Ils ont énuméré les dysfonctionnements qui ont fini par réduire à néant le rendement interne de notre système éducatif au cours de ces dernières années
Les acteurs politiques (députés et représentants des institutions de la République), pour la plupart des enseignants, ont largement profité de l’occasion qui leur était offerte de dire tout ce qu’ils savent et pensent de la crise de l’éducation. C’était hier à l’atelier thématique de l’éducation de base qui se tient au Centre national des ressources de l’éducation non formelle en préparation au Forum sur l’éducation. L’atelier a pour thème : éducation de base : vision des acteurs politiques.
Les acteurs politiques ont énuméré un ensemble de dysfonctionnements qui ont fini par réduire à néant le rendement interne du système éducatif malien au cours de ces dernières années.
Le Forum sur l’éducation n’est pas consacré à la crise scolaire, mais à celle plus globale de l’éducation qu’elle soit formelle ou non formelle. Cette précision de taille a conduit les nombreux intervenants à axer leurs contributions sur la crise de l’éducation dont celle de l’école n’est qu’un aspect. Le Programme décennal de développement de l’éducation (Prodec) a été une de leurs premières cibles. Plus d’un intervenant a fait allusion à la caducité de certains de ses textes. A titre d’exemple, ces voix critiques ont cité le cas des académies qui tout en relevant de la seule direction nationale de l’éducation de base mènent des activités pour d’autres domaines scolaires. D’où la nécessité de les rattacher à plusieurs ministères. C’est aussi le cas de l’éducation non formelle qui est à la fois faite par l’Éducation de base et le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille etc.
« Les textes du Prodec font de l’enseignement fondamental un bloc de 9 ans, mais dans la pratique on continue de parler d’un premier et d’un second cycles de l’enseignement fondamental- qu’en est-il au juste » ? s’interroge un intervenant. Celui-ci relève aussi la confusion entretenue par les concepts « aptitudes » et « compétence » et rappelle qu’au terme du cycle fondamental, l’enfant a des aptitudes mais n’a aucune compétence comme le disent des passages de certains textes. La situation des non orientés consécutifs à la mauvaise gestion du système a aussi été soulevée. De même que la sécurisation de la formation des formateurs, le gouvernement des enfants, le manuel scolaire, les langues nationales, le caractère antipédagogique du cours à domicile ainsi que le retour à la méthode syllabique. Pour de nombreux intervenants, il est inutile de renvoyer un élève maître de la 3è année IFM alors que même à ce stade, il enseignerait mieux qu’un contractuel que rien ne destinait à la classe.
Le gouvernement des enfants est à de nombreux points de vue une innovation contraire à nos réalités et le manuel scolaire n’est jamais en nombre suffisant dans les écoles. « Les livres sont à peine conçus et distribués qu’on commence à les voler pour les vendre sur le marché », regrette crûment un responsable politique. Beaucoup d’acteurs participants ont souhaité le retour à la méthode syllabique dont un des avantages est à leur sens le fait que l’enfant peut être suivi à l’école et à la maison par les parents. Au lieu de cette méthode qui permet à la famille d’être la continuation de la classe, on en a choisi une autre que même les enseignants ont de la peine à maîtriser, regrettent-ils.
Des intervenants, nombreux aussi, estiment que les langues nationales n’ont d’avenir que dans leur enseignement concomitant avec le français. Enfin un des dysfonctionnements que peu de gens condamnent est les cours privés. Rien n’est reproché à cet enseignement s’il est donné par un enseignant à des élèves autres que ceux de sa classe, mais une fois qu’il s’agit de ses propres écoliers, ce cours perd toute son efficacité. Et pour cause : on n’apprend rien à un élève en lui donnant en guise de devoir un exercice qu’on lui a fait traiter la veille ou l’avant-veille.
C’est malheureusement la pratique courante car le parent est plus intéressé par la bonne note que le niveau réel de l’élève. Il n’est donc pas étonnant que des bacheliers issus d’un tel système ne sachent pas la différence entre un portrait et une description, un verbe et un adjectif etc.
C. DIAWARA