La riposte aux campagnes de decrédibilisation occidentale de la destination Nord Mali a révélé au grand jour un Gouvernement en total manque de solidarité et où chacun prêche uniquement pour sa propre chapelle.
Depuis l’affaire des otages canadiens, plusieurs Etats occidentaux s’étaient fait une religion presque définitive au sujet du Nord de notre pays d’un point de vue sécuritaire. Et l’enlèvement récent d’un Français à Ménaka a sonné comme le prétexte inespéré pour ces Etats d’interdire à la limite le septentrion malien à leurs ressortissants. Sans chauvinisme démesuré, tout cela n’est pas sans cacher des motivations inavouées.
La conséquence la plus prévisible de cette campagne de decrédibilisation sera sans doute l’anéantissement des efforts jusque-là déployés pour faire de notre pays une destination touristique privilégiée. L’on comprend dès lors que le ministre du Tourisme et de l’artisanat, N’Diaye BAH, se démène comme un beau diable (à travers conférences, rencontres et déclarations publiques) pour battre en brèche les arguments sécuritaires mis en avant pour décourager les étrangers désirant se rendre au Nord.
Ce qui intrigue et qui scandalise ici, c’est que le ministre mène un combat solitaire à l’exclusion de ses collègues du Gouvernement pour une cause qui est pourtant loin d’être de son seul domaine de compétence.
Certes N’Diaye BAH a pour mission d’attirer les touristes étrangers. Ce qu’il semble faire du reste avec beaucoup de dévouement et d’abnégation. Mais est-il la voix la mieux autorisée pour donner des gages de sécurité dans une zone qui ne traîne pas une réputation particulièrement bonne en la matière ? Assurément non. Car l’engagement d’autres collègues du Gouvernement, en l’occurrence du ministre de la Défense et de celui de la Sécurité intérieure, apparaîtrait ici beaucoup plus crédible. Parce qu’il est évident que lorsqu’un ministre de la Sécurité ou de la Défense déclare une zone sécurisée, cela fait autorité et rassure beaucoup plus que les discours d’un ministre du Tourisme dont on peut fort bien douter des propos. Malgré un tel enjeu, les autres membres du Gouvernement laissent leur collègue faire cavalier seul dans un combat qui est en réalité le leur. Cela s’appelle un manque de solidarité gouvernementale.
D’autre part, le silence de carpe des ministres compétents peut donner lieu à une interprétation beaucoup plus inquiétante. Ayant la parfaire maîtrise des dossiers sécuritaires, ils estiment, au contraire de leur collègue du Tourisme, que le Nord n’est pas fréquentable. De ce fait, préfèreraient-ils ne pas se mouiller dans des campagnes d’apaisement mesurant parfaitement les risques. Auquel cas, l’on serait juste au bord du cynisme…
Quel que soit le cas de figure, c’est le Mali qui est en train de perdre graduellement la place acquise de haute lutte sur le terrain de la promotion du tourisme. Et le Gouvernement, comme groupe solidaire, semble ne pas s’en faire outre mesure malgré l’énormité du gâchis.
Par Bertin DAKOUO