Le comité d’experts de réflexion sur la consolidation de la démocratie au Mali, dirigé par Daba DIAWARA, ancien ministre et non moins leader du Pids, a atteint aujourd’hui sa vitesse de croisière. Ayant réussi une feuille de route pour un exercice prévu pour être bouclé en six mois, l’équipe de Daba DIAWARA, au four et au moulin, est attendu en fin de ce mois avec son rapport définitif.
A quelques encablures de cette date fatidique, où en est-on avec la présentation de ce rapport, décidément trop attendu par la classe politique ? Le team DIAWARA va-t-il solliciter un prolongement supplémentaire de mandat ? Enquêtes !
C’est lors de son discours à la nation du 22 septembre dernier que le président ATT, tout désolé qu’il était de voir le taux de participation incroyablement bas des scrutins électoraux de l’époque, a annoncé la nomination imminente d’une personnalité chargée de mener la réflexion sur l’état de la démocratie au Mali. Quelques mois après cette annonce présidentielle, alors que le débat commençait à faire rage au sein de l’opinion, c’est Daba Diawara, homme politique connu et administrateur civil de son état, qui sera cette personnalité désignée. Le 22 février dernier, le patron du comité d’experts de la réflexion sur la consolidation de la démocratie est reçu par le président ATT qui lui remet la lettre de mission le chargeant de la délicate tâche.
Depuis, les yeux sont rivés sur cette équipe d’experts, comprenant diverses personnalités nationales avec des compétences croisées, qui est beaucoup attendu sur l’article 30 de la Constitution malienne, celui qui vise le verrouillage institutionnel du mandat présidentiel. Dès l’évocation de la structure elle-même par le président de la république et la mise en place de l’architecture du comité d’experts, beaucoup d’observateurs ont retenu leur souffle par rapport à cette interrogation capitale : comment opérer, par le jeu du mécanisme institutionnel et les moyens « légaux », un déverrouillage du mandat présidentiel qui est lui-même limité par la foi fondamentale à deux mandats ? Si certains avaient vu en l’équipe de Daba DIAWARA le moyen tout trouvé pour Koulouba d’aller au galop feutré à une telle possibilité de modification constitutionnelle ; d’autres, au contraire, misant sur les expériences individuelles au sein du comité d’experts, ont nettement repoussé l’équation, estimant, pour leur part, que la méthode utilisée par Daba et ses hommes sera celle de la concertation et du compromis nécessaire.
En tout état de cause, la logique était de les laisser au travail avant d’émettre quelque appréhension que ce soit. Histoire, dit-on, de ne pas brouiller le ciel autour d’une équipe pluridisciplinaire qui avait vraiment besoin d’une bonne dose de sérénité pour conduire un travail aussi complexe que sensible. En fait, cette sérénité, le comité d’experts chargé de la réflexion sur la consolidation de la démocratie en avait besoin d’autant qu’il s’est imposé une approche de travail, faite de conciliabules et de rencontres avec différentes personnalités sur de nombreuses compétences tant au plan national qu’international.
De bonnes sources, nous apprenons que dès sa mise en place, indépendamment des difficultés d’ordre de programmation budgétaire et de certaines lourdeurs administratives, le comité d’experts n’a pas perdu du temps pour se mettre au travail. Ayant travaillé d’arrache-pied, l’équipe Daba DIAWARA, au pas de course, a dû rencontrer les partis politiques, les responsables des groupes parlementaires et différentes personnes ressources. De la même manière, l’équipe d’experts, sur la même lancée, a décidé de rencontrer tous les anciens Premiers ministres du pays, les anciens présidents de l’Assemblée nationale, les chefs des institutions démocratiques, les acteurs de la société civile, d’ONG et les patrons de presse.
De ces contacts avec ces différentes personnalités nationales, l’objectif affiché du comité d’experts, selon des sources crédibles, est d’avoir un large éventail des opinions et suggestions des citoyens sur leur vécu de la pratique démocratique. D’ailleurs, à en croire les sources, les citoyens, intéressés qu’ils sont par la mission du comité, ont eux-mêmes pris l’initiative d’émettre des avis écrits qu’ils ont fait parvenir au comité d’experts pour consultation. En dehors du cadre restreint national, le comité d’experts, selon toujours les mêmes sources, a effectué de nombreux déplacements dans les pays voisins pour s’enquérir de ces expériences, en matière de pratiques démocratiques sur de nombreux aspects de la vie politique, sociale et économique du pays. Ainsi, des missions ont été dépêchées en direction de la France, du Ghana, de la Mauritanie, du Sénégal et même du Canada. C’est donc la synthèse de tous ces contacts qui constituera le socle du rapport qui est aujourd’hui en voie de finalisation.
Si, dans l’entourage de cette structure, on garde une sérénité quant à la fiabilité du rapport, en dépit de l’énormité du travail, il n’empêche qu’une prolongation supplémentaire d’un mois de délai soit nécessaire pour finaliser le rapport définitif qui est aujourd’hui très avancé, selon les sources. Et pour cause : le patron du comité d’experts, Daba DIAWARA, et une bonne partie de son staff technique, sur invitation du gouvernement canadien, se sont rendus dans ce pays pour une dizaine de jours. Daba DIAWARA et ses proches collaborateurs du comité d’experts y sont, du reste, en raison de solides expériences du Canada en matière de consolidation de pratiques institutionnelles et démocratiques. On le voit, c’est donc au retour de cette délégation du comité que le rapport, dont ont dit de lui qu’il est déjà presque bouclé, sera finalement présenté au président ATT. On estime, dans l’entourage du comité d’experts, que la nouvelle date pour ce dépôt du rapport interviendra le mois de septembre prochain.
Sékouba SAMAKE