Un dispositif d’alerte précoce tient les épidémies à l’oeil surtout le choléra susceptible de sévir en cette période de l’année
« Notre pays n’a enregistré aucun cas de choléra depuis 2005. Mais les risques sont réels parce que l’hivernage est la période propice aux épidémies de choléra », fait remarquer le Dr Sory Ibrahima Bamba, chef de la Division prévention et lutte contre la maladie (DPLM) de la direction nationale de la Santé.
Le responsable sanitaire estime que malgré la situation calme sur le front du choléra, il ne faut pas baisser la garde. Au contraire, l’on doit redoubler de vigilance.
En effet, le choléra s’attrape en avalant le microbe de la maladie, véhiculé par l’eau non potable ou non désinfectée. Les mains et les aliments souillés représentent d’autres facteurs de risque. Or, c’est justement pendant la saison des pluies que les cours d’eau et les eaux stagnantes qui transportent ces microbes, débordent.
Le choléra est indiqué sous l’indice C001 à cause de sa virulence. Il s’agit d’une maladie à gros potentiel épidemique comme la méningite ou la fièvre jaune. Il suffit d’un seul cas de choléra biologiquement confirmé par la mise en évidence du vibrion cholérique (agent pathogène de la malade) pour déclarer une épidémie.
UNE BATTERIE DE MESURES : Le Dr Bamba explique qu’à partir d’un seul cas, tout un village ou toute une ville peut se faire contaminer si on ne prend pas rapidement les dispositions nécessaires. Selon lui, Bamako et l’ensemble des régions à l’exception de celle de Kidal, constituent des zones à risque du fait des flux de voyageurs. Une personne de passage peut être en période d’incubation (c’est-à-dire avoir le germe sans développer la maladie) et contaminer d’autres personnes.
Notre pays qui assure une surveillance épidémiologique permanente des maladies à potentiel épidemique, a pris une batterie de mesures pour faire face à toutes les éventualités. Certes, on n’a pas enregistré de cas de choléra pour l’instant mais les dispositions utiles et nécessaires sont prises. Sory Ibrahima Bamba confirme que des médicaments ont été prépositionnés dans les différents cercles et régions du pays pour assurer une prise en charge diligente des éventuels cas de choléra.
En outre, des directives ont été données aux directions régionales de la Santé et aux responsables des centres de santé communautaire (Cscom) ou de santé de référence (Csref) pour informer les populations des mesures d’hygiène individuelle et collective à observer. A cet effet, les radios locales ou de proximité sont mises à contribution pour sensibiliser le grand public.
Des séances d’éducation, d’information, et de communication (IEC) sont également organisées dans les établissements de santé et dans les quartiers sur l’urgence d’agir devant tout cas de diarrhée et de vomissement. Plus concrètement, il s’agit de référer tout cas suspect vers un Cscom, un Csref ou un hôpital. Un microprogramme sur le sujet passe sur les antennes de l’ORTM.
Expliquant les différentes mesures d’hygiène à observer, Sory Ibrahima Bamba insiste sur la nécessité de javelliser l’eau de boisson et de désinfecter les toilettes ou latrines avec du grésil pour éviter la prolifération des microbes. Le responsable de la Division prévention et lutte contre la maladie souligne par ailleurs l’importance du lavage des mains au savon surtout au sortir des toilettes ou avant de manger.
La DPLM est également engagée dans un processus de redynamisation des comités de lutte contre les épidémies qui peuvent permettre de gérer les conséquences parfois tragiques de ces maladies.
L’IMPORTANCE DE L’INFORMATION : Le choléra se manifeste par une diarrhée profuse et des vomissements. La personne atteinte se déshydrate et en meurt si une prise en charge correcte et diligente n’est pas faite. Le traitement du choléra est gratuit pour tous les citoyens. Généralement, on perfuse le malade avec des solutés de ringer ou avec des sérums salé ou glucosé. On lui administre également des antibiotiques. Les personnes atteintes sont généralement isolées dans un lazaret pour recevoir des soins, mais aussi pour briser la chaîne de contamination. Mais il est impératif de réhydrater le malade avec une solution de réhydratation orale (SRO), souligne le patron de la DPLM.
La surveillance épidémiologique entretient un système d’alerte précoce. Le dispositif est conçu pour que dans les différentes localités, les informations sur les maladies sous surveillance puissent être remontées vers la direction nationale de la santé via les centres de santé et les directions régionales de la santé. Ces données sont analysées au quotidien par des experts et spécialistes. En outre une analyse hebdomadaire des différentes informations est effectuée et un bulletin paraissant chaque semaine est édité dans ce sens.
Les dernières épidémies de choléra dans notre pays remontent à 2005. Cette année, la Région de Kayes avait été très affectée, précisément les communes rurales de Diboli, Fégui et Tafaçirga. L’épidémie aurait été introduite par un voyageur venu du Sénégal voisin. La même année, la Région de Koulikoro, notamment le cercle de Nara, avait été aussi touchée par une épidémie de choléra. Un cas importé de la Mauritanie était à l’origine de cette flambée.
Dans la gestion des épidémies de façon générale et du choléra en particulier, des partenaires comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’organisation « Médecins sans frontières », apportent un concours précieux.
B. DOUMBIA