ATT a respecté la tradition dans son discours à la nation à l’occasion de ce 48ème anniversaire de la fête d’indépendance en s’acquittant d’un devoir de mémoire et de reconnaissance vis-à-vis des aînés dont le sacrifice a fortifié le Mali d’aujourd’hui. De la même manière, il a eu un clin d’œil pour tous ceux qui continuent de se battre pour le pays. C’est cela le sens de la communion, la solidarité et l’engagement patriotique qu’a voulu donner le président ATT à la ferveur d’une telle journée historique, marquant de surcroît l’indépendance nationale du Mali.
Comme à l’accoutumée, le chef de l’Etat a passé en revue les quelques réformes engagées et dont l’objectif commun, selon lui, est « d’améliorer significativement nos acquis et d’anticiper les problèmes ». Là-dessus, le président ATT a parlé du « comité Daba », dont les conclusions sont beaucoup attendues, la sécurité alimentaire à travers la modernisation de l’agriculture, le renouveau de l’action publique, l’école, les états généraux de la corruption, etc.
En revanche, le discours à la nation du président ATT, comme on devrait s’y attendre, a connu de grandes omissions. Ce sont celles-ci qui ont enlevé le sel à cette adresse présidentielle. La plus inattendue est liée à la crise du nord. Cette année encore, la fête nationale a été célébrée dans l’éteignoir avec des soldats maliens en captivité. Sur le sujet, le président ATT n’a pipé mot. Le locataire de Koulouba a superbement ignoré aussi la presse dans ce speech présidentiel. Idem pour le sommet de chef d’Etat des pays sahélo-sahariens qu’il ambitionne d’organiser à Bamako. Le silence du président ATT sur ces dossiers sensibles est loin d’assure ses compatriotes.
Pourquoi ATT a-t-il voulu entretenir le silence sur ces dossiers ? Réflexe tactique ou réaction émotionnelle ?
Nous vous livrons l’intégralité du discours à la nation du président ATT.
Mes chers compatriotes,
Frères africains,
Hôtes du Mali,
Nous célébrons ce 22 septembre 2008, le 48ème anniversaire de l’indépendance du Mali. Il s’agit d’un moment privilégié de communion, de solidarité et d’engagement renouvelé, face à notre destin commun, qui nous convie aussi à un devoir de mémoire et de reconnaissance.
Reconnaissance envers tous ceux qui, par leur courage, leur sens élevé du devoir et de la dignité, ont préparé la voie à cette mémorable journée.
Que soit rendu à tous ces héros, à ces martyrs, un hommage mérité à la dimension de leurs sacrifices.
En rendant hommage à tous ces pionniers, nous n’oublions pas toutes celles et tous ceux qui, aujourd’hui, continuent d’apporter leur pierre à l’édification d’un Mali uni, prospère et respecté.
Mes chers compatriotes,
J’ai pu mesurer, encore cette année, la portée de votre engagement patriotique et citoyen dans la gestion des crises multiformes que notre pays, à l’image d’autres, affronte depuis plusieurs années.
J’ai eu, en d’autres occasions, à insister sur les efforts remarquables de l’Etat et les mesures hardies prises par le gouvernement pour atténuer l’impact des difficultés sur nos populations.
Aujourd’hui, je voudrais surtout rendre hommage à chaque malienne, à chaque malien pour la sérénité et le courage affichés face aux épreuves.
Je salue le sens de responsabilité des organisations syndicales, l’appui précieux des partis de la mouvance présidentielle, les critiques constructives de l’opposition et l’engagement du secteur privé et de la société civile.
Nous avons fait la preuve, encore une fois, que lorsque l’essentiel est en cause, à savoir la stabilité politique et la cohésion nationale, notre peuple sait faire front dans un élan unitaire.
Nous continuerons à mieux faire face aux difficultés d’un monde de plus en plus complexe si nous avons une vision partagée des défis et des solutions.
Le principal défi, c’est notre capacité d’adaptation aux nombreuses mutations et qui nous font obligation de repenser nos stratégies et nos moyens d’actions.
C’est le sens des reformes engagées et dont l’objectif commun est d’améliorer significativement nos acquis et d’anticiper les problèmes.
L’une des plus emblématiques est, sans doute, celle qui résultera des travaux du comité d’experts présidé par le ministre Daba DIAWARA et chargé de la réflexion sur la consolidation de la démocratie au Mali.
Depuis plus d’une quinzaine d’années, la démocratie pluraliste est en effet une réalité dans notre pays. Les principes et valeurs démocratiques se vulgarisent et régissent davantage l’action des pouvoirs publics.
Cependant, la pratique de la démocratie a également présenté des insuffisances, qui constituent des sujets de préoccupation aussi bien pour nos concitoyens que pour les acteurs de la vie politique.
