Pour mieux lutter efficacement contre le commerce illicite des produits du tabac, à travers des échanges de renseignement, la Direction générale de la douane du Mali et le groupe British American Tabacco ont signé un protocole d’accord. L’acte final ayant scellé leur partenariat s’est déroulé, hier, au Radisson Hôtel, sis à l’ACI 2000.
Les documents ont été paraphés du côté de la Douane par son directeur général, le colonel Amadou TOGOLA, et du côté du groupe tabatier par son directeur sous régional pour les pays de l’UEMOA, Alastair JAMIESON. Le présent protocole d’accord vise un double objectif. Il s’agit, d’une part, de renforcer les capacités de l’administration des Douanes dans les domaines de la logistique et de la formation notamment en matière de contrefaçon ; et, d’autre part, de mettre à la disposition de cette même administration douanière, qui constitue l’épine dorsale de l’économie du pays, les informations et les renseignements nécessaires sur les filières de la contrebande en matière de cigarettes.
M. Alastair JAMIESON a assuré que son groupe tiendra ses engagements souscrits. Avant de rappeler qu’en 2005 déjà, grâce à un échange efficace de renseignements et au professionnalisme de nos services des Douanes, 8 550 000 tiges de cigarettes ont été appréhendées et saisies. « Nous continuerons à vous communiquer toutes les informations utiles afin que vous puissiez encore mieux remplir la noble mission qu’est la vôtre », a-t-il promis. Concernant le renforcement des capacités, il a rappelé que plusieurs initiatives ont été prises en 2007 en vue de renforcer les capacités opérationnelles des douanes des pays dans lesquels opère le groupe British American Tabacco. Au nombre de ces initiatives : la conférence sur le commerce illicite en Afrique en Afrique et au Moyen Orient qui s’est tenue à Johannesburg et l’atelier sous régional de renforcement des capacités opérationnelles de lutte contre la contrefaçon organisé à Dakar avec l’appui de l’organisation mondiale des Douanes. Pour honorer ses engagements, le groupe, à l’issue de la cérémonie, a remis à la Douane malienne un véhicule en vue du renforcement de sa capacité logistique.
Pour sa part, le directeur général de la Douane a indiqué que le tabac et ses sous produits constituent des produits à fort rendement fiscal. S’agissant de notre pays, les importations de tabac constitue le 6è produit pourvoyeur de recettes pour le budget de l’Etat. Ces produits, selon Colonel Amadou TOGOLA, ont rapporté, en 2006, plus de 8,3 milliards de FCFA au budget de l’Etat contre 8,4 milliards en 2007. Cependant, la cigarette, au même moment, regrette-t-il, constitue le produit avec lequel la propension à la fraude est la plus élevée. Les statistiques indiquant un niveau de fraude de 40 % de la consommation nationale. Pour le premier responsable des gabelous, la lutte contre la fraude et la contrebande constitue une activité à forte valeur ajoutée. Car il s’agit de mobiliser davantage de ressources pour le trésor public et de protéger la santé des consommateurs qui sont souvent victimes des produits contrefaits et nuisibles à la santé et surtout de protéger les unités industrielles qui sont implantées dans notre pays.
Pour rappel, l’on retiendra que la contrebande et la contrefaçon sont des activités criminelles. En effet, selon les dernières estimations, le commerce illicite des produits du tabac représente environ 6 % de la consommation mondiale et une part importante des transactions au Mali. Le groupe British American Tabacco, depuis des années, travaille avec les gouvernements, dont le nôtre, pour contenir ce phénomène qui, en plus d’avoir un effet défavorable sur les affaires et celles des partenaires locaux, prive le gouvernement d’importantes ressources tout en exposant les consommateurs à des produits qui ne répondent pas aux normes établies. Conséquences : ce sont plus de 20 milliards de dollars américains de revenus à l’échelle de la planète et plusieurs milliards de FCFA s’agissant le Mali qui se volatilisent du fait des transactions illicites des produits du tabac. Autant dire que la nature et l’importance des enjeux commandent des actions diligentes et concertées. Toutes choses qui expliquent tout l’engouement des deux parties de pouvoir doter leur partenariat d’un cadre formel par la signature du présent protocole d’accord.
Par Mohamed D. DIAWARA