Commencée dans la nuit du mardi, pour continuer dans la matinée d’hier, la pluie a abondamment arrosé la ville de Bamako. Conséquences: les populations n’ont pas pu vaguer à leurs occupations. Presque la quasi-totalité des fonctionnaires sont arrivés en retard à leurs bureaux. Au marché, les boutiques ont été ouvertes en retard. Les vendeurs ambulants ne sont pas sortis tôt. Les salons de couture et de coiffure n’ont pas fait exception à la règle. Bref, les activités économiques du District de Bamako ont été paralysées.
La pluie qui s’est abattue, hier, sur Bamako et environs est probablement celle qui a battu le record en terme de quantité depuis le début de l’hivernage dans le District. Si ces averses n’ont pas surpris les populations – le mois d’août traditionnellement est une période de grande pluie-, nombreux sont les Bamakois qui ont été stupéfaits du temps – plus de 17 heures- qu’a mis cette pluie avant de s’arrêter.
Hier matin, la circulation à Bamako était un parcours de combattant. La pluie a inondé les grandes artères. Sur les ponts de Martyrs et du Roi Fadh, les flaques occupaient le cœur de la chaussée. Les conducteurs d’engins à deux roues, dont certains portaient des imperméables, roulaient sous la pluie aux côtés des voitures.
Les grands caniveaux remplis déversaient leurs eaux dans le fleuve Niger qui à son tour a vu son niveau d’eau monter considérablement. Les conséquences de cette pluie ont été ressenties au niveau de tous les secteurs d’activités. Lesquels ont été paralysés.
Au niveau des services publics, la majorité des fonctionnaires sont arrivés en retard. Makan Coulibaly, employé du ministère de l’Education, que nous avons rencontré sous la pluie fine à 9 heures, a justifié son retard par une panne de courant survenue à sa moto à cause des flaques d’eau qui occupaient la chaussée. Même son de cloche chez Sékou Bouaré, chauffeur dans un service administratif de la place.
Quant à Mme Touré Awa Diallo, sage-femme à l’Hôpital Universitaire Gabriel Touré, elle a imputé son retard à la situation géographique de son logement. Lequel est situé dans un quartier périphérique difficilement accessible.
Dans le secteur économique, les conséquences ont été désastreuses. Pour preuve, l’agence Energie du Mali de Lafiabougou, qui d’habitude enregistre par jour une centaine de clients, n’a vu dans la journée d’hier qu’une cinquantaine.
Quand notre équipe passait à l’agence, à 11heures, les agents n’avaient enregistré que 11 demandes en électricité contre 4 en eau. La responsable du service client, Djénébou Ba, que nous avons rencontrée a déclaré qu’à cause de la pluie, l’équipe de coupure n’a pu sortir.
Un client de l’Agence, Frédéric Traoré, de témoigner : « à cause de la pluie, ma journée est prise en otage. Il était prévu que je paye la facture à 8h, ensuite aller à Koulikoro puis revenir travailler. Il est déjà 11h. J’ai accusé un grand retard. Je ne sais pas si je peux aller à Koulikoro et revenir travailler encore aujourd’hui« .
Au marché de Lafiabougou, nombreuses sont les boutiques qui n’ont pas ouvert. Cheick Cissé, gérant d’une quincaillerie de déclarer : « J’ai ouvert ma porte à 7h30 mais mon premier client est passé à 11h20. Vraiment à cause de la pluie, il n’y a pas de marché. Mes clients sont des soudeurs, quand il pleut, ils ne travaillent pas« .
A la place des légumes, Bintou Samaké, vendeuse d’oignons de marteler : « A cause de la pluie, je me suis installée en retard. Par conséquent, tous mes clients avaient déjà passé. Le mardi à 11heures j’avais déjà vendu 4 000 F CFA. Aujourd’hui je n’ai vendu que 1500 F CFA. Quel manque à gagner! ».
Au bord de la route qui va vers le rond-point Cabral, le maître tailleur de l’atelier « Top étoile Dinguiraye » n’est pas sur place. Raison : il est bloqué chez lui à cause de la pluie qui a inondé le pont qui relié son quartier Kognabougou à Lafiabougou. Son apprenti Seydou Fomba, préoccupé par l’ampleur des tâches qui les attend cette semaine de déclarer : « pour un mariage qui doit se dérouler dimanche prochain, nous avons obligation de finir dix complets ».
A cause de la pluie, nombreuses sont les motos qui ont abandonné leurs propriétaires à mi-chemin. Dramane Samaké, réparateur de moto de déclarer : « En 45 minutes, j’ai reçu, dans mon garage plus de huit motos. Elles ont toutes des problèmes d’allumage dûs à l’eau« .
Même les revendeurs de journaux ont souffert de la pluie, ils n’ont pas pu vendre assez de numéros.
Boubacar Traoré dit BT, revendeur au niveau de l’immeuble ABK1 de le confirmer : « A chaque pluie, on a des problèmes. Les clients ne s’arrêtent pas. Aujourd’hui, à part l’Indépendant qui a été vendu à 100%, le marché des autres journaux est au ralenti. Traditionnellement, s’il n’y a pas de pluie, en plus de l’Indépendant, l’Essor et Info matin ne durent pas dans le kiosque. Il convient de souligner que l’hivernage est une période très négative pour nous les revendeurs« .
L’Impératif de maîtriser les eaux de ruissellement
Aujourd’hui, il pleut partout au Mali. De Kayes à Kidal. Dans les régions de Sikasso, Koulikoro, Ségou et dans le district de Bamako, la pluie est quasi-permanente à tel point que des cas d’inondation sont récurrents après chaque pluie. Ces eaux coulent et quittent, en quelques jours, le territoire malien. Lequel après une semaine sans pluie s’assèche. Bonjour le calvaire des agriculteurs.
A observer de près, l’Etat peut faire quelque chose pour maîtriser ces eaux. Si gouverner c’est prévoir, comme disait l’autre, l’Etat doit faire des petits barrages pour retenir ces eaux. Cela va non seulement favoriser l’agriculture mais aussi l’élevage. Un pays agro -silvo- pastorale- comme le Mali doit opter pour la politique de petits barrages s’il veut promouvoir la sécurité alimentaire.
Abdoul Karim KONE