C’est pourquoi j’ai chargé le comité Daba Diawara de mener une réflexion sur des questions importantes se rapportant, entre autres :
à la faiblesse du taux de participation aux élections ;
au mode de scrutin et d’inscription sur les listes électorales ;
au fonctionnement des Institutions ;
et au statut du leader de l’opposition et l’impact du financement des partis politiques.
Je recevrai, dans les prochains jours, les conclusions du comité d’experts.
C’est aussi le lieu de rappeler que notre pays a décidé, en toute liberté, de se soumettre au mécanisme africain d’évaluation par les pairs, après la signature d’un protocole d’accord en juin 2007.
Je suis convaincu que ce processus qui vise à favoriser l’adoption de politiques, normes et pratiques conduisant à la stabilité politique, à la croissance économique, au développement durable et à l’accélération de l’intégration sous-régionale et continentale, nous permettra d’améliorer notre gouvernance.
Mes chers compatriotes,
L’émergence d’une administration soucieuse de son propre rendement et attentive aux préoccupations du citoyen demeure également au cœur des réformes en cours.
Le gouvernement est engagé dans des actions visant à améliorer la qualité des services publics, rationaliser la dépense publique, valoriser le travail, et impulser le changement de mentalité des agents de l’Etat. Chaque département ministériel est doté d’une feuille de route qui fera l’objet d’évaluations régulières.
Dans le même sens, seront poursuivis les audits organisationnels des départements ministériels pour une meilleure adéquation entre le système d’organisation et les missions des services publics.
La modernisation de l’Administration contribue à ses performances. Ainsi, se renforce l’utilisation à tous les niveaux des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), pour mieux garantir la transparence et une circulation efficace de l’information au sein des services.
Par ailleurs, la réalisation prochaine du Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil permettra à chaque citoyen malien de disposer d’un identifiant, et au titre de la démocratie et de la gouvernance, l’État disposera d’une base de données sécurisées nécessaires à l’établissement d’un fichier électoral et de documents administratifs fiables.
Au plan de la formation des ressources humaines, l’ouverture de la nouvelle Ecole Nationale d’Administration et du Centre de Formation des Collectivités Territoriales, ainsi que la création du Centre de Formation à Distance, contribueront à donner aux services de l’Etat et des collectivités des ressources humaines qualifiées, pour mettre en œuvre efficacement les politiques publiques.
Mes chers compatriotes,
La bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, sont des baromètres de la santé de tout système démocratique.
A cet égard, l’institution des Pôles Economiques, du Bureau du Vérificateur Général, ainsi que le renforcement des capacités des autres structures de contrôle, ont permis d’enregistrer des résultats notables.
La volonté de promouvoir une gestion toujours plus transparente des ressources publiques s’est traduite par la réforme du code des marchés publics avec des innovations importantes.
Une autorité de régulation des passations des marchés publics, composée des représentants du secteur privé, de la société civile et de l’administration, a été créée.
Elle a compétence pour statuer sur tous les recours. Les soumissionnaires, de leur côté, auront accès aux informations sur les adjudications de marchés.
La création des directions régionales des marchés publics contribuera à l’allègement des procédures et à la célérité dans le traitement des dossiers.
L’adoption de plans annuels de passation de marchés publics des départements ministériels permettra une meilleure préparation des soumissionnaires.
Une lutte efficace contre la corruption passe non seulement par un renforcement des moyens et des techniques, mais aussi et surtout, par une prise de conscience collective du fléau et un engagement pour réinstaurer des pratiques saines de gestion des deniers publics, ainsi qu’une citoyenneté pétrie de morale et d’éthique.
Tel est le sens des Etats Généraux sur la corruption qui vont permettre à la nation malienne de rechercher, à travers une large consultation, une compréhension globale du phénomène en vue de définir un plan de lutte adéquat contre le fléau.
Mes chers compatriotes,
Les réformes économiques sont, à la fois, indispensables et déterminantes au succès de toutes les autres. La stratégie de croissance accélérée procède de cette vision.
L’agriculture en est un volet essentiel. Je me réjouis de la mise en œuvre progressive de la Loi d’Orientation Agricole à travers :
L’Initiative Riz qui se veut une réponse volontariste à la hausse effrénée des prix des produits céréaliers sur le marché mondial ;
La création du Fonds National de Développement Agricole, du Fonds sur les Risques et les Calamités ;
La mise en place effective des commissions foncières ;
Le Programme d’aménagement des bas fonds dans le cadre de l’irrigation de proximité ;
L’installation du Conseil Supérieur de l’Agriculture qui a déjà tenu sa première session.
Des réflexions sont en cours pour l’élaboration d’un schéma de commercialisation des productions céréalières, notamment le riz, et d’un schéma d’approvisionnement en intrants.
