Sidi Sosso Diarra a livré sa synthèse d’un document qui met un accent accru sur les vérifications de performances
Jamais présentation d’un rapport du Bureau du vérificateur général (BVG) n’avait mobilisé autant de journalistes. Dans la salle de conférence de l’hôtel Salam, le vérificateur général, entouré de ses collaborateurs, s’est prêté aux questions de nos confrères pendant plus de deux heures.
Sidi Sosso Diarra a d’abord présenté le rapport 2007 qui se recoupe en trois aspects. Le premier aspect met l’accent sur les 14 vérifications de performances de 2007, contre 4 seulement en 2006. Elles ont concerné les hôpitaux publics, la lutte contre le Vih/sida et le Commissariat à la sécurité alimentaire. Le second aspect est relatif aux manques à gagner. Le vérificateur général expliquera que le manque à gagner pour l’État est d’environ 20 milliards Fcfa dont 9,5 milliards Fcfa proposés au recouvrement. Ce montant, explique-t-il, résulte de la fraude (34%) et de la mauvaise gestion (66%). Par exemple au niveau de la direction générale des douanes, le manque à gagner se chiffre à plus de 6,737 milliards Fcfa. Il est de 3,666 milliards Fcfa au ministère des Finances, 1,617 milliard Fcfa au Commissariat à la sécurité alimentaire, 1,495 milliard à l’Office du Niger, 1,472 milliard au ministère des Domaines de l’État et des Affaires foncières, 1,205 milliard à la CMDT, 1,127 milliard au ministère des Mines, de l’Énergie et de l’Eau, cette liste n’étant pas exhaustive.
Le Vegal s’est tout de même réjoui du fait que les manques à gagner pour l’État aient chuté à environ 20 milliards Fcfa en 2007 alors qu’ils s’élevaient 103 milliards en 2006. Il a aussi noté que sur les 31 milliards Fcfa, objet de saisine du Procureur en charge du pôle économique pour 2006, plus de 21 milliards Fcfa ont été régularisés ou justifiés avant juin 2008.
Le troisième aspect du rapport concerne les recommandations du BVG. À ce propos, le Vegal a déploré la faible implication des ministères dans le suivi des recommandations de son institution. Il a donc apprécié la démarche du Premier ministre qui a contacté le BVG en mai 2008, afin de faire le point de la mise en oeuvre des recommandations issues du rapport annuel 2006. Modibo Sidibé a instruit, dans ce cadre, au Contrôle général des services publics de recueillir les réponses des entités concernées. Celui-ci a produit en juin dernier un rapport intitulé « Évaluation de la mise en oeuvre des recommandations issues du rapport annuel 2006 du vérificateur général ».
Après la présentation du rapport annuel 2007, place aux questions des journalistes. La chute du manque à gagner pour l’État de 103 à 20 milliards Fcfa signifie-t-elle que le Vegal a subi des pressions pour limiter ses contrôles ? « On n’a subi aucune pression, a assuré Sidi Sosso Diarra. La réalité est que pour le rapport 2007 nous avons mis l’accent plus sur les vérifications de performances que sur les vérifications de finances de 2006. Il faut aussi dire que le travail du BVG a introduit des changements de comportement dans des structures comme la douane ou les services des impôts ».
La campagne de dénigrement dénoncée par le Vérificateur pourrait-elle l’inciter à démissionner ? « Je l’ai toujours dit, si je sais que je ne peux pas remplir mon mandat, j’arrête. Quoi que vous fassiez il y a des gens qui ne sont pas d’accord avec vous. Nous sommes en démocratie, il y a forcement des gens qui ne sont pas d’accord avec ce que nous faisons », a-t-il répondu. Des tensions avec le pôle économique ? « Parfois de divergences d’interprétation », tempérera Sidi Sosso Diarra. « Le pôle économique peut nous saisir pour avoir des compléments d’information sur les dossiers qu’il reçoit. De toute façon, il est souverain et peut choisir de poursuivre ou classer les dossiers qu’il reçoit », précisera-t-il.
Comment a été traité le dossier des logements sociaux ? De la même manière que les autres, assure le Vegal. « Je ne sais pas au nom de quoi on me fait des reproches à propos de ce dossier. Je ne suis pas à être instrumentalisé par qui que ce soit. Et je répète, je ne suis pas instrumentalisable », a-t-il insisté.
Sidi Sosso Diarra a répondu à d’autres questions plus personnelles. Comme celle sur la régularité de son salaire. Réponse : « Oui, mon salaire tombe régulièrement comme celui de mes collègues. Il est très clair que si tel n’est pas le cas, avec tout ce qui se passe, on va quitter le pays ». Et l’avenir de l’institution ? « Si on montre toujours l’utilité de ce qu’on fait, il n’y a pas de problème, l’avenir du BVG sera radieux ». Une réponse donnée avec le sourire.
M. KÉITA