Abdoulaye Traoré dit AB, chef de guerre, a été nommé inspecteur de toute la zone militaire de Man par le Secrétaire général des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro. De par ses fonctions, il était le manitou incontesté de la zone militaire où il faisait régner la terreur, digne du pouvoir nazi. Toute personne qui osait s’opposer à sa volonté était atrocement torturé ou tout simplement abattu froidement. Etant donné que cet homme, ancien bagnard, avait rallié la rébellion uniquement pour ses intérêts personnels, il a donc dévalisé la BCEAO et débarqué au Mali mais non sans avoir au préalable pris des contacts sûrs pour lui garantir l’impunité.
Ce qui rend l’affaire AB inadmissible et révoltante, c’est qu’on sait que cet homme vouait une haine féroce à l’endroit de l’homme malien dans son Reich de Man et il avait spolié des dizaines de Maliens de leurs biens. Nos compatriotes victimes de toutes les atrocités, qui ont appris l’arrestation de l’ex-chef rebelle, ont saisi les autorités judiciaires afin de rentrer dans leur dû.
Dans une interview accordée à notre confrère de «L’Observateur», Me Sidi Abbas Coulibaly avocat des victimes de AB (Paix à son âme) affirmait : «Les cassettes de l’enregistrement de remise de l’argent à des personnalités maliennes existent.» Tous les acteurs de cette affaire AB savaient qu’un jour, ce serait un scandale. Ceux-là qui devaient arrêter AB pactisaient avec lui, lui rendaient visite, le recevaient à leurs domiciles.
Et Me Sidi Abbas Coulibaly, très ému, adresse une correspondance au président de la République : «Monsieur le président, c’est dur pour vous, c’est dur pour tous les Maliens épris de justice et d’honneur, c’est dur pour la réputation de ce pays dont les rênes du pouvoir vous ont été donnés en juin 2002 par le peuple. C’est dur pour vous parce que je sais qu’aucun chef ne souhaiterait gérer l’humiliation. Voilà qu’on vous l’impose, ceux là même qui sont supposés chargés de vous éclairer ont plutôt créé autour de vous une situation embarrassante et déshonorante.
Leur dessein accompli, les poches pleines, ils vous ont laissé seul, face aux problèmes, face aux Maliens et face à vos pairs et peuples ouest africains. Ils vous laissent, seul, dans cette salle d’audience où le Mali est au banc des accusés, acculés par les Ivoiriens, Sénégalais, Nigériens, Béninois, Togolais, Burkinabé. Leur cupidité a dévié le cours de l’histoire de notre pays et y laissera très certainement une tache indélébile. Ce sont ceux-là qui crient partout, à qui veut l’entendre, être vos proches collaborateurs et amis. Des hommes de confiance, mais une confiance qu’ils monnayent à prix d’or.»
23 décembre 2009 : arrestation de Abdoulaye Traoré dit AB à Bamako
A cet effet, voici les éclairages de son avocat Me Mamadou Bobo Diallo : «C’est suite à une note de renseignement de février 2009 émise par la direction régionale de la police de Sikasso dans laquelle il serait fait état que AB aurait participé à l’attaque d’une colonne de l’armée ivoirienne par des rebelles dans la sous préfecture de Man le 2 février 2009 que AB a été arrêté. Le véhicule de la police qui poursuivait AB a pris feu. Il a été remboursé par l’ex chef rebelle à 1.800.000 de F CFA. Les frais d’ordonnance des blessés ont été payés à 500.000 F CFA.
Selon Me Diallo, son client AB n’a jamais été interpellé sur l’affaire de la BCEAO et la Côte d’Ivoire n’a jamais cherché AB. Il ne fait l’objet d’aucun mandat d’arrêt international. Depuis le 23 décembre AB est l’objet de garde à vue à la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ). Or le code de procédure fixe le délai de détention provisoire». Pour Me Diallo, il existerait à la police un réseau de flics qui veut se faire des sous.
L’affaire AB est un autre blanchiment d’argent de plus de 60 milliards pillés des caisses de la BCEAO de Man. Le dossier existe et sont ampliateurs le DG de la police nationale, le directeur de la BCEAO, le Secrétaire général des Nations unies, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), la presse nationale et internationale et le Syndicat autonome de la magistrature.
Une délégation des Nations unies est venue à Bamako en 2004. Elle en était complètement outrée. Elle est partie en promettant de soumettre la question aux Nations unies.
Safounè KOUMBA