Pour une production attendue de 20 000 tonnes de riz dans le cadre de « L’Initiative riz » lancée par le Premier ministre Modibo SIDIBE, l’Office du périmètre irrigué de Baguineda ne sera pas en mesure d’atteindre les objectifs qui lui sont assignés. Et pour cause : la production connaîtra une dépréciation de l’ordre de 20 % à cause d’attaque des cultures par des insectes communément appelés « cécidomyie africaine ».
Face à la persistance de la hausse des prix des produits alimentaires, le Premier ministre Modibo SIDIBE a initié l’opération « Initiative Riz ». Un plan Marshal à la malienne qui ambitionne, pour la présente campagne agricole, de produire 1 618 323 tonnes de riz paddy, soit une augmentation de 50% de la production par rapport à la dernière campagne. Le résultat, ainsi obtenu, permettra de dégager, selon les projections, une production de riz marchand de l’ordre d’un million de tonnes, qui couvrira le besoin alimentaire interne du pays estimé à 900 000 tonnes par an. Les 100 000 tonnes excédentaires seront commercialisées sur le marché sous-régional concerné par le même problème de flambée de prix du riz importé d’Asie. L’objectif étant de faire de notre pays une puissance agricole à l’horizon 2012.
La mise en œuvre du programme sera focalisée sur une intensification de la production au niveau des superficies exploitables. Pour obtenir le résultat escompté, le gouvernement s’est employé à subventionner les intrants, notamment les engrais et les semences, en vue de les rendre plus disponibles sur le marché et plus accessibles aux producteurs et à assumer le coût d’un certain nombre de services, en particulier l’appui conseil auprès des producteurs et le suivi de l’opération. L’intérêt pour le riz s’explique par la forte consommation de cette spéculation. Primo, le riz est entré dans les habitudes alimentaires de nos compatriotes. Secundo, notre pays dispose d’un potentiel énorme qui lui permet légitimement de caresser le rêve de se hisser au rang des leaders dans la production du riz en Afrique.
C’est dans ce cadre que l’Office du périmètre irrigué de Baguineda, tout comme les autres organisations de production agricole, s’est engagé sur la base d’un objectif de production bien déterminée. C’est ainsi qu’il lui a été assigné un objectif de production de 19 000 tonnes de riz, y compris les deux saisons (campagne et contre saison). Cependant, étant donné qu’il n’ y a pas de contre-saison dans ce périmètre, les ambitions ont été revues à la baisse amenant l’objectif à 16 000 tonnes de riz sur une superficie de 2 450 ha, alors que l’entreprise a réalisé, l’année dernière, 12 800 tonnes sur une prévision de 9 51 tonnes. C’est sur cette base que les responsables de l’Office du périmètre irrigué de Baguineba, avec l’accord les paysans et organisations villageoises, ont élaboré un calendrier agricole qui a été scrupuleusement respecté par toutes les parties. Résultat : l’Initiative riz était partie sur de bonnes bases avec la disponibilité des semences et l’appui conseil donné aux producteurs. S’en suivit également une bonne pluviométrie à hauteur des souhaits.
En clair, la situation phytosanitaire était satisfaisante jusqu’à la fin du mois d’août au début du mois de septembre. Pendant cette période, explique le Directeur Général de l’Office, il y a eu une forte humidité occasionnant une absence de luminosité en quantité suffisante pour les cultures. Or, a ajouté Seydou Bassié TOURE, lorsque la teneur de l’humidité de l’air atteint 50 %, il y a des fortes possibilités de l’apparition des insectes. Et c’est ce qui est arrivé avec l’envahissement des champs de cultures de riz de Baguineda par la « cécidomyie africaine » causant de la maladie sur la majeur partie des parcelles de riz cultivé dans le périmètre, a-t-il déploré. Selon les explications du directeur général adjoint, Lassine DEMBELE, et du chef de la cellule locale Initiative riz, Ousmane BAMBA, les insectes prédateurs pondent environ 300 à 400 œufs qui éclorent au bout de 3 à 4 jours. Conséquences : les jeunes larves, qui avaient besoin de nourriture, se sont attaquées aux feuilles et aux bourgeons du riz. Heureusement, pour ces techniciens, la diligence de l’intervention des services techniques de l’office de protection des végétaux a permis de bloquer l’avancée des nuisibles. A l’heure actuelle, commentent-ils, la situation est parfaitement maîtrisée. Mais non sans conséquence. Car le taux d’infection des parcelles est estimé à 88, 96 %.
Outre le cas d’attaque des insectes, il a été également constaté de cas de bactériose dans plusieurs parcelles. Si des prélèvements ont été effectués par les services compétents, les résultats des labos restent à confirmer les mesures qu’il faut appliquer.
Le troisième problème auquel l’Office du périmètre irrigué de Baguineda est confronté est le bruissement (difformité de couleurs) de feuilles de riz constaté dans plusieurs exploitations agricoles ainsi que de pourrissement de graine.
Malgré tous ces facteurs qui vont, certes, jouer sur le résultat attendu, les responsables de l’entreprise ne sont pas restés les bras croisés. Comme mesures prises, il a été effectué le traitement des champs par l’utilisation des produits chimiques et au nettoyage du canal d’irrigation. Aussi, sur instruction des différentes missions reçues, il sera procédé à l’incinération de toutes les pailles après les récoltes, au traitement des semences et surtout au renouvellement des souches de ces dernières.
Créée en 1998, l’OPIB est un établissement public à caractère administratif qui dispose d’une superficie totale de 19 708 hectares le long du fleuve Niger, en aval de Bamako. Sur 4 500 hectares de zones aménagées, les producteurs encadrés par l’Opération cultivent en saison des pluies le riz, les cultures maraîchères et le maïs, alors que les 1520 autres hectares de la zone inondée sont réservés en saison sèche à la culture du mil, sorgho et niébé.
Par Mohamed D. DIAWARA