Plus d’une année après le Forum national sur l’éducation, les regards du peuple du Mali sont tournés vers les plus hautes autorités pour l’application des résolutions issue de ce rendez-vous national sur l’école. Malgré le calme précaire actuel qui prévaut sur le front scolaire et universitaire, le temps est en train de donner raison à ceux qui avaient vu d’un mauvais œil l’initiative du Premier ministre d’organiser un Forum sur l’école comme solution à ses problèmes.
La fameuse question de l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants et étudiants qui est à l’origine de la convocation d’un Forum national sur l’éducation reste toujours d’actualité. La concrétisation des recommandations issues du Forum national tarde à se réaliser malgré les engagements pris par les plus hautes autorités en la matière. Le renouveau tant attendu de notre système éducatif est, dans ces conditions, toujours menacé. En tout cas, si l’unanimité est faite aujourd’hui que les bonnes conditions de vie et de travail des enseignants et étudiants participent à la l’amélioration de la qualité de l’enseignement dispensé, cette nécessité fait chaque année l’objet de revendications par les syndicats enseignants, sans succès.
Le Forum national sur l’éducation organisé, en novembre 2007, par le gouvernement, avait suscité beaucoup d’espoir chez les Maliens qui s’attendaient à fin à l’avènement d’une nouvelle école bâtie sur les cendres de celle minée par les manipulations politiques et politiciennes. Plus le temps passe, plus les espoirs s’amenuisent en raison de la poursuite de la même politique de l’approximative. En effet, le Premier ministre Modibo SIDIBE, initiateur du Forum qui n’attendait de ce Forum qu’une bonne dose d’accalmie des enseignants « perturbateurs » pour mieux asseoir son pouvoir, trouve aujourd’hui que les recommandations ne peuvent être appliquée que par étape. L’Etat ne disposant pas de ressource suffisante pour le faire. A quant et à quel pourcentage ? Modibo SIDIBE reste évasif.
A la date d’aujourd’hui, seule la décision d’intégration des enseignants à la fonction publique constitue la seule recommandation d’envergure qui est en voie de trouver une solution. Quant à l’allocation de primes de responsabilité aux enseignants du fondamentale et à ceux du secondaire dont la signature du protocole est toujours attendue, elle relevait plus d’une volonté de calmer l’ardeur des syndicats enseignants qui étaient sur pied de guerre à la veille des examens de fin d’année 2008-2009 que d’une application des recommandations du Forum sur l’éducation. Car, au cours des différentes négociations, il a été demandé aux enseignants d’accepter cet avantage en attendant les recommandations du Forum. Une analyse de la situation prouve à suffisance que la situation d’accalmie actuelle constitue un arrangement qui ne dit pas son nom entre responsables syndicaux et pouvoirs publics. Un contrat qui peut être rompu à tout moment.
La semaine dernière seulement, nous apprenions avec les professeurs de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique que l’application des recommandations du Forum tardait à venir. Ces derniers expliquaient leurs inquiétudes par rapport à au Système LMD qui pointe le nez au niveau de toutes les facultés de l’Université de Bamako et les grandes écoles dans les conditions de travail dignes du colonialisme. En effet, le système exige des conditions de travail plus modernes et sophistiquées pour être au rendez-vous de la mondialisation et de l’intégration avec son cortège de concurrences impitoyables. Pour cela, le Mali, qui est en retard sur tous ses voisins en la matière, est obligé aujourd’hui de changer de fusil d’épaule. Pendant que notre pays va complètement basculer dans le système LMD avant la fin de 2011, il est regrettable de constater avec le syndicat des professeurs du supérieur qu’en terme d’infrastructures, d’équipements, de rémunération du personnel, l’Université de Bamako de 2010 reste à son niveau de 1997 et loin à la queue du peloton des Etats de la sous région, en la matière.
Quant au fondamental et au secondaire, la situation est inqualifiable. Si ce n’est pas une véritable poudrière qui menace même le système éducatif. Les résultats catastrophiques du DEF 2009 sont bien à l’image des arrangements effectués pour sauver cette année scolaire. Cela va durer pour combien de temps ? En consultant les orientations sur Internet, on se rend compte de la dimension de la menace. En effet, concernant les moyennes dites strictes des admis au DEF, l’on réalise que des élèves ont passé avec moins de quatre de moyenne. Comment peut-on construire un système éducatif performant et compétitif avec un tel produit ?
Face à la situation, tous les Maliens sont interpellés, puisqu’il s’agit de l’avenir de notre nation. Pendant que les enseignants maliens se battent, depuis plusieurs années, pour arracher une simple prime de logement, le gouvernement du Sénégal voisin met 1.100 parcelles viabilisées à la disposition des leurs. Cet octroi de parcelles au personnel enseignant, dit-on, est la troisième phase du genre. On pouvait entendre un officiel de ce pays répondre gaillardement au micro d’un confrère de la place : « L’octroi de ces parcelles aux enseignants s’inscrit dans le cadre du respect des engagements de l’Etat envers les enseignants. Une viabilisation qui nous a coûté plus d’1 milliard de Fcfa », a fait savoir l’officiel sénégalais.
En tout cas, le gouvernement Modibo SIDIBE, qui est suffisamment édifié sur tout le problème de l’école avec l’organisation du Forum qui a coûté au budget du contribuable plusieurs centaines de millions, est face à ses responsabilités.
Par Sidi DAO