IAMGOLD vous connaissez? Eh bien! C’est une société canadienne actionnaire majoritaire a 38% tout comme la société sud africaine Anglogold (38%) également de la SEMOS (Société d’exploitation des mines d’or de Sadiola). Le Mali ne touche que le minimum légal pour livrer l’accès à ses ressources. Et la Banque mondiale, qui prétend contribuer à la lutte contre la pauvreté, s’empare des 6% des restants!
Le gouvernement malien offre aux compagnies d’extraction étrangères avec marge supplémentaire de 80 à 120 dollars sur chaque once d’or, tandis que la population vit pour 73% en dessous du seuil de la pauvreté, avec une espérance de vie de 48 ans. En terme d’indicateur de développement humain, le Mali traîne parmi les trois pays les plus pauvres du monde.
L’Or malien appartient à Anglogold et Randgold Le président malien de l’époque, Alpha Oumar Konaré, s’était déplacé en personne pour ouvrir les festivités du lancement de la prospection du site d’Or de Morila. Il eut ces mots : « cette mine ne laisserait pas juste un grand trou dans la terre, elle apportera aussi le développement. Cette mine nous aidera à construire plus d’école. Elle nous aidera à combattre la malaria et le sida. Elle nous aidera à construire des routes.«
Un spécialiste du secteur minier ajouta : « Il y a beaucoup d’or et près de la surface, la période de retour sur investissement est donc très rapide. Morila est une machine à faire du cash. »
Avec une participation à hauteur de 20% de l’Etat du Mali dans le capital de la nouvelle société de Morila SA aux côtés des compagnies Randgold et Anglogold (détenant 40% chacune), le gouvernement de Bamako devait tirer des bénéfices appréciables sous forme de taxes. Cet argent servirait en priorité à combattre la pauvreté et le chômage des populations riveraines, précisait Alpha Oumar Konaré.
La direction nationale de la géologie et des mines avait même dressé avec précision rémaniable les prévisions de production du site minier les cinq années à venir : 9,509 tonnes en 2001 ; 7,614 en 2002 ; 8,035 en 2003…
Les réserves exploitables en surface s’amenuisant ensuite, pour se limiter à 6,221 tonnes en 2004 et 5,54 tonnes en 2005. Dans les faits, les opérateurs sud-africains ont appliqué une toute autre méthode, inspirée de la course contre la montre: les « informations sectorielles » du ministère français de l’Economie, des Finances et l’Industrie font état de 19,647 tonnes extraites en 2001, puis 31,746 tonnes en 2002 et 24,693 en 2003.
Pourquoi une telle précipitation? Marijke Vanderschelder, du Centre national de coopération et du développement Belge, propose une analyse intéressante : « au terme de la convention avec l’Etat malien, l’exploitation doit s’étendre sur onze ans à raison de onze tonnes par an.
C’est en fonction de ce rythme d’exploitation que l’Etat a exonéré Morila SA de tous les impôts et taxes pendant les trois premières années de production (article 22-2). La convention aussitôt signée, le calcul de Morila SA a consisté, pendant les trois premières années de production, à exploiter et extraire le maximum d’or. »
Sur cette seule période, les opérateurs Randgold et Anglofold ont en effet hissé la production presque 80 tonnes d’or pour une valeur de 500 milliards de FCFA (762 millions d’euros) au lieu de 33 tonnes prévues. Environ les deux tiers de la mine ont été extraits. Si les exploitants parviennent à maintenir la cadence, ils ne payeront l’impôt à l’Etat malien que deux ans au lieu de huit.
« Ce que Morila SA feint d’ignorer avec les plus hautes autorités, c’est que cette surproduction intense lui évitera de payer beaucoup plus d’impôts au Mali. « Les sommes en jeu sont considérables: l’excédent produit pour fuir le paiement de l’impôt est de 50 tonnes, soit une valeur de 300 milliards de FCFA (457 millions d’euros).«
La convention collective a pourtant prévu qu’en cas de dépassement de la production sur les prévisions fixées, la société est contrainte de payer aux travailleurs un pourcentage sur le taux de dépassement. C’est la prime de rendement que Morila SA refuse aujourd’hui de payer.
Confrontés dès 2005 à un mouvement de protestation sociale débouchant sur plusieurs grèves des mineurs, les dirigeants des firmes sud-africaines et leurs sous-traitants ont durement réprimer les formations syndicales, tout renforçant leur système de prédation.
Source : L’or africain L’Inter de Bamako