Je ne saurai passer sous silence la campagne agricole en cours, avec des récoltes prometteuses.
Ces bonnes perspectives nous confortent dans notre choix de faire de l’agriculture le levier de notre croissance et de notre développement.
L’adhésion et l’engagement de l’ensemble des acteurs du monde rural sont à saluer.
Mes chers compatriotes,
L’assainissement du portefeuille de l’État et le renforcement de la compétitivité de notre économie restent des objectifs majeurs.
C’est le lieu de saluer la bonne conduite de la cession des parts de l’Etat dans le capital de la Banque Internationale pour le Mali, et de féliciter le Gouvernement, ainsi que toutes les compétences nationales qui ont contribué au succès de l’opération.
Par ailleurs, l’amélioration du cadre des affaires et la relecture du code minier sont au cœur d’une politique visant à attirer davantage l’investissement.
Mes chers compatriotes,
Notre peuple, tout au long de son histoire, a remporté bien de victoires et surmonté de nombreuses épreuves, grâce aux vertus morales, aux valeurs spirituelles et culturelles qu’il a su préserver.
Il me paraît important d’insister sur une de ses valeurs qui font la force de notre Nation : la solidarité.
L’Assurance Médicale Obligatoire et le Fonds d’Assistance Médicale sont une forme d’expression de cette solidarité, pour garantir une couverture sanitaire plus large à nos compatriotes.
L’Assurance Maladie Obligatoire va concerner les fonctionnaires civils et militaires, les députés, les salariés, les pensionnés ainsi que les ayants droit de ces catégories, y compris les ascendants.
Le Fonds d’Assistance Médicale assurera la prise en charge des personnes indigentes.
Les bénéficiaires ne sont pas assujettis à contribution, car le fonds vise à réduire les disparités entre les citoyens dans l’accès aux soins de santé.
Ses ressources proviennent des contributions de l’Etat et des collectivités territoriales.
Mes chers compatriotes,
Nous devons entretenir le même élan de solidarité autour de la question de l’emploi des jeunes. C’est pourquoi j’ai engagé le gouvernement à créer la Taxe Emploi Jeune par l’affectation de 2% de la contribution forfaitaire aux projets et programmes en faveur de l’activité des jeunes.
Ce nouveau levier renforcera les créations d’emplois. Nous devons continuer à réfléchir pour trouver des réponses innovantes au chômage des jeunes.
Dans ce sens, des initiatives comme la « Marche vers l’Emploi Agricole » et la « Bourse de l’Emploi et de la Formation Professionnelle », ouvrent des perspectives encourageantes d’insertion de milliers de jeunes dans la production, en particulier dans les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat et des services.
Mes Chers Compatriotes,
La célébration de la fête nationale intervient à une semaine de la rentrée scolaire et universitaire 2008-2009.
J’adresse aux élèves, aux étudiants, au corps enseignant et à tous les personnels du secteur de l’éducation des vœux d’une année scolaire apaisée.
Les résultats aux différents examens ont été très encourageants pour l‘année écoulée. Nous devons faire mieux, cette année, pour confirmer le processus de redressement progressif de notre école.
Le Forum sur l’Education sera un moment privilégié pour dessiner les contours du renouveau de l’éducation dans notre pays.
Je saisis l’occasion pour remercier l’UNESCO et son directeur général du financement de la bibliothèque universitaire.
Mes chers compatriotes,
La fête de l’indépendance est toujours un moment de retrouvailles pour les maliennes et les maliens de l’extérieur ainsi que de communion avec le pays.
Je réaffirme mon engagement à rechercher, en permanence, les meilleures conditions de leur implication dans le développement socio-économique du Mali.
La diffusion des programmes de l’ORTM, en bande KU, permet à nos communautés établies à l’étranger de vivre au rythme de notre pays.
Après l’Afrique, l’Europe et le Golfe, je suis heureux d’annoncer à nos compatriotes vivant aux Etats-Unis, au Canada et en Amérique Latine qu’ils recevront la télévision nationale à domicile, avant la fin de cette année.
Mes chers compatriotes ;
Frères africains ;
Hôtes du Mali,
Le 22 Septembre 2010, nous célébrerons le 50ème anniversaire de notre accession à l’indépendance. Cette fête doit être une occasion de mobilisation populaire exceptionnelle ; une commission d’organisation a été créée à cet effet.
Par delà sa dimension festive, ce rendez-vous du cinquantenaire de notre pays, sera l’occasion de réaffirmer notre volonté, à le faire progresser, à pas fermes et sûrs, sur le chemin de la prospérité et du progrès partagé.
En exprimant à chaque malienne et à chaque malien, ma foi en l’avenir, je souhaite à toutes et à tous, une bonne fête.
Vive le Mali dans une Afrique unie et en paix !
Je vous remercie de votre attention !