A travers le monde ce sont plusieurs millions de personnes qui sont touchées par le bégaiement, principalement des hommes. Trouble apparaissant généralement entre 2 et 4 ans, il peut être soigné s’il est pris en charge précocement et surtout lorsque l’entourage de l’enfant adopte certaines attitudes qui l’aide à surmonter son handicap. .
Pour la troisième année consécutive, l’Association « Vaincre le bégaiement du Mali » (ABV-Mali) a pris rendez-vous avec l’histoire. Avant-hier samedi, elle a organisé, au Centre international de conférence de Bamako, une conférence-débat sur le thème « Bégaiement de l’enfant : rôle de l’entourage et attitudes préconisées ». Ladite conférence rentre dans le cadre des festivités de la 12è journée internationale du bégaiement célébrée le 22 octobre de chaque année. Une date à travers laquelle l’occasion est donnée aux personnes qui bégaient de se faire entendre et aux personnes plus ou moins concernées de découvrir ce trouble de la communication. Considéré comme une perturbation de la fluidité de l’expression verbale, le bégaiement est un trouble longtemps très mal compris et reste un problème très peu débattu et combattu. L’objectif étant de faire sortir le bégaiement du tabou et les personnes bègues de leur isolement ; informer sur l’aide qui peut leur être apportée ; sensibiliser les pouvoirs publics et les interlocuteurs concernés ; faire progresser la recherche et le traitement du bégaiement ; et développer l’intervention précoce dont l’efficacité est maintenant démontrée pour prévenir la « chronicisation » du phénomène. Aujourd’hui, il est reconnu que le bégaiement touche environ 1% de la population mondiale. Aussi, touche-t-il trois sujets masculins pour un sujet féminin et constitue un trouble de la parole et de la communication.
Pour la présidente, DIALLO Oumou SIDIBE, parler déjà du bégaiement, c’est une manière de susciter sa prise en charge. C’est pourquoi, dit-elle, l’association ne cesse de s’impliquer dans ce sens à travers les séances de rééducation qu’elle organise une fois par semaine en faveur de ses membres. Par ces actions, il s’agit de permettre aux personnes bègues de surmonter leur handicap en prenant confiance en elles-mêmes. Dans ce cadre, l’association, depuis 2008, a organisé 45 séances de rééducation. Aussi, a-t-elle enregistré 30 nouvelles adhésions pour 150 membres.
Pour la marraine de la cérémonie, TIMBO Oumou BA, le bégaiement est certes un phénomène très mal connu dans notre pays, mais il constitue un véritable facteur d’exclusion. D’où, soutient-elle, l’importance du thème du mois de la solidarité de cette année qui s’intitule : « La solidarité n’est pas un mot, c’est un comportement ». La marraine de la semaine des personnes handicapées n’a pas manqué de saluer les efforts de l’association pour son combat noble et sa quête du bien-être de ses membres. Elle a saisi l’occasion pour exhorter les parents et l’entourage à plus d’amour et de solidarité envers les enfants atteints de ce handicap. Parce que, c’est à ce seul prix, conclut-elle, qu’on pourra hisser notre pays au rang des grandes nations.
Parlant du mal, Olivia LEFEBVRE, orthophoniste, a fait ressortir trois causes principales communément appelées les « 3P ». Il s’agit des facteurs qui prédisposent (génétique, tempérament, environnement) ; les facteurs qui précipitent (traumatisme, prise de conscience, accident…) et les facteurs qui font perdurer (réaction, attitudes de l’entourage, moquerie, etc.). Pour la conférencière, le bégaiement n’est pas obligatoirement un obstacle insurmontable à l’épanouissement de la personnalité et à la réussite socioprofessionnelle. Mais, au contraire, il constitue pour certains, les plus nombreux, un handicap sévère. Le bégaiement est, pour celui qui le subit sans pouvoir le surmonter ni s’en accommoder, une souffrance de tous les instants et une source de frustration permanente. Comment faire alors pour aider l’enfant à sortir de son bégaiement ? La spécialiste a tout d’abord remarqué qu’on ne bégaie jamais seul. C’est la présence d’un interlocuteur qui le provoque. Or ce sont les parents qui sont les premiers en contact avec l’enfant. Comme recette, elle propose d’éviter d’être indifférent à ce qui arrive à l’enfant ; d’éviter de deviner ce qu’il veut dire, mais de lui demander ce qu’il veut ; ne pas demander à l’enfant de faire plus qu’il ne peut, ne pas lui en proposer trop non plus. Autre attitude à éviter, c’est de faire des remarques telles que « parles lentement », ou « relaxes toi ». Par contre, elle conseille de faire de telle sorte que par son comportement, la personne qui bégaie sache que vous vous intéressez au contenu de sa parole et non sa manière de s’exprimer ; de maintenir le contact visuel et attendre patiemment, de façon naturelle, que la personne ait fini de dire ce qu’elle voulait dire.
Par ailleurs, en marge de ses activités, l’association « Vaincre le bégaiement du Mali », en collaboration avec l’Association des jeunes de la commune III du district de Bamako, a organisé une journée de don de sang en faveur des personnes dans le besoin.
Par Mohamed D. DIAWARA