Les deux soldats de la Garde nationale qui avaient été kidnappés en même temps que l’infortuné lieutenant Marzouk assassiné par ses ravisseurs, ont été remis à une délégation composée de chefs de fraction ainsi que du président du conseil de cercle de Kidal, Bilal Ag Ousmane (voir l’Essor du mardi 17 août).
Interrogé par nos soins, le chef de la délégation chargée des négociations qui ont abouti à la libération des deux gardes, a confirmé que cette libération avait eu lieu dans le cercle de Tessalit. Il a fallu, explique-t-il, deux jours pour gagner la confiance des ravisseurs. Après avoir enlevé Marzouk, ceux-ci ont donné un numéro de contact téléphonique à un élu de la région, plus proche de leur cachette. Grâce à ce premier contact, les négociateurs et les kidnappeurs se sont donné rendez-vous quelque part dans le désert en territoire malien. Le président du Conseil de cercle de Kidal reconnaît que « les salafistes maitrisent la zone mieux que quiconque ».
Un homme à l’autre bout du téléphone leur indiquait la piste à suivre tout en s’assurant qu’il n’y avait pas de militaires dans la délégation. « Ensuite il a exigé à ce que nous réduisions le nombre de véhicules de 6 à 2 ». La délégation a accepté et 6 personnes sont montées à bord des deux véhicules Toyota Pick-up. « C’est alors qu’il nous a fait tourner en rond plusieurs fois avant de nous orienter sur la vraie piste menant à leur base ». Ce jeu de cache-cache a duré deux jours.
Quelques heures plus tard, ils seront reçus par un comité composé également de 6 personnes. Selon Bilal Ag Ousmane, ils étaient tous armés jusqu’aux dents. « On était face-à-face, mais ils ne s’étaient pas séparés de leurs armes ». Après les salutations d’usage, les discussions ont porté sur les raisons qui les ont conduit à kidnapper et exécuter Marzouk … « Cependant, explique Bilal Ag Ousmane, les deux ex-otages, ont affirmé avoir vu Marzouk ligoté sur le capot d’un véhicule. A ce moment, il était encore en vie ».
La délégation conduite par le président du conseil de cercle, tout comme celle conduite par l’honorable Hamada Ag Bibi, Ibrahim Ag Bahanga et Iyad Agaly s’est vu refuser le corps du lieutenant Marzouk. Ils m’ont dit que « Le corps et les biens de Marzouk leur appartiennent et qu’ils allaient s’occuper de son inhumation ». Ils ont quand même accepté de remettre les deux éléments de la garde nationale ainsi qu’une enveloppe appartenant à Marzouk.
L’enveloppe contenait un ordre de mission plié en quatre, un carnet d’une banque de la place, une carte professionnelle indiquant que Marzouk est un « collaborateur extérieur de la Sécurité d’Etat »… « Ils n’ont cessé de dire que leur cible ce ne sont pas les populations maliennes, mais les occidentaux et leurs collaborateurs », relève Bilal Ag Ousmane.
Adama Diarra (AMAP Kidal)