. Le directeur adjoint de la CMDT, Salif Abdoulaye Sissoko, qui faisait partie des visiteurs a félicité le président de l’APCAM qui s’illustre dans la culture de la fibre et a lancé un appel aux autres producteurs de coton pour la relance de cette culture. Il a expliqué à ce propos que les producteurs de coton ont reçu la totalité du prix de leur production de la campagne dernière (2009/2010). Pour cette campagne, le prix du coton graine aux producteurs avait été fixé à 170 Fcfa le kilo. Au total, les producteurs de coton ont gagné 45 milliards Fcfa. Et après le paiement de cette manne, les cotonculteurs ont reçu une ristourne de 14 Fcfa par kilogramme sur la production cotonnière qui était de 229 000 tonnes de coton graine. Cette ristourne représente une enveloppe de 3,1 milliards Fcfa. La CMDT va, par ailleurs, renflouer la caisse du Fonds de soutien de la filière à hauteur de 3,1 milliards Fcfa. Ce redressement de la société est imputable à la hausse du prix de la fibre sur le marché international. Si cette tendance se poursuit, a indiqué Salif Abdoulaye Sissoko, la société pourrait connaître une réelle embellie financière. Signalons que la délégation ministérielle comprenait aussi le directeur national du génie rural, Soumaïla Samaké, le directeur du Centre national de lutte contre le criquet pèlerin, Fakaba Diakité, et des conseillers techniques du département.
par Moriba Coulibaly