A partir du 31 octobre prochain, le système de numérotation du Mali passera de 7 à 8 chiffres. Conséquence : la capacité du réseau téléphonique passera de 10 millions à 100 millions de lignes. Les deux opérateurs téléphoniques, en l’occurrence la Sotelma-Malitel et l’Orange-Mali sont à pied d’œuvre pour se doter d’équipements adaptés.Si, au niveau de l’opérateur Orange, qui dispose des équipements appropriés, la mutation ne posera pas de difficultés particulières, à la Sotelma-Malitel c’est tout à fait le contraire. L’opérateur historique est obligé d’investir 1 200 000 000 de FCFA pour sa mise à niveau, or cet investissement n’est prévu ni dans son programme d’activité ni dans son budget. Moralité : cette situation va enfoncer davantage la Sotelma-Malitel dans la crise de trésorerie qu’elle connaît déjà.
Pour compter du 31 octobre prochain, le système de numérotation téléphonique du Mali changera. De 7, les numéros de téléphone passeront à 8 chiffres. Le 1er novembre, pour joindre un client sur le mobile à l’intérieur du pays, à Malitel, il lui faut composer en préfixe le chiffre 6 plus l’ancien numéro. A Orange-Mali, c’est le chiffre 7 qui doit être composé suivi de l’ancien numéro.
Pour les numéros fixes à Bamako, le chiffre 20 vient en préfixe suivi des six (6) derniers chiffres de l’ancien numéro. A Orange, c’est le chiffre 4 qui vient en préfixe suivi des six (6) derniers chiffres de l’ancien numéro.
Pour les numéros du réseau fixe SOTELMA à l’intérieur du Mali, il faudra composer le 21 suivi des six (6) derniers chiffres de l’ancien numéro. Les numéros d’urgence comme le 15 pour la santé publique, le 17 pour la police ou le 18 pour les sapeurs pompiers, restent inchangés. Il en est de même pour le 223, code d’accès du Mali depuis l’étranger. Le 00 ou +, code d’accès à l’international à partir du Mali, n’a pas été également modifié.
Cette nouvelle donne oblige les opérateurs de téléphonie à adapter leurs équipements au nouveau système. Orange-Mali, qui ne dispose pas d’équipements vétustes, devra investir 900 millions de FCFA. Avec tout l’argent qu’elle gagne au Mali, cela ne devrait pas être difficiles.
Quant à l’opérateur historique du Mali (Sotelma-Malitel) il investira dans son parc d’équipements, à moitié vétuste ou inadaptée, 1 200 000 000 de FCFA. Laquelle somme n’est prévue ni dans le programme d’activité 2008 de la société, ni dans son budget.
Selon une source proche de la Direction, ce débours supplémentaire et inattendu va creuser davantage le déficit que traîne la société depuis plusieurs années même si celui-ci a été allégé au cours des deux derniers exercices. A en croire la même source, même la Banque mondiale a émis des réserves sur la conséquence du projet sur l’état de santé de la société.
En dépit des préoccupations exprimées de la Sotelma, le Comité de régulation des télécommunications (CRT) a exécuté le plan national de changement de numérotation du Mali. Lequel a été élaboré par l’Ecole supérieure multinationale des télécommunications du Sénégal.
En prélude à cette révolution, le Comité de régulation des télécommunications (CRT) a lancé une campagne d’information des populations. Laquelle a commencé par la conférence de presse organisée, hier, au Centre international de conférences de Bamako (CICB).
Animée par l’ancien ministre de l’Industrie et le commerce, Choguel Maïga, qui dirige actuellement le CRT, la rencontre a été un cadre d’échanges nourris entre les représentants des deux opérateurs de téléphonie et les hommes de médias. A la question de savoir si les dispositions sont prises au niveau des sociétés de téléphonie pour que le changement soit effectif à la date indiquée, le Directeur général adjoint de la Sotelma-Malitel, Syritié Bengali, d’affirmer : «A la Sotelma, malgré les difficultés de trésorerie, nous allons prendre des dispositions pour que le changement se déroule dans les conditions souhaitées». Même son de cloche chez le Directeur marketing d’Orange-Mali, Antoine Declerck.
Les gains cumulés des opérateurs ont dépassé 206 milliards de FCFA en 2007
A rappeler que la conférence a débuté par l’intervention liminaire du Directeur général du CRT, Choguel Maïga. Il a, en premier lieu, avancé les raisons qui ont conduit son service à aller vers le changement du système de numérotation téléphonique au Mali.
Ainsi, déclare-t-il, avec la libération et l’arrivée d’un second opérateur, le secteur des télécommunications a connu un développement exceptionnel. Le nombre d’abonnés, qui était de 102 577 en 2002, est passé, à la date d’aujourd’hui, à plus de 3 millions, soit une multiplication du nombre par 29. Les revenus des opérateurs sont passés de 62, 7 milliards de FCFA en 2002 à 206,5 milliards en 2007, soit une progression de 229%.
L’orateur de révéler que, dans le même temps, la télé densité est passée de 0,93% à 20,8%. Et, de plus en plus, les besoins en numéros des opérateurs vont sans cesse croissants. «Avec la privatisation très prochaine de la Sotelma, il va sans dire que le secteur connaîtra un dynamisme remarquable» a-t-il martelé.
Par ailleurs, Choguel Maïga de soutenir que déjà, le plan de numérotation actuel à 7 chiffres, qui dispose d’une capacité théorique de 10 millions de numéros, est en dessous des besoins à court terme. L’orateur d’ajouter : «Pour poursuivre l’élan de développement du secteur, le CRT, après concertation avec les opérateurs, a décidé d’opérer un changement du plan national de numérotation passant à un format à 8 chiffres, qui aura une capacité théorique de 100 millions de numéros. L’adoption de ce nouveau plan national ouvre également la perspective pour l’Etat malien d’introduire de nouveaux opérateurs après la période d’exclusivité dont bénéficiera le futur repreneur de l’opérateur historique».
Par rapport aux avantages et désagréments que pourrait entraîner la nouvelle situation, il a déclaré : «Un changement de plan de numérotation induit toujours des désagréments, par lesquels on peut citer le changement d’habitude, la ré-mémorisation de numéros, le changement d’imprimés et autres. Mais il comporte des avantages indéniables, parmi lesquels figurent la levée de toute contrainte au développement des réseaux des opérateurs, l’accès à de nouveaux services, l’introduction de nouveaux opérateurs sur le marché et l’harmonisation du plan national avec ceux des pays de la sous-région».
Pour terminer, il convient de souligner que le CRT entend informer tout le monde sur le changement de numérotation au Mali. Il compte mettre à contribution l’ensemble de la presse nationale et internationale pour véhiculer le message et aider les populations à s’adapter à la nouvelle situation.
Abdoul Karim KONE